Interview

Comment faire respecter un budget plafonné, selon Force India

Les budgets plafonnés sont de retour au cœur des discussions en Formule 1, dans l'optique de réduire les inégalités entre les écuries et de sauvegarder l'avenir des petites structures.

Esteban Ocon, Sahara Force India F1 VJM10, Daniel Ricciardo, Red Bull Racing RB13, Valtteri Bottas, Mercedes AMG F1 W08, Sebastian Vettel, Ferrari SF70H

Esteban Ocon, Sahara Force India F1 VJM10, Daniel Ricciardo, Red Bull Racing RB13, Valtteri Bottas, Mercedes AMG F1 W08, Sebastian Vettel, Ferrari SF70H

Andrew Hone / Motorsport Images

Motorsport.com a profité d'un point presse avec Otmar Szafnauer, directeur général de l'écurie Force India, pour évoquer cette problématique et connaître sa vision des choses.

Quel serait le plafond idéal pour les budgets ?

Environ 120M$ [100M€].

Pourquoi pas quelque chose de plus drastique, comme les 40 millions proposés par Max Mosley en 2009 ?

Je pense que c'est trop sévère. Il faut être pragmatique. Disons que les budgets plafonnés arrivent dans deux ans, et qu'il y a des équipes qui dépensent 250 millions et ont 1000 employés – ce qui n'est pas tiré par les cheveux, à mon avis. Tout d'un coup, on leur dit que l'an prochain, ils ont 100 millions de moins, il va peut-être falloir se débarrasser de 300, 400, 500 employés et ce n'est pas évident à faire.

Personnellement, je pense que si nous disons 150M$ [125M€], cela reste beaucoup d'argent pour une écurie. C'est un ordre de grandeur supérieur à celui de tout autre championnat de sport auto, et nous devrions pouvoir faire du travail fantastique pour les fans. Sans oublier que la moitié des équipes seraient bien en dessous et n'auraient rien à faire pour atteindre ce chiffre. Il doit y en avoir quatre sur dix qui dépassent ça. Mon avis, c'est que cela ne devrait pas être l'extrême de Max Mosley de 40 millions. 150M$ de nos jours, cela représente 110M£ ou 115M£.

Des mécaniciens Force India avec la Sahara Force India VJM10

Le plafond devrait-il se limiter au développement de la voiture, voire du moteur, sans inclure les coûts opérationnels ?

Personnellement, je préfère avoir une simple limite et permettre aux équipes de choisir dans quels domaines elles dépensent leur argent. Comme ça, celles qui seront un peu plus malignes dans leurs dépenses auront l'avantage. Puis il faut faire des compromis au niveau du personnel, ce qui donne toujours un certain avantage, surtout si on a les bonnes personnes, et d'autres choses sur lesquelles on peut dépenser son argent. Je pense que le salaire des pilotes devrait faire partie du budget plafonné, d'ailleurs. Certains disent que ça ne devrait pas en faire partie, mais je dis que si. Ils font partie de l'équipe !

Cependant, la FIA a-t-elle les moyens de faire respecter ces budgets plafonnés de façon fiable ?

C'est une très bonne question, c'est celle qui se pose tout le temps. Si nous avons une limite, les gens vont-ils la contourner ? Il devrait y avoir des méthodes et des mécanismes. Les gouvernements en ont, par exemple, pour savoir si les gens paient bien leurs impôts. Il y a un grand avantage au fait de ne pas payer ses impôts, puisqu'on garde plus d'argent. Mais les gouvernements ont des mécanismes pour vérifier. Je suis sûr qu'il y a plein de gens qui s'en tirent sans que nous le sachions, mais de temps à autre, quelqu'un se fait prendre et reçoit une énorme amende. Donc il y a des méthodes.

Aux États-Unis, d'où je viens, au niveau des compétitions universitaires – juste en dessous des sports professionnels –, c'est immense. C'est énormément d'argent. Encore plus qu'en F1. Et les athlètes n'ont pas le droit d'être rémunérés. Les meilleurs athlètes peuvent choisir dans quelle université ils vont et avoir un impact énorme sur les revenus de cette université, mais ils ne sont pas payés. Vous savez quoi ? Les universités veulent toutes les attirer, mais n'ont pas le droit de les payer, donc elles achètent une nouvelle voiture à leurs parents, ou tout d'un coup ils vivent dans une villa, mais ils ne sont pas rémunérés. Ce sont toutes ces méthodes-là. Maintenant, il y a des budgets plafonnés en NFL [Ligue nationale de football américain, ndlr]. Les gens vont voir une chaîne de télévision et disent : "Si vous voulez faire une interview avec untel, il faut le payer pour l'interview, mais payez-le dix fois plus que la normale et je rembourserai la différence". Ce gars-là, malgré les budgets plafonnés, a donc un salaire plus élevé grâce aux autres choses qu'il fait.

3ème Felipe Massa, Scuderia Ferrari avec le 2ème Fernando Alonso, McLaren Mercedes et le 1er Kimi Raikkonen, Scuderia Ferrari

Mais ce genre de chose, ça finit par se savoir. Si on est suffisamment puni quand on se fait attraper – 100 millions si vous apportez ce dossier de Ferrari chez McLaren, par exemple ! [en 2007, un dossier de 780 pages confidentiel de la Scuderia Ferrari, contenant des informations techniques, avait été transmis en secret à McLaren, qui avait été disqualifié du championnat constructeurs et avait reçu une amende record de 100M$]. Si la sanction est suffisamment grande et qu'on se fait avoir, alors je pense que l'on peut maintenir l'ordre. Pour moi, le meilleur moyen de dissuasion dans notre sport, ce sont les gens qui quittent une équipe en sachant quelque chose et qui en rejoignent une autre. Ils disent : "Vous savez ce qu'ils font, eux ? Ils contournent le plafond de 150 millions en faisant ça". La dénonciation est le meilleur moyen de dissuasion.

 

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