Pourquoi Verstappen et Pérez ont abandonné à Bahreïn

Les abandons successifs de Max Verstappen et Sergio Pérez dans les derniers tours du Grand Prix de Bahreïn sont dus à un changement mineur du règlement de la F1.

Max Verstappen, Red Bull Racing RB18, abandonne la course

Max Verstappen, Red Bull Racing RB18, abandonne la course

Mark Sutton / Motorsport Images

Il est aujourd'hui clair que les unités de puissance de Max Verstappen et Sergio Pérez étaient privées d'essence lorsqu'ils se sont arrêtés dans les derniers tours du Grand Prix de Bahreïn, même si leur réservoir n'était pas vide. Les pilotes Red Bull ont été victimes d'une défaillance du système d'alimentation, ce qui est assez intriguant car, à compter de cette année, celui-ci est composé d'éléments fournis par l'équipe, le motoriste et un fournisseur de composants standards, notamment deux types de pompes à carburant.

Ainsi, deux grandes questions se posent. Est-ce que ce double abandon a été causé par la casse d'un élément qui n'est pas fabriqué par Red Bull ou par Honda ? Ou est-ce que l'équipe et son motoriste sont responsables de cette défaillance ? Helmut Marko, conseiller spécial de Red Bull, a donné un premier élément de réponse. "Nous soupçonnons des problèmes avec la pompe à essence pour les deux voitures", a-t-il confié à Motorsport.com. "Mais la pompe à essence ne vient pas de nous et nous n'avons jamais eu ce problème auparavant, c'est ce qui est étrange."

Cependant, Christian Horner, le directeur d'équipe, n'a pas pu identifier une défaillance spécifique : "Ce qui semblait être une bonne moisson de points s'est soudainement évaporé dans les deux derniers tours. Il semble que ce soit un problème similaire sur les deux voitures. Nous ne savons pas encore exactement ce que c'est, si c'est une pompe, si c'est le collecteur ou quelque chose de ce genre, mais nous devons nous y mettre et comprendre exactement ce qui a provoqué ce problème."

Sergio Perez, Red Bull Racing RB18

Selon les informations de Motorsport.com, aucune des pompes standards n'a causé ce double abandon, ce qui signifie que le problème se situe ailleurs. Pour simplifier, dans une F1, le carburant est acheminé par une ou plusieurs pompes d'aspiration vers un collecteur, puis vers une pompe d'amorçage (ou mid-pump) qui augmente la pression, et enfin vers une pompe à haute pression qui alimente le V6.

Lors de l'élaboration de la nouvelle réglementation, il a été convenu que les pompes d'amorçage, les pompes à haute pression et certains éléments associés pouvaient être standardisés, principalement pour réduire les coûts. Pourquoi ? Parce que les pièces standards permettent à la FIA de mieux surveiller les équipes. Et étant donné les règles strictes sur le débit et l'utilisation du carburant, les avantages sont non négligeables.

En 2019, la FIA a lancé des appels d'offres pour deux éléments du système d'alimentation, remportés par des entreprises bien connues du monde de la F1. En décembre de cette même année, le Conseil Mondial du Sport Automobile a noté : "À la suite de la présélection de Magneti Marelli pour la pompe d'amorçage de carburant et de Bosch pour la pompe à haute pression et la tuyauterie par le Conseil le 30 juillet 2019, une phase de consultation avec les équipes, les fabricants d'unités de puissance et les deux fournisseurs potentiels a été menée sous l'arbitrage du département technique de la FIA. Aujourd'hui, le Conseil a procédé à la désignation définitive des deux fournisseurs."

Ici, la formulation est importante. Il serait erroné de désigner ces pompes standardisées comme des pièces fournies par la FIA. L'instance dirigeante a joué le rôle d'intermédiaire, les équipes et les motoristes ont eu leur mot à dire dans le choix final.

Max Verstappen, Red Bull Racing RB18, se bat avec Charles Leclerc, Ferrari F1-75

Dans le règlement 2022, la FIA classe les pompes comme des SSC, c'est-à-dire des composants d'alimentation standards : "La ou les pompes d'amorçage, la pompe à haute pression, les débitmètres de carburant et les capteurs de pression et de température sont des SSC, comme mandaté par la FIA et spécifié dans les règlements Technique et Sportif. Tous les tubes et tuyaux flexibles et leurs raccords entre la ou les pompes d'amorçage et la pompe à haute pression sont des SSC, mandatés par la FIA."

Les systèmes d'alimentation contiennent également certains éléments qui sont des OSC, composants open source : les équipes conçoivent leurs propres composants mais doivent donner l'accès à leur solution aux rivaux et en autoriser la copie. La pompe d'aspiration est un exemple, et il se peut qu'elle soit à l'origine des problèmes de Red Bull à Bahreïn.

"Les pièces standards sont dans ce système à basse pression", explique Jody Egginton, directeur technique d'AlphaTauri. "Il y a ensuite des pièces spécifiques à l'équipe dans ce système. Certaines de ces pièces sont OSC, donc on fournit les détails à la FIA pour que les autres [équipes] soient au courant. Mais ce que l'on peut faire et ce que l'on ne peut pas faire est assez simple et bien défini."

