Analyse

Pourquoi McLaren a recruté un nouveau patron

Pour une équipe qui a considéré que les changements de management ont contribué à ses difficultés en Formule 1, la décision de McLaren d'engager un nouveau directeur général pourrait à première vue paraître étrange.

Carlos Sainz Jr., McLaren MCL33

Mark Sutton / Motorsport Images

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Après tout, comme l'a dit le PDG de McLaren, Zak Brown, en fin d'année dernière : "Quand il y a des PDG, des directeurs d'équipe et des directeurs sportifs qui vont et viennent, c'est dur d'aller de l'avant". Mais alors que la poussière est retombée sur une campagne 2018 tumultueuse qui a entraîné les départs du directeur de la compétition Éric Boullier, du directeur technique Tim Goss et du chef de l'ingénierie Matt Morris, il est clair que l'équipe avait besoin de se renforcer. C'est pourquoi elle s'est lancée à la conquête d'Andreas Seidl

Même s'il a pris en charge le remaniement de l'écurie F1 dans un premier temps, il n'a jamais été réaliste pour Zak Brown d'assumer à la fois la responsabilité de gérer l'équipe sur les Grands Prix en même temps que les autres activités de McLaren. C'est initialement pour cela qu'il a nommé Gil de Ferran directeur sportif, afin d'apporter du soutien sur le muret des stands pendant les week-ends de Grand Prix. Mais cela n'a jamais vraiment été une solution à long terme pour l'exécution des opérations en F1. 

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Porsche ayant mis un terme à son programme LMP1 en WEC fin 2017, Brown a vu l'opportunité d'attirer Seidl et de l'inciter à quitter le constructeur qu'il avait aidé à conquérir les titres mondiaux et les victoires aux 24 Heures du Mans. En tant que directeur d'équipe chez Porsche, Seidl a certainement acquis une bonne réputation et il était très respecté dans le milieu de l'Endurance. 

Brendon Hartley, Porsche Team, Andreas Seidl, Principal Porsche Team

Reconnu comme perfectionniste, qui pouvait afficher de la sérénité malgré une pression intense, son apport a été considéré comme essentiel pour aider Porsche à redevenir une force majeure. Ses compétences de meneur d'hommes, sa compréhension technique et son habileté politique se distinguent comme des qualités fortes, qui lui permettront de s'intégrer instantanément dans un rôle situé entre la haute direction de McLaren et les départements technique, opérationnel et de production. 

Par le passé, l'ancien pilote de F1 Brendon Hartley a travaillé étroitement avec Seidl. Le Néo-Zélandais n'a aucun doute quant au fait que son ex-patron a les qualités requises pour réussir en Formule 1. 

"Il en est tout à fait capable", a confié Hartley avant la confirmation de l'arrivée de Seidl chez McLaren. "J'ai un immense respect pour Andreas, et il sait très bien comment tirer le meilleur parti des gens. J'ai vraiment eu de la chance de travailler avec lui chez Porsche, et n'importe quelle équipe qu'il rejoindra sera très chanceuse de l'avoir. Il aura une influence positive, ça ne fait aucun doute. C'est un grand professionnel. Il sait plus que jamais comment tirer ce qu'il y a de mieux des autres et il a joué un grand rôle dans notre succès chez Porsche."

Seidl rendra directement des comptes à Brown, et il aura sous ses ordres le directeur technique James Key, dont l'arrivée est programmée dans quelques mois, le chef d'exploitation Simon Roberts dont le travail est de produire la voiture, et le team manager Paul James, qui dirige l'équipe sur les circuits. 

Seidl étant directement chargé de diriger l'écurie F1, cela libère du temps à la fois à Brown et De Ferran pour avoir un rôle plus général au sein des programmes compétitions de McLaren (ce qui inclut l'Endurance et l'IndyCar), et leur évite de passer la majeure partie de leur temps en F1. 

Lando Norris, McLaren MCL33

Seidl arrive également dans une période où McLaren a mené une analyse approfondie pour comprendre ce qui sn'avait pas fonctionné l'année dernière. Comme le chef d'exploitation Simon Roberts l'expliquait avant l'intersaison, l'équipe a conclu l'année 2018 avec un bien meilleur niveau de compréhension de ce qu'il lui fallait. 

"Nous avons passé en revue l'équipe de management, l'équipe d'ingénierie, et toute la philosophie dans l'équipe est différente", précisait-il. "Je ne dis pas que ce qu'il y avait avant était mauvais, mais le monde change, la Formule 1 évolue. La réglementation ne facilite pas les choses. Nous nous sommes penchés sur nous-mêmes, la manière dont fonctionne l'équipe, savoir si nous avons les bonnes personnes aux bons endroits, et il y a eu pas mal de mouvement."

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L'analyse de McLaren est allée jusqu'aux systèmes et à la soufflerie, pour s'assurer qu'il n'y avait pas un élément inattendu qui lui mettait des bâtons dans les roues. 

"Nous repoussons les limites de ce que la soufflerie et la CFD peuvent faire", ajoutait Simon Roberts. "Nous mesurons des choses en piste, nous montons des instruments sur les voitures, particulièrement le vendredi. C'est toute une science. Cela doit fonctionner en parallèle avec la soufflerie, et tout cela a fait partie de la réévaluation. Avons-nous utilisé les bons outils et les bonnes outils en matière de Recherche & Développement ? Nous n'avons rien laissé au hasard. Si on passe à côté de quelque chose, la voiture a des défauts."

Personne chez McLaren ne tombe dans l'illusion d'un revirement de situation du jour au lendemain sur le plan des performances, mais avec l'arrivée d'Andreas Seidl et celle prochaine de James Key, les principaux personnages souhaités sont en place pour cette phase de reconstruction. Pour Brown, les migraines ont sont doute été plus nombreuses que prévu ces dernières années, mais les éléments s'agrègent désormais comme il le veut et il est enthousiasmé par ce que l'avenir réservera. 

"Sur la piste, ça a été très difficile, mais maintenant, j'ai une meilleure visibilité de comment nous en sommes arrivés là", assure-t-il. "Nous avons identifié la manière dont nous en étions arrivés là, pourquoi nous en étions arrivés là, et nous avons fait des changements responsables mais agressifs pour corriger le cap. Nous savons que nous n'allons pas nous en sortir du jour au lendemain, mais nous sommes prêts. Je suis prêt pour ce défi et ça me donne encore plus envie de réussir, car je pense que nous l'aurons vraiment mérité."

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