C'était un 23 juin : la 1re victoire en F1 d'un constructeur français

Le 23 juin 1968, l'équipe Matra remporte le Grand Prix des Pays-Bas grâce à Jackie Stewart, pour la toute première victoire en discipline reine d'un constructeur français.

Jackie Stewart, Matra

Photo de: LAT Images

La compétition automobile et notamment les Grands Prix ont beau avoir leur berceau en France, l'Hexagone n'a pas véritablement connu d'heure de gloire avant la fin des années 1960. Même si des constructeurs s'y sont essayés auparavant.

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Il y eut évidemment le tout premier, Talbot Lago, présent dès l'épreuve inaugurale du Championnat du monde de Formule 1 en 1950 à Silverstone, mais bien impuissant face à l'armada Alfa Romeo. Il ne resta que deux saisons pour un bilan relativement maigre de deux podiums en 13 départs, à mettre au crédit de Louis Rosier, premier tricolore "sur la boîte" en F1. Par la suite, Simca Gordini s'essaya, de façon moins régulière, à la compétition, avec comme meilleur résultat une quatrième place pour Robert Manzon lors du GP de France 1950 à Reims, le tout en 14 GP disputés (et beaucoup, beaucoup d'abandons sur casses mécaniques).

Devant la réticence de Simca à s'engager pleinement en F1, Gordini fera cavalier seul pendant cinq saisons, de 1952 à 1956, avec des résultats médiocres et deux podiums en 33 départs, signés en 1952 respectivement par Jean Behra au GP de Suisse et Manzon au GP de Belgique. L'année 1956 sera celle de la seule apparition de Bugatti en discipline reine, pour une course, si mauvaise qu'elle fut la seule du constructeur dans le championnat.

Matra, à jamais les premiers

Il faudra ensuite attendre une dizaine d'années pour retrouver un constructeur français sur les grilles de la Formule 1. C'est Matra qui se lança dans l'aventure, en s'engageant pleinement à partir de 1968 dans le Championnat du monde, après quelques incursions en 1967. Deux voitures sont principalement engagées lors de cette première campagne : la MS10 sous le pavillon de Matra International, structure gérée par Ken Tyrrell, et la MS11, sous le pavillon de Matra Sports, jouant de fait le rôle d'équipe d'usine.

Sur le plan technique, la différence entre les deux voitures est principalement liée au moteur. En effet, la MS11 est propulsée par le V12 Matra alors que la MS10 est construite pour accueillir le V8 Cosworth, sur l'insistance de Tyrrell qui avait été impressionné par ce bloc propulseur l'année précédente. Sur le plan sportif, le moteur fait lui aussi une grande différence : la MS10 est performante et fiable, la MS11 gourmande en essence et souvent victime de problèmes techniques.

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Aussi, Jackie Stewart, recruté après deux saisons infructueuses chez BRM, fait rapidement des merveilles au volant de la monoplace armée du Ford Cosworth. Après une première course sur une MS9 d'intérim, il se blessa au poignet en F2 à Jarama. Il fit son retour en Belgique avec une quatrième place, avant de glaner la victoire sous la pluie de Zandvoort en ayant pris la tête dès le quatrième passage. Cerise sur le gâteau pour Matra : Jean-Pierre Beltoise termine deuxième sur la MS11.

Ce premier succès sera suivi la même année par le triomphe impressionnant de Stewart sur le Nürburgring et de nouveau sous la pluie, pour une course qu'il mena de bout en bout et termina avec quatre minutes d'avance sur ses principaux rivaux. Enfin, l'Écossais accrochera de nouveau la première place aux États-Unis, terminant la saison vice-Champion, derrière Graham Hill sur Lotus.

Le titre avec Tyrrell et Stewart

Il ne faudra attendre que 1969 pour que l'alliance entre Stewart, Matra et le V8 Cosworth remporte les deux titres mondiaux, dans la foulée d'une décision d'importance prise par l'entreprise de Jean-Luc Lagardère : celle d'abandonner l'équipe d'usine pour concentrer ses efforts sur la structure de Ken Tyrrell. La MS80 conserve une des innovations majeures de la MS10, à savoir les réservoirs de carburant structurels inspirés de l'aviation qui allègent grandement le châssis, en dépit de leur interdiction à venir. Mais elle corrige également les principaux défauts de sa devancière, offrant à Stewart sa première couronne assez aisément, avec six victoires et sept podiums en 11 Grands Prix.

La collaboration avec Tyrrell cessa l'année suivante et l'équipe britannique prit son indépendance, ne souhaitant pas se voir imposer le V12 Matra. La structure française continua encore trois saisons, mais ne retrouva plus les sommets, en signant simplement cinq podiums entre 1970 et 1972, avant de se retirer.

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Elle ouvrit la voie, à partir de 1976, à Ligier (qui disputera 79 Grands Prix avec un moteur Matra), qui gagnera également mais échouera dans la quête des titres, avant l'entrée en lice l'année suivante de Renault et de son moteur turbo. L'aventure du Losange, après des victoires dans les années 1970-1980, se soldera finalement par deux titres mondiaux chez les constructeurs, les premiers depuis 1969 pour la France, en 2005 et 2006, après un passage très fructueux comme motoriste de Williams dans les années 1990. Entre-temps, d'autres constructeurs français feront des apparitions bien plus modestes, comme AGS ou Larrousse, le dernier en date étant Prost Grand Prix.

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