Pourquoi Pirelli tient la recette du spectacle en F1 après 2017

Pirelli considère un plan pour apporter de l’action plus variée en Formule 1 à compter de la saison 2017, comme l'a expliqué Paul Hembery à Motorsport.com.

Bernie Ecclestone a révélé sur la grille du Grand Prix de Russie avoir trouvé un accord commercial avec la marque italienne pour les saisons 2017, 2018 et 2019, soit les trois premières saisons du "nouveau format" F1, accompagné par de grands changements techniques. Le contrat de fourniture exclusive doit désormais franchir la formalité d’une validation par le Conseil Mondial Sportif de la FIA.

Pirelli, un allié de poids pour la F1

Pirelli a pendant longtemps dû se plier à un cahier des charges compliqué. Les produits proposés correspondent depuis des années à des demandes précises de la FOM, qui souhaite notamment plusieurs arrêts par course et une certaine usure des enveloppes. Le manufacturier italien a également subi des situations fort compliquées pour développer ses produits, devant composer avec la paranoïa des teams, qui ne souhaitent surtout pas laisser Pirelli en charge du développement des pneus dans une relation privilégiée avec quelques équipes, mais refusent également de fournir des autos contemporaines à Pirelli pour mener d’intensifs programmes d’essais en piste...

La dernière génération d’enveloppes, accompagnant les unités de puissance V6 turbo hybrides, a ainsi été développée uniquement grâce à des outils CFD et à un banc d’essais situé à Milan. Pour la saison 2015, Pirelli a pu disposer de quelques journées de tests communs dédiés aux développements pneumatiques et a déjà alerté les autorités sportives du besoin absolu de recevoir une certaine collaboration en vue des prochains développements. Car il en va aussi de l’image du manufacturier, qui ne peut se permettre des critiques immédiates de ses produits si quelque chose tourne mal comme à Spa cette année. Ainsi, cet hiver, Pirelli disposera par exemple d’une séance de tests avec tout le plateau F1 au Paul Ricard pour faire évoluer les produits pour piste humide 2016. Mais une nouvelle fois, simuler en 2016 les autos 2017 en piste sera tout simplement impossible.

L'intéressante proposition de Pirelli pour le spectacle

Paul Hembery, Directeur de Pirelli Motorsport, a fait savoir que la base 2017 se voudrait plus agressive et qu’une réflexion était activement en cours pour apporter du sel aux courses. Cela pourrait passer par une mise à disposition de pneus endurants devant être gérés de bout en bout sur certaines courses, et de propositions de mélanges très rapides mais à forte détérioration sur d’autres.

"On nous demande toujours de produire deux à trois arrêts", explique le Britannique à Motorsport.com. Le responsable Pirelli poursuit en expliquant que la marque dispose malgré tout de cordes pour proposer quelque chose de différent et d’enthousiasmant aux fans si cette politique vient à évoluer.

"Ils veulent que nous tentions de revenir avec une dégradation sans doute similaire à celle vue dans le passé. Peut-être pouvons-vous proposer une variété de situations, avec des courses sur lesquelles on peut pousser les pneus avec une dégradation minimale, et quelque chose un peu plus apparenté à ce que l’on voyait au tout début [de l’arrivée de Pirelli, quand les 7 premiers GP furent remportés par 7 pilotes différents en 2012, NDLR]".

"C’est une situation étrange car si l’on parle avec les fans, ils adorent tous cette course d’origine, et l’augmentation phénoménale des manœuvres de dépassements. Du point de vue du spectacle, c’était intéressant, mais pour les pilotes, c’était un tel changement que c’est quelque chose avec quoi ils ont eu du mal à composer".

Une manière indirecte de dire que les pilotes doivent également se faire les ambassadeurs du concept de pneus à la dégradation accélérée, si ce choix venait à être fait.

Oser le changement et tester en conditions de courses

"On se trouve maintenant quelque part au milieu", poursuit Hembery. "Nous ne sommes pas satisfaits cette saison avec des courses à un arrêt unique. Ce n’est pas en réalité ce qu’on nous a demandé de faire. C’est quelque chose que nous reconnaissons et qu’il nous faut changer dans le futur".

Le fait de piocher dans les deux types de formats, en proposant des courses plus basées sur la notion d’endurance et gestion, et d’autres plus basées sur la notion de sprints non-stop optimisés par les stratégies aux stands que les fans aiment aussi a selon Hembery pour qualité de confronter directement les deux concepts auprès du public et de voir ce qui fonctionne le mieux pour tous les acteurs du sport comme les spectateurs.

"On devrait peut-être essayer d’avoir des courses dans cette approche en 2017, suggère Hembery. Voyons ce que ça donne en piste ! De cette façon, vous auriez des courses avec des fortes dégradations pneumatiques, et d’autres où vous pourriez pousser. On verrait ce qui produit les meilleures courses".

Propos recueillis par Adam Cooper à Sotchi