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Pourquoi le débat du double diffuseur refait surface en F1

Le monde de la Formule 1 a fait un retour dans le passé au cours des dernières semaines, puisque la controverse liée aux fameux double diffuseurs est revenue hanter l’actualité.

Jenson Button (Brawn GP)

Photo de: XPB Images

Le diffuseur arrière de Brawn GP
Max Mosley, le président de la FIA
Bernie Ecclestone et le Président de la FIA, Max Mosley
Jenson Button, Brawn GP, Sebastian Vettel, Red Bull Racing
Le diffuseur arrière de la voiture Brawn GP
Max Mosley,le Président de la FIA sortant du motorhome de Bernie Ecclestone.
Adrian Newey, Directeur Technique Red Bull Racing
Christian Horner, Team Principal Red Bull Racing avec Bernie Ecclestone
Adrian Newey, Directeur Technique Red Bull Racing
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W06 devant son équipier Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 W06
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 Team
Rubens Barrichello, Brawn GP devance Mark Webber, Red Bull Racing
Jenson Button, Brawn GP, avec un nouveau casque
Sebastien Buemi, Scuderia Toro Rosso, Rubens Barrichello, Brawn GP
Jenson Button, Brawn GP, gagne la course, Nick Fry, chef exécutif de Brawn GP
Norbert Haug, directeur sportif de Mercedes, et Ross Brawn, Team Principal de Brawn GP
Jean Todt, Président de la FIA

Sept ans après cette controverse qui a marqué la saison 2009 et la domination exercée par les Brawn GP, voici que ces diffuseurs refont surface. Plusieurs acteurs majeurs en parlent, incluant Christian Horner, directeur général de l’écurie Red Bull Racing et son designer de génie, Adrian Newey.

Oubliez un peu Red Bull ici, mais nous avons une situation spéciale en F1. Comme la bataille du double diffuseur a opposé la FOTA et la FOM, celle qui implique les moteurs est devenue un outil très puissant pour obtenir le contrôle de la F1”, affirme Horner.

Newey révèle que le double diffuseur de 2009 était une affaire politique opposant le président de la FIA de l’époque, Max Mosley, aux écuries McLaren et Ferrari. “Cela se résumait à voir Max Mosley donner une bonne leçon à Ferrari et McLaren”, avance-t-il.

Comprenons maintenant pourquoi cette affaire, survenue en 2009, a autant d’importance aujourd’hui.

Le double diffuseur

Durant l’hiver 2008-2009, trois écuries (Brawn, Toyota et Williams) ont profité d’une faille dans le nouveau règlement technique pour concevoir un double diffuseur. La nouvelle règle devait supprimer environ 50% de l’appui aérodynamique, mais cette trouvaille permettait de réduire ses effets.

Durant les essais hivernaux, ces doubles diffuseurs furent au centre de toutes les conversations. Et les trois écuries étaient convaincues d’avoir respecté le règlement. En effet, les équipes avaient demandé l’opinion de Charlie Whiting à ce sujet. Dans son livre Formula One and Beyond, Mosley explique : “Au début de ma présidence, nous avons invité les écuries à nous expliquer leurs concepts dès le début des travaux, et ce en toute discrétion."

“Charlie regardait le design et donnait son avis sur sa légalité technique. Comprenons bien qu’il ne faisait que donner son opinion, et non pas une directive technique, mais au moins une indication de la décision du département technique de la FIA.

Parfois, Charlie discutait avec moi de certains concepts audacieux. J’ai toujours été fasciné par la complexité de certaines idées.” Whiting a donc donné un avis favorable aux double diffuseurs, ce qui n’empêchait pas les écuries rivales de déposer des plaintes auprès des commissaires si elles le désiraient.

Dès le Grand Prix d’Australie 2009, Ferrari, Renault et Red Bull Racing ont immédiatement déposé des recours, puis BMW Sauber l’a fait en Malaisie. Ces protestations ont toutes été rejetées par les commissaires, et l’affaire a été portée à la cour d’appel indépendante de la FIA, qui a jugé le concept parfaitement légal. Il ne restait plus qu’aux écuries rivales à copier le fameux double diffuseur.

Pourquoi est-ce d’actualité aujourd’hui?

Il semble difficile de tisser des liens entre cette affaire des double diffuseurs et ce qui se passe en F1 aujourd’hui. Ces liens existent pourtant bel et bien.

D’un côté, ces références faites par Red Bull peuvent expliquer pourquoi et comment cette équipe est devenue aussi performante entre 2010 et 2013. Car si Newey admet que l’erreur commise par Red Bull de ne pas concevoir un double diffuseur lui a coûté des victoires, alors cela a établi les bases de sa nouvelle philosophie de pousser une attention extrême à tous les détails.

