Opinion

Pourquoi il est trop tôt pour faire des courses sprint un succès

Alors que les architectes de l'expérience des "courses sprint" en F1 ont crié victoire, Stuart Codling estime qu'au mieux, il s'agit d'un succès mitigé et qu'il faudrait disposer de beaucoup plus de données avant de l'intégrer dans les week-ends de Grands Prix.

Yuki Tsunoda, AlphaTauri AT02, se bat avec Nicholas Latifi, Williams FW43B

Photo de: Charles Coates / Motorsport Images

Appelez-les comme vous voulez (après tout, même les gens qui ont eu cette idée ne les nomment pas correctement à chaque fois), mais les Qualifications Sprint – officiellement "le Sprint F1" – pourraient devenir un incontournable des week-ends de Formule 1 si les prochains tests complémentaires s'avèrent fructueux.

En effet, sur la base de leur première expérimentation à Silverstone, les augures prévoient qu'elles seront déclarées la plus grande innovation depuis le frein à disque, indépendamment du fait que ces courses soient réellement bonnes ou non. Le site Internet de la F1 a présenté une compilation glorieuse, digne de la Pravda, de déclarations d'équipes et de pilotes après l'événement, dans laquelle vous auriez du mal à trouver une miette d'ambivalence, et encore moins de négativité.

Tout cela en dépit du fait que des pilotes de premier plan, dont Max Verstappen et Sebastian Vettel, ont déclaré qu'elles ne devraient pas servir à déterminer la pole position... bien que ce soit, sûrement, le but de leur introduction. "Je pense que c'est une erreur", a lancé Vettel. "Je pense qu'ils devraient changer ça. Cela n'a pas de sens. C'est une nouvelle épreuve, alors attribuez-lui une nouvelle statistique."

Comme les professionnels de la coupe de cheveux en quatre qui peuplent Internet se feront un plaisir de vous l'expliquer longuement, la pole position est en fait déterminée – ou du moins entérinée – par la FIA lorsqu'elle publie la grille de départ officielle le dimanche matin. Si l'on s'abstient un instant de faire de la pédanterie, les puristes s'accordent en tout cas à dire que la pole position doit revenir au pilote qui se montre le plus rapide sur un seul tour.

C'est une question de précédent, depuis que le système de détermination des grilles par tirage au sort a été abandonné et que la pole est une récompense pour avoir tout mis en œuvre afin de réaliser le meilleur temps au tour. Le fait de la déterminer par le biais d'une course dilue cette mesure de la grandeur d'un pilote : la preuve en est la performance de Lewis Hamilton lors des qualifications non qualificatives du vendredi à Silverstone, où il a été le plus rapide de tous alors qu'il n'avait pas la voiture la plus rapide.

Interviewé à la télévision après cet exercice, Ross Brawn a prononcé une homélie étrange et absurde selon laquelle si le "Sprint" avait été le Grand Prix, Hamilton aurait perdu, et qu'il avait maintenant une autre chance de gagner la course. Ce n'est pas un argument très convaincant en faveur du concept.

Pressé doucement, il a émis cette phrase à nouveau avec toute la conviction d'un ticket sortant d'une machine. Un intervieweur moins docile aurait pu faire remarquer à Brawn que les fadaises ne se transforment pas en faits par le simple fait de les répéter. Ou, en fait, que si leur grand-mère avait des roues, elle serait un chariot.

Dans la colonne des inconvénients, il faut mettre en balance l'absence de variété stratégique, puisque seuls quatre pilotes ont pris le départ avec un pneu alternatif et que cela n'a fait que très peu de différence.

Le "Sprint" lui-même était intriguant, mais il faut encore beaucoup de données avant de pouvoir le considérer comme un succès. Parmi les points positifs, citons un premier tour passionnant où la bataille entre Hamilton et Verstappen a fait lever la foule (comme elle le ferait à nouveau l'après-midi suivant), et où Fernando Alonso s'est faufilé dans le peloton avec une audace et une habileté exquises.

Dans le débriefing, Brawn et consorts auraient sans doute considéré le tête-à-queue de Sergio Pérez – qui a permis à l'une des voitures les plus rapides de partir dernière le dimanche – comme une victoire facile pour le concept Sprint.

Dans la colonne des inconvénients, il faut mettre en balance l'absence de variété stratégique, puisque seuls quatre pilotes ont pris le départ avec un pneu alternatif et que cela n'a fait que très peu de différence : les positions gagnées par Fernando Alonso et Kimi Räikkönen au premier tour l'ont été autant grâce à leur habileté qu'à une meilleure adhérence au départ.

Les EL2 sont devenus une perte de temps, présents uniquement pour donner à la foule matinale quelque chose à voir (et ce "quelque chose" consistait en des F1 effectuant de longs relais, à plusieurs secondes du rythme absolu). Les Qualifs Sprint ont également permis de remettre la voiture la plus rapide en tête de la grille et, à l'exception de quelques cas comme Alonso, Räikkönen et Pérez, elles ont essentiellement reconstitué la grille dans l'ordre du rythme de course. Est-ce une bonne chose ?

La gestion des pneumatiques s'est rapidement installée dans la monotonie, comme en témoigne la réalisation télévisée qui est passée avec une urgence presque désespérée aux ralentis du départ et du premier tour.

Mais c'est toujours mieux que de déterminer la grille de départ par tirage au sort, je suppose...

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