"C'est beaucoup plus contrôlé et réglementé que par le passé, ce qui est bien. Le niveau de choses que l'on peut faire est limité par rapport aux années d'avant. Une partie de la tuyauterie est spécifiée comme pièces standards, ou nous fournissons les détails des longueurs de tuyauterie. Le collecteur est spécifique à la voiture, tout comme le réservoir. Les pièces mécaniques sont standardisées mais on dispose d'un certain degré de liberté sur les éléments qui les entourent."

Max Verstappen, Red Bull Racing RB18

Au cours des essais hivernaux, à Barcelone, certaines équipes ont connu des problèmes liés à la pompe d'amorçage. Peu de détails ont été rendus publics, bien que Haas ait confié avoir eu "un problème de pompe à essence" et "une fuite interne dans le réservoir" lors de la première journée de roulage. On soupçonne également Ferrari d'avoir rencontré des problèmes aux essais de Bahreïn.

Ce qui est sûr, c'est qu'en collaboration avec la FIA, des solutions ont été mises en place pour toutes les équipes. Dans un document fourni par la direction de course, il a été spécifiquement indiqué qu'il y avait des préoccupations après les qualifications de la première manche de la saison.

Les équipes dont les voitures étaient en Q3 ont reçu le message suivant : "Pour cette épreuve uniquement, et en contradiction avec les exigences de l'Article 40.6 du Règlement Sportif FIA de la F1, vous serez autorisés à retarder d'une heure le recouvrement de vos voitures afin d'inspecter la pompe d'amorçage de carburant SSC."

En d'autres termes, cette heure supplémentaire avant l'extinction des feux a été accordée par mesure de précaution, pour que les équipes puissent inspecter la pompe d'amorçage (les voitures déjà éliminées pouvaient être inspectées pendant la Q3). Cependant, aucun changement n'a été noté par la FIA lorsque la liste des pièces remplacées sous régime de parc fermé a été publiée avant la course.

"C'était une inspection supplémentaire de la pompe d'amorçage sur l'ensemble de la grille", précise Egginton. "Ce n'est pas spécifique à une équipe. Nous avons eu l'occasion de le faire pendant le week-end et je pense que nous le ferons pendant quelques courses jusqu'à ce que les gens soient satisfaits de la fiabilité. La FIA voulait s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'une défaillance commune. Nous sommes assez satisfaits, nous avons monté plusieurs pompes lors des essais, nous les avons utilisées ici [et] nous en profiterons pour en emmener d'autres."

"Mais avec le format du week-end, on a moins de temps pour travailler sur la voiture. C'est donc une mesure raisonnable pour s'assurer que tout va bien et ne pas se plonger dans des choses inutiles pendant un week-end. Maintenant, préparer les voitures est un vrai challenge pour les [mécaniciens]. On a moins de temps à disposition."

Christian Horner, team principal, Red Bull Racing, Max Verstappen, Red Bull Racing

Christian Horner, team principal, Red Bull Racing, Max Verstappen, Red Bull Racing

Étrangement, Horner a laissé entendre peu après l'arrivée du Grand Prix que la pompe d'amorçage n'était pas la raison de la déroute de Red Bull, tout en confirmant que l'équipe avait effectué une inspection avant la course. "Oui, nous l'avons fait", a-t-il affirmé. "Mais je pense que c'était une préoccupation générale plutôt que quelque chose spécifique à Red Bull. Nous devons simplement récupérer les voitures, démonter le système de carburant et comprendre, parce que nous savons qu'il y avait du carburant."

"Je pense que l'on nous a informés de l'existence d'autres problèmes. C'était simplement une inspection, nous voulions faire une double vérification. Donc, bien sûr, tout est subjectif jusqu'à ce que nous démontions les voitures et comprenions exactement ce qui a causé le problème. Je soupçonne que ce soit identique sur les deux voitures parce que c'est une défaillance trop similaire."

Il y a de fortes chances que les malheurs de Red Bull soient liés à la température. À Bahreïn, les F1 de 2022 ont parcouru pour la première fois une distance de course avec le nouveau carburant E10 dans de vraies conditions. Les pilotes ont dû se suivre de près pendant plus d'une heure et les équipes se sont inquiétées des températures élevées sur les freins et les pneus.

Ce n'est peut-être pas une coïncidence si le double abandon a eu lieu peu après l'intervention du Safety Car. Par le passé, le fait de rouler au pas a provoqué de nombreux abandons, surtout en début de saison. Garder le carburant au frais est toujours un défi pour les équipes car, comme le note le règlement, "l'utilisation de tout dispositif à bord de la voiture pour réduire la température du carburant est interdite". Cette règle vient probablement de l'époque des moteurs atmosphériques, lorsqu'un carburant plus frais donnait un net avantage en matière de performances, ce qui est moins le cas avec les V6 turbos actuels.

Désormais, il ne reste plus qu'à attendre les conclusions de l'enquête de Red Bull. L'équipe pourrait même être engagée dans une course contre la montre pour régler le problème avant le prochain Grand Prix, ce week-end.

Max Verstappen, Red Bull Racing RB18, abandonne la course

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