Red Bull a besoin que Verstappen fasse moins d'erreurs

"Là, nous avons perdu la victoire, le tour le plus rapide et la pole position", déclarait Helmut Marko, conseiller sportif de Red Bull, à Sky Sports Germany après le Grand Prix du Portugal. "J'espère que c'est la fin de tout ça. Il faut que quelque chose change. Soit vous faites une limite avec des vibreurs, soit vous posez du gravier ou autre chose. Si vous sortez, il y a une pénalité automatique."

Des propos qui faisaient suite au scénario de la course. Max Verstappen terminait deuxième derrière Lewis Hamilton, mais Red Bull était agacé d’avoir perdu le point bonus du tour le plus rapide pour être sorti trop large à l'avant-dernier virage. Pourtant, les commissaires de Portimão ont fait exactement ce que Marko suggérait ci-dessus, et ont tout de même supprimé le tour. La décision suivait les instructions du directeur de course de la Formule 1, Michael Masi, qui avait mis à jour les notes du week-end, informant les équipes que le virage serait surveillé dès les essais du samedi.

Ironiquement, Red Bull et Verstappen se sont retrouvés dans cette position grâce à un but contre son camp de Mercedes. Les Flèches d'Argent avaient décidé de changer les gommes de Valtteri Bottas (tant son avantage sur Sergio Pérez était important) pour chasser le meilleur tour que le Mexicain détenait à ce moment-là. Mais Mercedes a agi un tour trop tôt, car Red Bull arrêtait également son autre pilote, en vain, pour arracher le point supplémentaire dans le dernier tour. Ce n'est pas une erreur que Mercedes refera de si tôt, étant donné que Toto Wolff l'a qualifiée de "moment stupide".

Mais le nombre d'erreurs visibles de Mercedes (y compris celles de ses pilotes, avec Hamilton qui ratait son restart derrière la voiture de sécurité et Bottas qui défendait trop contre son coéquipier dans ce qui était la manœuvre de la victoire) a été au moins égalé par celles commises par Verstappen.

Le temps perdu dans le virage 4 était déjà suffisant pour voir la pole s’envoler, mais le survirage lié au vent dans cette courbe pouvait faire penser qu’il ne s’agissait pas que d’une erreur de pilotage. Le plus gros problème a été de ne pas réussir à reproduire son temps annulé lors de sa deuxième tentative en Q3, bien que le trafic n'ait pas non plus joué en la faveur du Néerlandais.

Ensuite, le pilote a également connu deux sueurs froides en course, avec des glissades en début d’accélération qui lui ont fait perdre son duel face à Hamilton. Avec son erreur du dernier tour qui lui a coûté (à juste titre) le point du meilleur tour, le week-end fut compliqué pour le numéro 33. Bien sûr, les conditions étaient difficiles, avec un revêtement très glissant et de nombreuses bourrasques. Mais l’accumulation de ces erreurs, aussi petites soient-elles, compte beaucoup sur le résultat final.

Ces erreurs n’ont rien à voir avec le dépassement hors-piste à Bahreïn, les roues dans l’herbe dans Tamburello lors des qualifications à Imola ou le dérapage après le drapeau rouge, heureusement sans incidence sur le résultat de la course.

Le résultat de Portimão est loin d'être mauvais pour Red Bull. Bien que Mercedes ait insisté plus tôt dans la saison sur le fait qu'elle s'attendait à ce que le circuit du rendez-vous précédent donne un avantage à sa rivale, la W12 est apparue beaucoup plus performante que précédemment, notamment par rapport à Bahreïn.

À ce stade, il serait juste de souligner que Red Bull a des raisons de se plaindre des limites de la piste, aussi ennuyeux que soit ce débat. Quant à Pérez, le Mexicain était furieux que Lando Norris n'ait pas reçu l'ordre de rendre la quatrième place après le restart, car il estimait que le pilote McLaren avait mis ses quatre roues au-delà de la limite du virage 4 (et donc, avait profité d'un avantage dans la ligne droite) avant de prendre l’intérieur dans l'épingle suivante. Les caméras embarquées de la voiture de Norris et de Sainz semblent confirmer ces dires.

