Les mystères soulevés par le rejet de la requête de Red Bull

Le rejet par la FIA de la demande de Red Bull de réexaminer l'accident du Grand Prix de Grande-Bretagne entre Lewis Hamilton et Max Verstappen a peu surpris dans le monde de la Formule 1.

Alexander Albon, Red Bull Racing RB15

Alexander Albon, Red Bull Racing RB15

Red Bull Content Pool

Après tout, Hamilton ayant déjà été sanctionné pour l'accident sur la base des données vidéo et télémétriques, il y avait peu de chances que Red Bull puisse franchir le cap de fournir quelques nouvelles preuves "significatives" et "pertinentes" à la FIA.

Comme Ferrari l'a découvert à ses dépens en 2019, lorsqu'elle a proposé d'utiliser une séquence de Karun Chandhok sur Sky Sports pour tenter de convaincre les commissaires de rouvrir l'enquête sur la pénalité infligée à Sebastian Vettel au GP du Canada, la FIA ne fait pas de prisonniers lorsqu'il s'agit de remplir ses critères.

En effet, aussi solides les équipes puissent-elles penser que leurs nouveaux éléments soient, la FIA est assez stricte sur ce qu'elle exige lorsqu'il s'agit de réunir à nouveau les commissaires. Dans le cas présent, les diapositives que Red Bull a produites de l'accident, du dépassement de Charles Leclerc par Hamilton à titre de comparaison et une reconstitution de la trajectoire de Hamilton par Alex Albon n'ont pas suffi à justifier un nouveau regard sur l'affaire.

Mais si le résultat n'est pas un choc pour beaucoup, la déclaration de la FIA concernant les preuves et les actions de Red Bull a suscité une nouvelle intrigue qui n'a pas encore été expliquée.

 

La journée de tournage

L'un des points clés qui ressort de la décision des commissaires est la volonté de Red Bull de "créer" des preuves pour appuyer sa requête, par opposition au fait de découvrir des éléments nouveaux.

Alors que Red Bull a présenté des "simulations de l'incident", l'équipe est allée beaucoup plus loin : elle a littéralement recréé la trajectoire prise par Hamilton dans Copse à Silverstone avec l'une de ses voitures pour prouver son point de vue.

Les commissaires ont déclaré que Red Bull a présenté des diapositives "qui montraient une 'reconstitution de la trajectoire de Hamilton au premier tour à Silverstone le 22 juillet 2021...' sur la base d'un tour prétendument effectué par un autre pilote (Alexander Albon)".

Albon était en action la semaine dernière pour Red Bull dans la voiture RB16B de 2021, prenant part au test des pneus Pirelli. Mais tous ses essais se sont terminés le mardi suivant le Grand Prix de Grande-Bretagne, soit le 20 juillet. D'autres essais Pirelli ont eu lieu le 21 juillet, mais le 22 juillet, Red Bull a organisé une journée de tournage sur le circuit avec sa Red Bull RB15 de 2019. Des séquences vidéo de ce test sont apparues plus tard.

 

Comme la RB15 a plus de deux ans, Red Bull peut effectuer autant de roulages privés qu'elle le souhaite. De plus, le fait de mettre le pilote de réserve et d'essai Albon dans le cockpit pour qu'il reste dans le coup ne semble pas être quelque chose d'étonnant.

Mais la décision des commissaires a révélé que cette journée de tournage a été utilisée, du moins en partie, pour essayer de faire recréer à Albon la trajectoire de Hamilton dans Copse, très probablement pour montrer qu'il n'allait jamais passer le virage et qu'il était beaucoup trop rapide.

Aller jusqu'à utiliser une partie d'une journée de tournage pour essayer de reconstituer la ligne de Hamilton montre jusqu'où – notamment en termes de coût – Red Bull était prêt à aller pour tenter de défendre son cas. Mais est-ce que toute la journée de tournage a été organisée simplement pour renforcer le dossier des preuves ?

Quel que soit le réalisme de la reconstitution d'Albon, Red Bull n'allait jamais trouver de "preuve significative et pertinente" en retournant sur la piste et en essayant de recréer l'incident. Comme les commissaires l'ont souligné, cela ne peut pas être considéré comme une découverte, comme cela est requis pour que le processus de droit de révision puisse aller plus loin.

Les commissaires eux-mêmes ont déclaré que les preuves n'avaient pas été "'découvertes' mais créées dans le but d'étayer la demande de révision".

Il y a également un élément d'ironie dans le fait que ce soit Albon qui ait réalisé la reconstitution, étant donné qu'il a été impliqué à deux reprises dans des collisions avec Hamilton (Brésil 2019, Autriche 2020).

 

Le mystère des allégations

Un mystère encore plus grand est la référence directe que la FIA a faite à certaines "allégations" que Red Bull a présentées dans une lettre à la fédération.

Le 23 juillet, lorsque l'équipe a demandé à la FIA de réexaminer l'incident du GP de Grande-Bretagne, il semble que Red Bull ait inclus des allégations très fortes dans une lettre explicative qui soutenait son espoir de nouvelles preuves.

La déclaration de la FIA au Hungaroring indique : "Les commissaires notent, avec une certaine inquiétude, certaines allégations faites dans la lettre du concurrent évoquée ci-dessus. Ces allégations pouvaient être ou ne pas être pertinentes pour les commissaires si la demande de révision avait été accordée. Les commissaires auraient pu répondre à ces allégations directement dans toute décision qui aurait suivi. La pétition ayant été rejetée, les commissaires ne font aucun commentaire sur ces allégations."

On ne sait pas quelles sont ces allégations faites par Red Bull, mais il est évident que l'équipe est passée à l'attaque. Dans la déclaration de Mercedes publiée jeudi, il est fait référence à Red Bull qui a tenté de "ternir" le "nom et l'intégrité sportive" de Hamilton dans ces documents.

Mais s'il est entendu que la colère de Red Bull concernant le pilotage de Hamilton était un élément de la lettre, il est probable que les commissaires de la FIA ne feraient un tel commentaire que si leurs critiques visaient directement à l'instance dirigeante ou à ses officiels.

Red Bull a clairement indiqué qu'elle estimait que les actions de Hamilton auraient dû justifier une sanction plus sévère, ce qui suggère que les commissaires ont été trop faibles dans leur gestion de l'affaire. L'équipe n'était pas non plus d'accord avec la décision de la FIA selon laquelle Hamilton était "principalement" responsable de l'accident et non entièrement.

La décision de la FIA de jeudi devrait au moins signifier que la controverse sur l'incident du GP de Grande-Bretagne peut cesser d'être le principal centre d'intérêt de la F1 pour revenir à l'action sur la piste en Hongrie. Mais à en juger par les dernières déclarations des deux équipes, il est presque certain que ce ne sera pas la dernière bataille de leur guerre en F1 2021.

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