La première excursion de la F1 à Las Vegas

Avant d'être une course du samedi soir faisant le tour des plus célèbres casino du Nevada, le Grand Prix de Las Vegas de Formule 1 était une épreuve fade qui a brièvement conclu la saison dans les années 1980.

Michele Alboreto, Tyrrell 011-Ford, devant Mauro Baldi, Arrows A4-Ford

Photo de: LAT Images

L'année prochaine, la Formule 1 se rendra à Las Vegas pour y organiser un Grand Prix. La piste, qui passera par le Strip, sera entourée des casinos les plus emblématiques de la ville du Nevada : le MGM, le Wynn, le Bellagio... et aussi le Caesars Palace, qui est déjà familier avec la F1. En fait, le championnat a déjà tenté une expérience à Las Vegas, à côté de ce même casino. C'était au début des années 1980 et les résultats n'ont pas été vraiment concluants.

Alors que les relations entre la FOCA, l'association des constructeurs menée par Bernie Ecclestone, et la FISA, un satellite de la FIA dirigé par Jean-Marie Balestre, étaient de plus en plus tendues, une guerre a fini par éclater en pleine saison 1980. Celle-ci a mené à la création en fin d'année d'un championnat pirate 100% FOCA, la World Federation of Motor Sports. Sur le calendrier proposé, 15 épreuves officielles, dont une à New York et une à Las Vegas !

Si le Grand Prix de New York n'a jamais vu le jour lorsque FOCA et FISA ont enterré la hache de guerre en signant les premiers Accords Concorde début 1981, celui à Las Vegas a bel et bien été organisé. Ecclestone était au courant des possibilités sur le juteux marché américain et l'abandon de Watkins Glen, jugé trop dangereux, a été l'occasion rêvée pour le Grand Argentier de s'offrir un circuit en ville dans un endroit réputé. Une formule encore utilisée aujourd'hui : Singapour avec sa marina, Bakou avec son château, Miami avec son Hard Rock Stadium, etc.

C'est donc à côté du Caesars Palace, l'un des premiers grands casinos du Strip, qu'un circuit de 3,6 km a été érigé. La piste était peu intéressante du point de vue du pilotage : complètement plate et tortueuse car située sur l'immense parking du casino, elle comptait 14 virages anodins. Seul le fait que le circuit tournait dans le sens inverse des aiguilles d'une montre posait un certain challenge pour les pilotes puisque cela mettait davantage à l'épreuve les muscles du cou.

Le départ en 1981

Le départ en 1981

La première édition concluait la saison 1981 et devait donc départager Carlos Reutemann, Nelson Piquet et Jacques Laffite, les trois hommes pouvant remporter le titre mondial. Reutemann était le mieux placé au championnat avec son point d'avance sur Piquet tandis que Laffite, avec six unités de retard, était le grand outsider.

La course a tourné à l'avantage de Piquet, pourtant plus frêle que ses deux adversaires et qui est même tombé d'épuisement à l'arrivée. Un temps favori, Laffite a été victime de la forte dégradation de ses gommes Michelin tandis que Reutemann, parti en pole position, est totalement passé à côté de sa course. À vrai dire, l'atmosphère au sein de l'équipe Williams était devenue étouffante lorsque Reutemann a désobéi aux consignes lui demandant de laisser passer son coéquipier Alan Jones, au Brésil. Comble de l'ironie, c'est ce même Jones qui s'est imposé à Las Vegas le jour de la grande défaite du pilote argentin…

Mais pour séduire les fans et remplir les tribunes, un cadre de rêve ne suffit pas, il faut aussi un bon circuit. Le premier Grand Prix de Las Vegas a été un désastre pour le casino, qui a perdu des millions de dollars. Et même si le prix des billets a été revu à la baisse l'année suivante et que des stars telles que Diana Ross ont été conviées pour augmenter le cachet de la course, rien n'a pu stopper l'hémorragie.

En conséquence, le Grand Prix de Las Vegas a été abandonné au bout de deux ans, la F1 se rabattant sur Detroit, qui partage des liens bien plus forts avec l'automobile que la ville du jeu et des combats de boxe. Le CART s'est aventuré sur le parking du Caesars Palace entre 1983 et 1984, transformé pour l'occasion en ovale plat. Mais même Mario Andretti, Al Unser ou Rick Mears, des icônes au pays de l'Oncle Sam, n'ont pas réussi à attirer des spectateurs. Las, les propriétaires du casino ont définitivement abandonné toute idée de course automobile sur leurs terres, qui ont servi de chantier pour le Mirage et le centre commercial du Forum.

Lire aussi :
Diana Ross avec Michele Alboreto, le vainqueur de la course, et Keke Rosberg, le Champion du monde 1982

Diana Ross avec Michele Alboreto, le vainqueur de la course, et Keke Rosberg, le Champion du monde 1982

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent La décision de Volkswagen attendue dans les prochains jours
Article suivant L'Arabie saoudite fournira les assurances nécessaires à la F1 pour 2023

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France