Pourquoi le GP de Hongrie pourrait faire décoller Latifi

Le départ chaotique du Grand Prix de Hongrie a permis aux pilotes en retrait de se mettre en lumière. C'est ce qu'a fait Esteban Ocon en s'imposant avec brio, mais plus loin dans le classement, un pilote faisait sa première incursion dans les points et, bien que les circonstances aient été heureuses, il a pleinement profité de la chance qui lui était offerte...

Nicholas Latifi, Williams FW43B

Nicholas Latifi, Williams FW43B

Zak Mauger / Motorsport Images

Si vous aviez parié sur Nicholas Latifi terminant le Grand Prix de Hongrie en septième position, devant son coéquipier George Russell et l’ex-leader du classement Max Verstappen, vous auriez empoché un joli pactole. Cette côte aurait été encore plus élevée si l'on avait parié sur un pilote qui n'avait jamais marqué de points auparavant, et qui a couru en troisième position pendant une bonne partie de la course, où il a tenu à distance des pilotes comme Yuki Tsunoda et Carlos Sainz.

Latifi s'est montré à la hauteur de l'occasion offerte par la bruine d'avant-course qui s'est abattue sur le circuit du Hungaroring, et le pilote s'est montré encore plus opportuniste après le strike de Bottas en début de course. Une fois qu'il s’est contenté de la ligne intérieure et qu’il s'est glissé au-delà du chaos devant lui, il s'est accaparé de la sixième position avant que les commissaires agitent le drapeau rouge.

Bien sûr, l'ascension rapide de Latifi dans la hiérarchie était une question de circonstances, puisque son compatriote Lance Stroll a également essayé la ligne intérieure quelques secondes avant de violemment percuter Charles Leclerc. Pourtant, sa sixième place s’est convertie en quatrième lorsque tous les pilotes, à l'exception du poleman Lewis Hamilton, se sont arrêtés avant le deuxième départ pour changer leurs pneus intermédiaires pour un train de slicks, l'arrêt de Latifi étant suffisamment rapide pour lui permettre de devancer Tsunoda et Sainz dans la file d'attente. Bien que son coéquipier Russell ait tenté de se faufiler devant tout le monde, aidé par la position du garage Williams dans la pitlane, on lui a demandé d'abandonner les places qu'il avait gagnées à la sortie des stands. Cela valait la peine d'essayer - et de toute façon, Williams a une fois de plus souligné son habileté dans un arrêt à fort enjeu.

Hamilton a concédé la tête un tour plus tard, après qu'il se soit avéré que le pneu intermédiaire était indiscutablement le mauvais à utiliser dû au changement de condition de la piste. Cela a non seulement donné lieu à un combat entre Esteban Ocon et Sebastian Vettel, mais a également permis à Latifi d'obtenir une troisième place inattendue.

Étant donné les difficultés de Williams lors des qualifications, où Russell n'a pas réussi à dépasser le seuil de la Q1 pour la première fois de l'année, il aurait été raisonnable de s'attendre à ce que l'emprise de Latifi sur la troisième place soit de courte durée. Au lieu de cela, le natif de Toronto a gardé Tsunoda hors de sa portée, s'éloignant du DRS pour utiliser l'écart croissant devant lui, alors que le duel Ocon-Vettel devenait de plus en plus hors de portée.

 

Photo de: Williams

"Je suppose que c'est le seul avantage de partir à l'arrière, car vous êtes aux premières loges pour tout, et à la fin, j'ai pu profiter [du carambolage du premier virage]", a expliqué Latifi après la course. "A partir de là, avant la voiture de sécurité, je ne savais pas exactement quelle était ma position, mais j'ai vu que j'étais bien dans les points et j'ai pensé à l'année dernière et à la position dans laquelle la Haas [de Kevin Magnussen] s'était trouvée."

"Donc, je savais qu'une opportunité allait se présenter aujourd'hui. Et puis au drapeau rouge, prendre la décision de mettre les slicks était une évidence pour moi. En fin de compte, vous ne savez pas ce que tout le monde va faire jusqu'à ce que vous arriviez à l'entrée des stands, mais même si personne ne s'était arrêté, j’aurais été heureux de le faire en premier." Nous étions évidemment très mal placés à l'avant, mais je faisais juste ma propre course, en me concentrant sur mes pneus, sans essayer de rester avec les voitures devant."

Il était inévitable qu'une légère descente au classement allait survenir, au fur et à mesure que les stratégies d’arrêts se dévoilaient. Tsunoda a réussi son undercut sur Latifi après leurs arrêts aux stands, respectivement aux 22e et 23e tours, alors que le Canadien a passé une seconde de plus dans la pitlane, ce qui a ensuite libéré Sainz. Le pilote Ferrari a refusé la décision de son équipe de le faire rentrer aux stands dans cette même fenêtre, et a alors augmenté son rythme pour creuser l’écart sur ses concurrents directs. Au moment où il s'est arrêté, il a dépassé l’AlphaTauri et la Williams pour commencer à chasser les leaders.

"Évidemment, ça fait un moment que je n'ai pas été dans une position avec des points, un podium ou une victoire. Mais quand vous vous mettez dans ce rythme, vous vous concentrez juste sur votre travail." Nicholas Latifi

Alonso et Gasly ont également prolongé leurs relais sur Tsunoda et Latifi, bien que le pilote français ait dû se déployer sur le Canadien avant que son coéquipier ne lui cède sa place, quand AlphaTauri a demandé à Tsunoda de s'écarter.

