Analyse

Pourquoi les qualifications freinent la progression de Pérez

À Monaco, Sergio Pérez a réalisé sa meilleure course depuis qu'il a rejoint Red Bull en s'élançant de la neuvième place sur la grille pour atteindre la quatrième position sous le drapeau à damier.

Sergio Perez, Red Bull Racing RB16B

Sergio Perez, Red Bull Racing RB16B

Jerry Andre / Motorsport Images

En recrutant Sergio Pérez l'an passé, Red Bull espérait avoir trouvé un pilote capable de freiner la moisson de points de Mercedes. Et pour la première fois de la saison, à Monaco, le pilote mexicain y est enfin parvenu. En devançant Lewis Hamilton, il a aidé son coéquipier, Max Verstappen, à prendre le commandement du Championnat du monde. Il s'agit donc d'une belle performance de la part de Pérez, qui a bien géré la dégradation de ses pneus dans les premiers tours du Grand Prix de Monaco pour gagner cinq positions. On peut alors se demander ce qui aurait pu se passer en course si le #11 s'était qualifié aux avant-postes.

Pour Pérez, les qualifications sont un talon d'Achille cette saison. La première ligne en Émilie-Romagne a laissé entrevoir un avenir radieux au sein de sa nouvelle équipe mais cette performance est restée sans suite, Pérez étant encore peu à l'aise au volant de la RB16B. Pourtant, à Monaco, un nouvel espoir est apparu lorsqu'il a signé le cinquième temps de la Q2, avant que tout ne s'effondre en Q3.

"C'était un désastre", a-t-il expliqué à l'issue des qualifications. "Nous avons changé notre approche pour bien progresser en qualifications, et en Q2, nous avons fait un bon pas en avant. Mais la piste se refroidissait et en Q3, dans le premier tour, je ne sentais plus le train avant. Les pneus étaient très froids. Puis dans la deuxième tentative, le tour se passait bien jusqu'à ce que je me heurte à beaucoup de trafic. J'ai perdu beaucoup de temps. J'aurais certainement dû améliorer mon temps en Q2 d'un dixième ou deux. Donc j'aurais pu être sixième."

Relégué à près d'une seconde de Verstappen, Pérez aurait dû s'élancer depuis la neuvième position sans l'abandon surprise de Charles Leclerc à quelques minutes du départ. Une fois le virage de Sainte-Dévote franchi sans dommage, le pilote a dû s'armer de patience. Pour remonter, Red Bull savait qu'il fallait absolument étirer le premier relais au maximum avant d'enchaîner une série de tours rapides. Pour ce faire, Pérez a dû user de ses talents de gestionnaire pour prolonger la vie des ses gommes tendres.

"Les pneus semblent bons à ce stade, il suffit de les garder en vie au moment où nous en aurons besoin", lui a indiqué son ingénieur, Hugh Bird, avant les premiers arrêts au stand. Lewis Hamilton, sixième, a été le premier à craquer, au 29e tour. Le pilote Mercedes a été suivi par Pierre Gasly, au 30e tour, et par Sebastian Vettel, au 31e tour.

Ayant reçu le feu vert, Pérez a alors attaqué avec ses gommes usées, signant un premier tour en 1'14"5 (le meilleur chrono provisoire), suivi d'un autre en 1'14"6. Son rythme s'est amélioré de deux secondes, et surtout, il a creusé l'écart sur ses rivaux en pneus neufs. Une fois que Pérez a fait part d'une baisse de forme du pneu arrière gauche, Red Bull a compris qu'il était temps de le stopper. Trois tours après l'arrêt de Vettel, septième, la Red Bull #11 s'est engouffrée dans la voie des stands, puis elle est ressortie avec une avance confortable sur l'Aston Martin... et sur deux autres monoplaces ! "OK Checo, bon travail, nous sommes actuellement P4, nous avons pris l'avantage sur Vettel, Gasly et Hamilton", s'est réjoui Bird à la radio.

Motivé par cet overcut réussi, Pérez est ensuite revenu sur les talons de Lando Norris, solidement accroché à la troisième position. Pendant de longues minutes, il a espéré capitaliser sur une erreur du pilote McLaren, menacé par une pénalité s'il coupait de nouveau la piste, mais celle-ci n'est jamais venue. Au drapeau à damier, Pérez s'est donc contenté de la quatrième place, une seconde derrière Norris.

Malgré une mauvaise position de départ, le Grand Prix de Monaco fut une excellente course pour Pérez, qui a aidé Red Bull à prendre la tête du Championnat du monde. Cependant, le Mexicain gardait les pieds sur terre lorsqu'il a été interrogé à la fin de l'épreuve. "Je pense que lorsque nous serons à Abu Dhabi, personne ne se souviendra du [GP de Monaco]. Ce qui compte, c'est le championnat. C'est une saison tellement longue que minimiser les mauvais jours et savoir en sortir plus fort sera la clé. Et aujourd'hui, nous avons réussi à le faire. Cela montre que j'ai du rythme le dimanche, je dois simplement améliorer le samedi."

Pérez s'est épanché sur cette dernière phrase en faisant part de sa frustration quant aux séances de qualifications qui ne reflètent pas sa pointe de vitesse en course. "Je pense que ça fait partie de mon adaptation, comme on le voit avec d'autres pilotes. C'est une saison très particulière à cet égard. Dans le passé, cela ne changeait pas grand-chose lorsque les pilotes changeaient d'équipe. Mais cette année, avec autant de variables, la situation est plus complexe. Je ne suis pas encore totalement à l'aise avec la voiture mais je vois la lumière au bout du tunnel."

Le Grand Prix d'Azerbaïdjan, une autre course en ville, est le prochain rendez-vous du calendrier. Par le passé, Bakou a prouvé que tout pouvait arriver dans ses rues, en témoigne le podium inattendu de Pérez en 2018, le seul de l'année pour Force India/Racing Point. Compte tenu du caractère atypique de ce Grand Prix, Pérez sera plutôt attendu au tournant lors des manches suivantes, en France et en Autriche.

Au terme des cinq premiers Grands Prix de la saison, le pilote Red Bull a décroché quatre arrivées dans les points : deux quatrièmes et deux cinquièmes places. Ces résultats, associés aux cinq podiums de Verstappen, permettent à l'écurie autrichienne de devancer Mercedes d'une unité au championnat constructeurs. Red Bull, qui ne cesse de soutenir sa nouvelle recrue depuis le début de l'année, continuera de l'aider à apprivoiser sa monture. Mais Pérez sait mieux que quiconque que le temps presse et qu'une quatrième place ne sera bientôt plus considérée comme un bon résultat. 

"Il trouve les samedis plus difficiles que les dimanches", a expliqué Christian Horner, directeur d'équipe, au sujet de Pérez. "Son rythme de course est habituellement très, très bon. Donc je pense que nous devons travailler avec lui pour l'aider à être à l'aise le samedi, mais ça viendra. La majorité des pilotes, à l'exception de Carlos [Sainz], qui ont changé d'équipe mettent du temps à se mettre à niveau. Je pense que les pneus sont plus délicats cette saison, ce qui crée une autre dynamique."

"Checo a fait de belles courses cette année. Il a été très solide à Bahreïn. Son rythme de course à Barcelone et à Portimão était très satisfaisant. Donc il n'y a aucun doute là-dessus, il faut simplement qu'il se qualifie à une meilleure position pour qu'il puisse jouer son rôle."

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