Rétro 1961 - Le triste sacre de l’Américain Phil Hill

Le Grand Prix d’Italie 1961 fut à la fois un événement joyeux et épouvantablement triste. Joyeux, car il a vu le premier titre d’un pilote américain en Formule 1, et triste parce qu’il a été marqué par le décès tragique de Wolfgang von Trips et de plusieurs spectateurs.

Phil Hill, Ferrari Dino 156

Photo de: LAT Images

Rétro : Dans l'Histoire des sports méca

Sur deux ou quatre roues, replongez-vous dans l'Histoire des sports mécaniques, celle qui a écrit la légende des hommes et des machines durant des décennies.

Ce Grand Prix d’Italie, avant-dernière manche de la saison 1961, est organisé sur le long circuit hyper rapide de 10 km de Monza, qui combine le circuit routier et l’ovale au terrifiant banking, fortement incliné. Avant cette course, quatre pilotes possèdent une chance mathématique de remporter la couronne mondiale : Wolfgang von Trips (Ferrari), Phil Hill (Ferrari), Stirling Moss (Lotus) et Richie Ginther (Ferrari). En revanche, seuls les deux premiers disposent d’une chance réelle de remporter le titre.

Wolfgang von Trips, de son vrai nom complet (tenez-vous bien) Wolfgang Alexander Albert Eduard Maximilian Reichsgraf Berghe von Trips, était un aristocrate, un noble allemand qui possédait un excellent coup de volant. Né en 1928, il a commencé en F1 en 1956 en pilotant pour Ferrari. La saison 1961 lui apporte beaucoup de succès, car il remporte deux victoires et termine deux fois second au cours des six premières épreuves de la saison.

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Wolfgang von Trips

À Monza, il décroche la première pole position de sa carrière devant le tout jeune Ricardo Rodriguez (Ferrari), puis Ginther, Phil Hill, Graham Hill (BRM) et Giancarlo Baghetti (Ferrari), ce qui place quatre Ferrari 156 à l’avant du peloton. On comprend que les Ferrari, puissantes, vont jouer de l’aspiration afin de s’échapper du reste du peloton.

La course démarre et à la fin du premier tour, Phil Hill mène devant Ginther, Rodriguez, Jim Clark sur une Lotus 21 et Jack Brabham sur une Cooper T58.

Clark sait que sa Lotus n’est pas aussi puissante que les Ferrari et il ne peut rien faire quand il est doublé par von Trips. Mais sur ce circuit où l’aspiration joue un rôle crucial, Clark place sa Lotus juste derrière la Ferrari et gagne ainsi quelques km/h. À la fin du second tour, les deux voitures roulent comme soudées l’une à l’autre à plus de 240 km/h à l’approche de la fameuse Parabolica. 

La Ferrari est projetée dans la foule

Alors que Clark profite de l’aspiration et tente de doubler la Ferrari, von Trips commence à freiner et se déplace vers la Lotus. Les roues des deux voitures se touchent et la Ferrari, déséquilibrée, tire brusquement vers la gauche et escalade brutalement la butte de terre qui longe la piste, là où sont massés des centaines de spectateurs. La Lotus, endommagée, s’immobilise non loin du point de contact et Clark n’a rien. Von Trips, surnommé “Taffy” par ses pairs, est éjecté du cockpit. La Ferrari effectue un tonneau et fauche la ridicule petite clôture qui devait protéger les amateurs qui sont percutés par le lourd bolide en perdition.

Le corps de von Trips gît inanimé par terre. Des dizaines de spectateurs ont été blessés ou tués par la Ferrari. On compte 11 morts (trois autres personnes mourront plus tard à l’hôpital), plus le pauvre von Trips, tué sur le coup et dont la dépouille est transportée à la va-vite par des ambulanciers qui traversent la piste en courant alors que la course n’est même pas stoppée !

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En fait, les organisateurs de l’épreuve ont affirmé ne pas avoir arrêté la course afin d’éviter que la foule ne quitte le circuit d’un coup, ce qui aurait forcément engorgé les routes d’accès au circuit et terriblement nuit aux opérations d’évacuation des spectateurs blessés.

En piste, Phil Hill et Ginther s’échangent la tête jusqu’à ce que Hill ne la prenne pour de bon au 14e passage. Derrière lui, Ginther abandonne sur bris de moteur, ce qui laisse Dan Gurney sur la Porsche 718 et Stirling Moss, au volant d’une Lotus 21, batailler pour la seconde place. Par contre, Moss abandonne au 36e tour sur bris de roulement de roue.

Bruce McLaren en profite pour grimper au troisième rang derrière Hill et Gurney et devant la Cooper T53 privée de Jackie Lewis et la BRM P48/57 de Tony Brooks. Ces quatre concurrents seront les seuls à avoir parcouru les 43 tours de la course.

Phil Hill, excellent pilote d’endurance, a démontré qu’il pouvait aussi être un remarquable pilote de Grand Prix. Il remporte le titre 1961 par un petit point devant von Trips. Hill devient aussi le premier Américain à remporter le Championnat des pilotes, 17 ans avant son compatriote, Mario Andretti.

Néanmoins, Hill ne peut célébrer son triomphe, écrasé par la douleur d’avoir perdu un un coéquipier, un confrère, un ami.

Phil Hill

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