Rétro 1954 - La Mercedes W196 à carrosserie enveloppante

La Mercedes W196 a été produite en version spéciale haute vitesse, car doté d’une carrosserie enveloppante aérodynamique unique en Formule 1.

Juan Manuel Fangio, Mercedes-Benz W196

Photo de: LAT Images

Au milieu des années 50, la règlementation technique de la CSI (la Commission sportive internationale), permettait aux voitures de F1 d’être entièrement carrossées. La cylindrée du moteur devait être de 750 cc si doté d’un compresseur, ou de 2500 cc s’il était atmosphérique. La composition du carburant était toutefois totalement libre, d’où certains mélanges fortement corrosifs.

Lire aussi :

Mercedes a investi beaucoup d’argent et son équipe d’ingénieurs a mis tout son savoir-faire dans cette W196 destinée à écraser l’opposition. Il semble que 14 exemplaires de la W196 ont été assemblés au cours de ses deux saisons d’activité.

La voiture fut d’abord créée comme une véritable monoplace, avec des roues découvertes, mais il fut décidé de produire quelques exemplaires carrossés afin d’affronter les circuits les plus rapides de l’époque. Le passage d’une configuration à l’autre se faisait, semble-t-il, sans efforts.

Karl Kling, Mercedes-Benz W196

Karl Kling, Mercedes-Benz W196

Photo de: LAT Images

La voiture possédait un châssis tubulaire, des suspensions à barres de torsion et un essieu oscillant à l’arrière, ainsi que des freins à tambours internes et non pas dans les roues. Le cœur de la voiture état son moteur huit cylindres en ligne incliné à 53 degrés vers la droite dans le châssis afin de réduire la surface frontale de la W196 et d'abaisser son centre de gravité.

Alimenté par un carburant détonnant concocté par Esso, le moteur développait une puissance de 260 chevaux en 1954 et 290 à 8500 tours/minute un an plus tard. Ce fameux carburant, codé RD1, était composé à 45% de benzène, 25% de méthanol, 25% d’essence de haut indice d’octane, 3% d’acétone et 2% de nitrobenzène. Rappelons ici que le benzène et le nitrobenzène sont des composés chimiques toxiques et cancérogènes…

Il est intéressant de noter que le moteur était à injection directe de carburant (comme c’est le cas aujourd’hui avec les unités de puissances V6) et d’une distribution desmodromique. Les ressorts des soupapes avaient bien du mal à encaisser à des régimes de rotation dépassant les 8000 tours/minute. Les ingénieurs ont donc eu l’idée d’éliminer les ressorts et de les remplacer par des cames et culbuteurs qui ouvraient et fermaient mécaniquement les soupapes.

Moteur de la Mercedes W196

Moteur de la Mercedes W196

Photo de: Daniel Kalisz / LAT Images

La W196 “Streamliner” était habillée d’une carrosserie profilée entièrement réalisée en aluminium qui lui donnait des airs de voiture de série. Les premiers essais furent réalisés à l’aide d’une maquette en bois à l’échelle 1:5 dans la soufflerie du Stuttgart Imperial College.

La carrosserie fut utilisée sur des circuits à haute vitesse comme Reims en France, Silverstone au Royaume-Uni (l’ancien aérodrome désaffecté), Monza en Italie, le long tracé du Nürburging ainsi que le circuit de Bremgarten en Suisse. Cette carrosserie servait essentiellement à réduire la traînée générée par la voiture, permettant ainsi d'atteindre une vitesse maximale plus élevée. On ne parlait pas encore d’appui ; cette dépression qui survient sous la voiture et qui la plaque au sol à haute vitesse.

Stirling Moss, Mercedes-Benz W196

Stirling Moss, Mercedes-Benz W196

Photo de: LAT Images

Le bolide carrossé de couleur argentée a disputé sa première course lors du Grand Prix de France 1954. Juan Manuel Fangio décrocha la pole position à son volant (à la vitesse moyenne de 200,048 km/h) et récolta la victoire, terminant juste devant son coéquipier, Karl Kling. Toutefois, la W196 “Streamliner” avait la fâcheuse tendance à sous-virer. Beaucoup trop. Son empattement a donc été modifié à quelques reprises pour tenter de résoudre ce problème, sans succès. Elle fut pilotée par Fangio et Kling, ainsi que par Stirling Moss et Hans Herrmann.

En seulement 12 Grands Prix disputés, la Mercedes W196 a remporté huit pole positions et neuf victoires. Elle a aussi permis à Fangio de décrocher le titre de Champion du monde de F1 en 1954 et 1955.

Juan Manuel Fangio, Mercedes-Benz W196

Juan Manuel Fangio, Mercedes-Benz W196

Photo de: LAT Images

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Rétro 1982 - La Williams-Ford FW08B à 6 roues
Article suivant 12 novembre 1995 : un podium avec Panis et Morbidelli !

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France