Quand Ron Dennis a pris le contrôle de McLaren

Fin 1980, le jeune dirigeant d’une écurie de Formule 2 a créé la sensation en prenant le contrôle d’une équipe majeure de Formule 1, McLaren.

Teddy Mayer, Ron Dennis et John Barnard

Teddy Mayer, Ron Dennis et John Barnard

LAT Images

La carrière de Ron Dennis en F1

Retour sur la carrière en Formule 1 de Ron Dennis, écarté de la tête de McLaren le 15 novembre 2016.

Jack Brabham, Brabham BT33 Ford, discute avec un jeune Ron Dennis dans les stands
Teddy Mayer (centre), Tyler Alexander and Ron Dennis in the pits
Teddy Mayer, Ron Dennis et John Barnard
G à D : John Barnard et Ron Dennis McLaren International, Teddy Mayer derrière Tyler Alexander et Creighton Brown avec la maquette de la McLaren MP4/1
John Watson, McLaren Ford, en compagnie du directeur de McLaren, Ron Dennis et le designer John Barnard
Ron Dennis, McLaren-Ford Cosworth, avec ses pilotes, Niki Lauda (gauche) et John Watson
Ron Dennis
Ron Dennis annonce la retraite sportive de Niki Lauda en fin de saison

Ce jeune homme de 33 ans, singulièrement déterminé, obsédé par les détails et professionnel jusqu’au bout des ongles, s’appelle Ron Dennis. Ce Britannique a commencé sa carrière comme mécano au sein de l’écurie Cooper de F1. Puis, il a travaillé pour les équipes Brabham et Lotus.

Ambitieux à l’excès, il crée, avec un associé, Neil Trundle, sa propre écurie, Rondel. “Son écurie engageait des voitures en Formule 2 et en catégorie Sportscar,” nous raconte un proche qui a vécu cette période, mais qui désire demeurer discret. “Il a ensuite travaillé sur le projet d’une F1 Rondel, mais la crise du pétrole de 1973 a fait capoter le projet. Avec lui, la préparation des voitures atteignait la perfection, d’une propreté immaculée et d’une efficacité irréprochable. Ron veillait à tout.”

À la fin des années 70, Dennis rêve encore de F1. Simultanément, l’équipe McLaren connaît une baisse de régime. Après le titre acquis par James Hunt en 1976, l’écurie, dirigée par Teddy Mayer, un ancien avocat américain, n’obtient plus de succès. Et McLaren est sponsorisé par Philip Morris à travers la marque Marlboro.

Le lien Marlboro

Ironiquement, Ron Dennis dispose lui aussi d’un budget de Marlboro. “En 1979 et 80, l’écurie de Ron Dennis, Project Four, faisait rouler Andrea de Cesaris en Championnat d’Europe de F2 avec le soutien de Marlboro,” poursuit notre interlocuteur. “Project Four avait aussi décroché le contrat de préparation des Procar, ces BMW M1 qui couraient dans un championnat monotype en lever de rideau des Grands Prix. Ron [Dennis] s’occupait de préparer la voiture aux couleurs de Marlboro que pilotait Niki Lauda.”

Ron Dennis a ainsi souvent l’occasion de discuter avec John Hogan, le grand patron du marketing chez Philip Morris. Hogan ne croyait plus que Mayer était l’homme de la situation chez McLaren. Hogan a donc convaincu Philip Morris de financer la prise de contrôle de McLaren par Ron Dennis.

La prise de contrôle est réalisée au début de l’automne 1980. McLaren Racing devient alors McLaren International et Dennis la déménage de Colnbrook à Woking. “Marlboro a imposé cette fusion entre McLaren et Project Four. Teddy Mayer et le designer, Gordon Coppock, l’ont mal pris. Ron a rapidement racheté leurs parts dans l’entreprise et ils l'ont quittée,” termine notre source.

Ma prise de contrôle n’avait rien d’agressif,” rétorque pourtant Ron Dennis dans une interview accordée au site officiel Formula1.com. “À l’origine, le deal était 50-50. Mais après 18 mois, et à ma grande surprise, Teddy [Meyer] a dit être inquiété par les budgets pharamineux exigés pour obtenir un moteur turbo et qu’il préférait quitter l’équipe. La chance de prendre plus de contrôle dans l’écurie s'est donc présentée, et je l’ai immédiatement saisie.”

Un matériau révolutionnaire

Dennis avait recruté John Barnard, l’ingénieur britannique qui a conçu la Chaparral 2K, sorte de copie de la Lotus 79, qui a remporté l’Indy 500 quelques mois auparavant. Dennis voulait que McLaren International soit à la fine pointe de la haute technologie et innove en F1, et Barnard l’avait convaincu de produire une voiture de F1 à partir d’un châssis en fibre de carbone. Cette fibre mystérieuse, relativement inconnue du grand public, était alors réservée à l’aérospatiale et à l’armement.

Barnard trouve un sous-traitant pour faire fabriquer son châssis, Hercules Aerospace, une entreprise située à Salt Lake City aux États-Unis. Ainsi nait la McLaren MP4/1 à moteur Ford Cosworth. Pilotée par John Watson et Andrea de Cesaris en 1981, elle remporte une victoire dès sa première saison grâce à Watson au Grand Prix de Grande-Bretagne.

Par la suite, Ron Dennis prépare l’avenir en accueillant un nouvel actionnaire, Mansour Ojjeh et sa gigantesque compagnie, TAG (Techniques d’Avant-Garde). C’est TAG qui va financer la conception, la fabrication et le développement du moteur turbo que Dennis vient de commander à Porsche. Avec Niki Lauda et Alain Prost, la MP4/2-TAG devient championne du monde en 1984, à la grande satisfaction de Ron Dennis qui vient de réaliser l'une de ses plus grandes ambitions.

 

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