"Cela a été signalé par Red Bull pendant la course et a été examiné", a expliqué Masi, qui, il convient de le noter, a été incorrectement interrogé sur la légalité de la manœuvre de Norris à l'épingle, ce qui n'était pas le problème. "Non, Lando n'a pas dépassé Sergio au virage 4 en dehors de la piste. C'était une manœuvre de dépassement avec les freins dans le virage 5, à la fin d'une zone DRS."

Tout ceci fait suite au débat sur les limites de piste à Bahreïn, qui a laissé une certaine frustration chez Red Bull et Mercedes. Mais dans le cas de l’écurie de Milton Keynes, la colère persistante au sujet des limites de piste porte sur un autre problème, probablement plus crucial.

Le résultat de Portimão est loin d'être mauvais pour Red Bull. Bien que Mercedes ait insisté plus tôt dans la saison sur le fait qu'elle s'attendait à ce que le circuit du rendez-vous précédent donne un avantage à sa rivale, la W12 est apparue beaucoup plus performante que précédemment, notamment par rapport à Bahreïn. Les températures plus fraîches ont joué un rôle, mais Mercedes a totalement dominé au Portugal en 2020, tandis que Red Bull était tout proche il y a une semaine. Verstappen a battu Bottas à la régulière, sans qu'aucun cadeau ne soit fait au départ, bien qu'il faille noter que l'arrêt au stand plus lent du Finlandais a permis à Verstappen de récupérer une seconde, lorsque ses gommes neuves étaient déjà en température.

Si Verstappen peut enfin corriger ces erreurs, alors cela pourrait faire la différence dans la course au titre contre Hamilton

Mais la frustration reste présente. Un sentiment de gâchis domine, alors que le résultat aurait pu être différent si Verstappen était parti de la pole, ou s'il n'avait pas permis à Hamilton de se rapprocher pour attaquer dès le départ, le patron de l'équipe Red Bull, Christian Horner, soulignant son rythme soutenu lorsqu’il n’était pas gêné par une autre monoplace.

De plus, Hamilton fait aussi des erreurs en 2021. Mais, jusqu'à présent, le Britannique parvient à réparer ses erreurs pour maintenir la tête au championnat. Certes, sans le drapeau rouge, la sortie d’Hamilton à Imola (la plus grosse erreur d'un prétendant au titre depuis le début de l'année) aurait eu de plus grandes conséquences. Sur la couverture de l'édition du 8 avril du magazine Autosport (une édition parente de Motorsport.com), nous avons demandé : "Verstappen est-il prêt à mettre fin au règne d’Hamilton ?" Un mois plus tard, la conclusion reste la même. Le Néerlandais est prêt pour affronter les défis d’une lutte pour un titre, mais ne parvient pas encore à franchir tous les obstacles.

Le Grand Prix d’Espagne de ce week-end représente un grand défi. Sur ce qui est devenu une forteresse pour Mercedes, Verstappen est le seul pilote dans l’ère hybride à s’être imposé en Catalogne, alors que les deux Flèches d’Argent se sortaient elles-mêmes après quatre virages.

Le circuit de Barcelone soumettra la hiérarchie de 2021 à un test différent, étant donné que les équipes le connaissent sur le bout des doigts. Mercedes craint que la surface ne devienne "trop agressive", selon son directeur de l'ingénierie piste, Andrew Shovlin, et que l'impact qui en résulterait sur la durée de vie des pneus arrière ne ressuscite les problèmes connus à Bahreïn. Cela signifie que les temps dans le secteur final et ses virages à basse vitesse seront à surveiller de près pour voir laquelle des écuries s’en sortira le mieux.

Mais au vu de la progression de Red Bull au Portugal entre 2020 et 2021, la lutte sera sûrement à nouveau très serrée. Si Verstappen peut enfin corriger ces erreurs, alors cela pourrait faire la différence dans la course au titre contre Hamilton.