Rétro 1973 - La Rondel/Token RJ02 de Formule 1

Au début des années 70, Ron Dennis, jeune dirigeant d’entreprise, a lancé son projet de produire sa propre voiture de Formule 1. Retour sur cette aventure.

David Purley, Token RJ02

David Purley, Token RJ02

LAT Images

L'écurie Rondel Racing F2 de Formule 2 avec Clive Walton, Ron Dennis, Neil Trundle et Preston Anderson
Tom Pryce, Token RJ02
Tom Pryce, Token RJ02
Tom Pryce, Token RJ02
David Purley, Token RJ02
David Purley, Token RJ02
David Purley, Token RJ02
Christian Vanhee, Token RJ02

Quelques années auparavant, Ron Dennis et Neil Trundle, qui étaient tous deux mécaniciens de l’écurie de Formule 1 Brabham, décident de voler de leurs propres ailes et fondent leur écurie : Rondel.

"Je faisais un peu de Formule 3 et d'IndyCar quand Jack [Brabham] a pris sa retraite. Ron [Dennis] m'a alors approché pour courir en Formule 2. Nous avons alors fondé Rondel [formé de leurs deux noms]", nous a raconté Trundle en exclusivité, il y a de cela quelques années.

"En 1973, nous avons construit notre propre monoplace de F2, parce que Bernie [Ecclestone, qui avait racheté Brabham] n'était pas intéressé [par le fait de] vendre ou louer de ses voitures. Nous avons produit une dizaine de monoplaces de F2."

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Trundle poursuit : "Dès le début, tout ce que nous faisions chez Rondel était ce qu'il y avait de mieux. Nous nous déplacions avec des camions et des auvents comme les autres équipes, mais c'était 100 fois mieux. Nos voitures étaient meilleures et la finition était irréprochable."

L’écurie Rondel a remporté cinq titres de Formule 2 et faisait courir plusieurs pilotes français dont Bob Wollek, Henri Pescarolo et Jean-Pierre Beltoise. Motul était un sponsor majeur et l’équipe comptait aussi deux partenaires financiers : Tony Vlassopulos, fils d’un riche armateur grec, et Ken Grob, un courtier en assurance de Londres. "Nous avons commencé à travailler sur notre propre voiture de F1 qui devait porter le nom de Rondel ou de Motul", poursuit Trundle.

"Ray Jessop a dessiné la voiture pour la saison 1974. Mais c'était à la fin de 73, et nous avions la semaine de trois jours et la crise du mondiale du pétrole. C'était une période difficile au Royaume-Uni et nous n'avions plus d'argent dans les caisses. Nous venions d'emménager dans une nouvelle usine qui était exceptionnelle. Rondel a dû cesser ses activités à la fin de l'année."

La voiture de F1 était alors à moitié terminée. "Ron [Dennis] est allé faire autre chose, tandis que Vlassopulos, Grob et moi-même avons pris la Rondel F1 et l'avons renommé Token", nous raconte Trundle. Le nom provenait de la contraction des deux prénoms des actionnaires.

"Chris Lewis et moi avons terminé la construction la voiture. Oui, deux personnes seulement et sans beaucoup d'argent. Nous avons demandé à Tom Pryce de la conduire, car il pilotait déjà pour nous en F2."

Une autre F1 d'un "garagiste"

La Token RJ02 était une typique kit car britannique : châssis en aluminium avec quatre réservoirs d’essence latéraux, suspensions à basculeurs qui activent des combinés ressorts/amortisseurs, freins à disques en fonte Lockheed, moteur Ford Cosworth, boîte de vitesses Hewland et pneus Firestone montés sur des roues de 13 pouces. Le nez de la voiture était écrasé ; pas pour des raisons aérodynamiques, mais pour donner un look unique à la monoplace et pour y loger un radiateur. On note aussi l’absence d'une boîte à air et de carrosserie autour du moteur.

La petite équipe Token Racing se rend au circuit de Silverstone en mars 1974 pour y disputer sa première course, le BRDC International Trophy, une épreuve hors-championnat.  

"Tom n’a pas participé aux essais, il s’est qualifié en fond de grille [32e] et a dû abandonner à cause d'une tringlerie de boîte de vitesses cassée. À Zolder, il s'est qualifié 20e, a crevé un pneu et a abandonné après une collision [avec la Tyrrell-Ford de Jody Scheckter]. Il roulait vraiment bien", ajoute Trundle.

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La RJ02 évolue : on lui greffe des ailerons à l’avant, on modifie le nez afin de le rendre moins profond et on ajoute une volumineuse prise d’air pour le moteur Cosworth.

"Puis, ce fut Monaco. Les constructeurs, Bernie [Ecclestone] et les autres patrons d’écuries, avaient inscrit trop de voitures, et ils ont refusé de nous laisser participer au Grand Prix. Nous étions très contrariés. C’est à ce moment que Shadow a engagé Pryce", précise le Britannique.

"J'ai fait une autre course à Brands Hatch avec David Purley, qui ne s'est pas qualifié. À ce moment-là, j'étais épuisé, fini et je suis parti", raconte Trundle qui s’occupe aujourd’hui d’entretenir les voitures historiques au McLaren Technology Centre à Woking, où nous l’avions rencontré.

Token Racing disputa ensuite deux Grands Prix avec Ian Ashley comme pilote. Le jeune Britannique se classe 14e en Allemagne, mais termine non-classé en Autriche à cause d’un problème de roue. Fin de l’écurie Token. La RJ02 fut ensuite vendue à John Thorpe de Safir Engineering qui lui fait disputer quelques courses de F1, sans grands succès.

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