Il existe aussi des similitudes politiques. Aujourd’hui, deux motoristes (Mercedes et Ferrari) s’opposent à Bernie Ecclestone et au président de la FIA, Jean Todt. Cela ressemble beaucoup à ce qui s’est passé en 2009 dans cette lutte pour le pouvoir.

Mosley avait nagé dans le Spygate impliquant Ferrari et McLaren en 2007, et voulait instaurer un plafond budgétaire aux écuries de la FOTA, la défunte Formula One Teams Association [Association des Equipes de Formule 1]. En 2009, l’affaire tournait autour de la réduction des coûts et de la création d'une série rivale à la F1. Aujourd'hui, c’est une affaire d’unités de puissance trop onéreuses et qui menacent directement l’avenir de la F1.

La FIA a demandé aux motoristes de présenter des solutions avant le 15 janvier, sinon Todt et Ecclestone risquent d'utiliser le mandat qui leur a été confié et songent à modifier le fonctionnement et la gouvernance de la F1 et ses règlements. Si les motoristes ne s’entendent pas, Todt et Ecclestone pourront imposer l’introduction d’un moteur indépendant à bas coût, ce que Red Bull souhaite ardemment. La bataille va donc opposer Todt, Ecclestone et les grosses écuries avec le moteur turbo hybride en toile de fond, exactement comme ce fut le cas en 2009 avec les double diffuseurs.

Alors que le vœu de Todt et d’Ecclestone est réellement d’empêcher deux constructeurs automobiles de contrôler la F1, il est adéquat d’affirmer que Mosley avait ses propres intérêts en 2009.

L’influence de Mosley

Si l’affaire des double diffuseurs n’était qu’une vendetta de la part de Mosley, ce dernier aurait eu le plein contrôle sur Whiting, les commissaires en Australie et en Malaisie, ainsi que sur les juges de la cour d’appel. Juriste de formation, Mosley a toujours été vu comme ayant une certaine influence sur le processus décisionnel, mais le Britannique s’en est toujours défendu.

Dans une lettre qu’il a envoyée au Conseil Mondial du Sport Automobile de la FIA en 2009, Mosley affirme avoir refusé d’entendre les doléances d’un constructeur qui voulait avoir son mot à dire dans l’affaire des double diffuseurs. Mosley affirme que ce constructeur a fait tout ce qui était en son pouvoir pour que la cour d’appel interdise cet artifice.

Durant de longues années, Mosley s’est défendu d’avoir eu une quelconque influence sur les décisions juridiques prises par la FIA. Il précise que tous les membres des différentes organisations de la FIA sont indépendants et qu’ils n’ont jamais eu de relations avec lui.

Les événements actuels

Mosley avoue conserver un œil attentif sur ce qui se passe aujourd'hui en F1. Il concède voir des similitudes entre ce qui se déroule actuellement et l’affaire des double diffuseurs. Il précise une chose : qu’il n’a jamais eu l’intention d’utiliser la controverse des diffuseurs à des fins politiques.

Dans l’attente des propositions des motoristes le 15 janvier, il nous offre ici son opinion : “La vérité est que je ne savais rien de ces double diffuseurs avant que Ferrari ne porte plainte contre Brawn, Williams et Toyota sur leur façon de concevoir leurs voitures.

J’ai observé les plaintes avec intérêts, mais il était hors de question que j’intervienne. La suggestion faite par Adrian Newey que je me sois servi de cette affaire comme une arme contre Ferrari et McLaren est tout simplement fausse. Il aurait dû lire mon livre! En fait, si la FIA avait été disposée à agir de façon illégitime, nous aurions détruit la FOTA au début de la saison 2009 en interdisant les double diffuseurs en échange de voir Ferrari abandonner ses attaques. C’est exactement à l’opposé de ce que clame Newey”.

Mosley dit avoir hâte de voir ce que les motoristes vont présenter le 15 janvier.

Le problème actuel tourne autour du coût des moteurs et de leur fourniture. La solution serait de ne permettre que chaque voiture n’utilise que deux moteurs par saison. Cela doublerait le nombre de moteurs disponibles et réduirait les coûts de moitié. Les moteurs actuels n’auraient besoin que de modifications mineures pour réussir à parcourir une telle distance. Évidemment, les motoristes vont vous dire que cela est impossible à effectuer et que cela serait désastreux, mais l’histoire de la F1 nous prouve que de telles prédictions alarmistes ne se sont jamais réalisées”.

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