A partir de là, Latifi a eu ce qu'il a décrit comme un après-midi "solitaire", et a passé une grande partie de la seconde moitié de la course à plus de 10 secondes derrière Tsunoda et autant devant Russell, qui devait repousser les assauts de Daniel Ricciardo et Max Verstappen. Le tête-à-queue de Tsunoda au 62e tour, qui est passé inaperçu sur les écrans de diffusion, a ensuite offert une chance à Latifi de gagner une place supplémentaire ; le rookie japonais a perdu environ 10 secondes en surchauffant ses pneus au virage 2, ce qui a permis à Latifi de se rapprocher de l'AlphaTauri.

Bien que Latifi ait tenté de réduire l'écart, il n'a pu le réduire qu'à deux secondes à l'arrivée, tandis que Tsunoda se reprenait pour aller jusqu'au bout. Russell avait également accéléré le rythme pour repousser Verstappen, dans une Red Bull endommagée, et a franchi la ligne deux secondes derrière son coéquipier en neuvième position.

 

Photo de: Williams

La huitième place de Latifi est ensuite devenue la septième, après la disqualification de Vettel suite à l’incapacité de son écurie de fournir un échantillon suffisant de carburant. Comme Vettel, les deux Williams se sont arrêtées sur la piste pendant le tour de formation, ce qui a probablement rendu l'équipe un peu nerveuse dans l'attente du verdict. Heureusement, les échantillons d'un litre ont tous deux été livrés dans l'épilogue pour donner à Williams le droit de célébrer son plus grand nombre de points depuis 2017.

"Quand j'étais en P3, j'avais l'impression d'une course solitaire même si j'étais en tête", a expliqué Latifi, "parce que les voitures s'éloignaient devant. Je ne faisais que gérer l'écart avec Yuki. Je savais qu'il y avait probablement un long train derrière moi, mais je ne pouvais vraiment voir que Yuki et je pense la Ferrari derrière moi à ce moment-là. Donc je faisais juste ma propre course. Évidemment, ça fait un moment que je n'ai pas été dans une position avec des points, un podium ou une victoire. Mais quand vous vous mettez dans ce rythme, vous vous concentrez juste sur votre travail."

Bien sûr, la performance de Latifi au Hungaroring aura sûrement des répercussions pour son avenir en F1. Avec le marché des transferts pour 2022 qui semble un peu statique pour le moment, la décision de Mercedes sur ce qu'il faut faire avec Russell va très probablement déclencher un effet domino et alimenter un peu plus les rumeurs. Si Russell quitte effectivement Williams, l'expérience de Latifi au sein de l'équipe offrira la continuité tant désirée.

Ce n'est pas un secret que Latifi a beaucoup d'argent ; son père Michael possède l'une des plus grandes entreprises de production et de distribution alimentaire au Canada, et peut continuer à fournir un soutien à son fils si Williams souhaite le prolonger.

"Mon ambition est de rester avec l'équipe pour l'année prochaine", a déclaré Latifi. "Je n'ai rien de sûr pour le moment, mais un résultat comme celui-ci ne peut qu'aider. Mais c'est un résultat ponctuel, nous avons profité de l'opportunité, mais en fin de compte, nous avons encore beaucoup de courses à faire, pour continuer à faire des améliorations de mon côté et pour montrer à l'équipe que je veux rester ici et que je vais de l'avant."

La question concernant Latifi a toujours été celle de la performance. Bien qu'il soit indiscutablement solide en course, il n'a toujours pas battu Russell en qualifications au cours de leur saison et demie en tant que coéquipiers.

 

Photo de: Williams

Les qualifications n'ont sans doute jamais été le point fort de Latifi. Au cours de ses quatre années complètes avec DAMS en GP2 et en Formule 2, il n'a jamais réussi à obtenir une pole position, et n'est sorti de la Q1 que deux fois dans sa carrière en F1 jusqu'à présent : en Hongrie l'année dernière, et à Imola cette année (il a été plus rapide que Russell lors de la première séance de qualification).

Ce que Latifi a à la pelle, cependant, c'est un grand sens de la course. Peut-être plus prédisposé à une approche prudente, cela lui permet de lire une course et de rester en dehors des problèmes, son seul point noir du dimanche étant sa collision avec Nicholas Latifi à Imola, en début d’année. Sa performance en Hongrie a été une autre démonstration de ses capacités : l'équipe Williams ne pouvait pas espérer entrer dans le top cinq et Latifi connaissait bien les limites de la FW43B, il s'est donc concentré sur l'avenir et a affiché les chronos dont il avait besoin afin de garder les pneus dans la bonne fenêtre.

Et c'était son grand jour au Hungaroring. Mais pour renforcer sa position sur la prolongation de son passage chez Williams, c'est une performance sur laquelle il doit construire. Latifi devra commencer à réduire l'écart avec Russell et se placer en Q2 plus régulièrement.

"Mon ambition est de rester avec l'équipe pour l'année prochaine. Je n'ai rien de sûr pour le moment, mais un résultat comme celui-ci ne peut qu'aider" Nicholas Latifi

Latifi a prouvé qu'il était plus qu'un simple "pilote payant". Au contraire, il s'avère être dans la même veine que Marcus Ericsson ou Pedro Diniz. Bien qu'ils se soient fait les dents en F1 grâce à leurs valises d'argent, ce qui avait suffisamment d'influence dans les négociations avec les pilotes, ils ont tous deux prouvé qu'ils étaient des pilotes de milieu de peloton très compétents, auxquels on pouvait faire confiance pour marquer des points dans leurs meilleures journées. Bien que cela ne semble pas être le plus ambitieux des rôles dans le cirque de la F1, c'est un travail honnête, et Latifi est le prochain pilote qui peut le faire.

 

Photo de: Motorsport Images

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Comment la F1 aurait géré une grille de départ sans aucune voiture
Article suivant Pourquoi Tsunoda a demandé à repasser devant Gasly

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France