Le GP de Hongrie révélateur d'un potentiel problème pour 2022

Le Grand Prix de Hongrie 2021 n'a peut-être pas été un festival de dépassements, mais il restera longtemps dans les mémoires comme l'une des meilleures courses de l'ère moderne de la Formule 1. De quoi faire réfléchir les responsables du championnat, qui cherchent désespérément à faciliter les dépassements.

George Russell, Williams FW43B, Max Verstappen, Red Bull Racing RB16B

George Russell, Williams FW43B, Max Verstappen, Red Bull Racing RB16B

Charles Coates / Motorsport Images

En un clin d'œil et au prix de quelques accrochages dans le premier virage, le Grand Prix de Hongrie 2021 s'est transformé en une course de Formule 1 vraiment passionnante. Les conséquences de ce carambolage, le départ en solo de Lewis Hamilton, le calme olympien d'Esteban Ocon sous la pression de Sebastian Vettel et le travail défensif admirable de Fernando Alonso ont contribué au spectacle dans un après-midi qui ne sera pas oublié de sitôt.

Mais bien que nous ayons eu droit à quelque chose de divertissant, la course n'a pas été une partie de plaisir pour ceux qui ont pris le départ. En effet, la frustration des pilotes s'étant retrouvés piégés derrière des voitures plus lentes était palpable. Et en raison des virages serrés et sinueux du Hungaroring, il y avait peu d'espoir de voir un dépassement.

D'un côté, Hamilton s'est lamenté sur le fait qu'il était "ridicule" de perdre autant d'appui en suivant d'autres voitures, ce qui l'a poussé à faire un undercut pour dépasser la majorité de ses adversaires lors de leur arrêt au stand. De l'autre, Vettel s'est retrouvé impuissant face à la copie parfaite rendue par Ocon devant lui.

Tout cela n'a fait qu'augmenter notre impatience face à l'arrivée prochaine de la nouvelle génération des monoplaces, qui devraient faciliter les dépassements. Mais ce qu'il ne faut pas oublier, et le GP de Hongrie l'a prouvé, c'est que des dépassements nombreux et facilités ne rendent pas nécessairement une course meilleure. Si le GP de Hongrie a été si formidable à suivre, c'est précisément parce que les dépassements étaient difficiles et que seul le pilote plus méritant parvenait à se hisser devant son adversaire.

La voiture la plus rapide encore en piste était celle de Hamilton. Et si les monoplaces avaient pu se suivre sans problème, le pilote Mercedes se serait rapidement envolé vers la victoire et n'aurait jamais eu besoin de l'aide de son équipe ni d'une conduite extrêmement agressive pour remonter dans le classement. Au final, nous aurions été privés d'un magnifique spectacle.

Même situation pour le duel entre Ocon et Vettel. Il est évident que le pilote Aston Martin était plus rapide, et il n'est pas difficile d'imaginer ce qui se serait produit s'il avait pu rester au contact du Français dans les portions sinueuses. Donc, au lieu de rendre la course encore plus folle, des monoplaces capables de se dépasser facilement auraient fait du Grand Prix de Hongrie un évènement particulièrement ennuyeux au bout de cinq tours.

Le GP de Hongrie a prouvé qu'il était essentiel pour la F1 de trouver le bon degré de difficulté pour les dépassements. Si c'est trop dur, les courses se transformeront en processions et l'intérêt des fans va plonger. Si c'est trop simple, les dépassements deviendront trop fréquents et les monoplaces les plus rapides occuperont toujours les positions de tête. Et cela sera d'autant plus vrai à l'ère des Qualifications Sprint, où les monoplaces les plus véloces auront 100 kilomètres d'action supplémentaires le samedi pour remonter sur la grille.

Le GP de Hongrie était une bonne course parce que l'équilibre des dépassements était presque parfait : difficiles mais pas impossibles. La lutte entre Hamilton et Alonso a été sensationnelle car le Taureau des Asturies savait exactement quand il devait fermer la porte. Sans doute motivé par son rôle crucial dans le triomphe d'Ocon, l'Espagnol a défendu sa position de manière exemplaire en plaçant à plusieurs reprises son Alpine à l'endroit exact où son rival comptait passer.

Certes, Hamilton a estimé qu'Alonso avait posé quelques orteils au-delà de la limite de l'acceptable, mais la plupart des observateurs ont quant à eux convenu que le double Champion du monde n'avait rien fait de répréhensible. C'était précisément le genre de démonstration qui nous rappelle pourquoi le GP de Saint-Marin 2005 a été l'une des plus belles courses de la décennie. Plus lent au volant de sa Renault, Alonso avait formidablement résisté à Michael Schumacher, beaucoup plus rapide dans sa Ferrari. L'année suivante, le Baron rouge avait rendu la pareille à son rival dans des circonstances presque identiques.

Il y a quelques années, alors que la F1 réfléchissait déjà à une modification des règles pour faciliter les dépassements, Alonso avait évoqué l'importance de trouver un équilibre en prenant exemple sur les deux GP de Saint-Marin. "On se souvient de la course à Imola en 2005 avec Michael Schumacher et moi, et celle en 2006 avec le résultat inverse", avait-il déclaré. "Deux courses très intéressantes, mais il n'y avait eu que trois ou quatre dépassements, et on estime que [ces courses] ont offert un excellent spectacle."

Si la F1 a mis toutes les chances de son côté en effectuant une quantité monstre de simulations pour rendre les voitures moins instables dans l'air sale, simuler l'issue d'une tentative de dépassement entre deux êtres humains est une autre paire de manches. Il est toutefois encourageant d'entendre que la F1 et la FIA sont au courant de la différence entre dépassements nombreux et bonne course, l'un ne garantissant pas nécessairement l'autre.

Sur le sujet des objectifs fixés pour 2022, Nikolas Tombazis, responsable des questions relatives aux monoplaces à la FIA, a récemment déclaré : "Ce n'est pas tant le dépassement [qui est important], mais la distance [entre les pilotes] faisant la course. [Nous souhaitons qu'ils soient] capables de se suivre, de se battre les uns contre les autres tout au long de la course. C'est donc ce que nous avons essayé de faire, en agissant principalement sur l'aérodynamique."

Nous ne pouvons que croiser les doigts pour que les F1 de 2022 ne rendent pas les dépassements trop simples. Sinon, nous pourrions finir par regretter le GP de Hongrie 2021, là où l'absence de dépassement a rendu la course si belle...

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