Rétro 1979 - Le retour d’Alfa Romeo en F1

Entre ses titres mondiaux acquis au début des années 1950 et son grand retour annoncé en début d'année, Alfa Romeo a couru en Formule 1 à l’époque des terribles bolides à effet de sol.

Bruno Giacomelli, Alfa Romeo 177

Bruno Giacomelli, Alfa Romeo 177

Rainer W. Schlegelmilch

Lors de la première saison du Championnat du monde de Formule 1 moderne, organisée en 1950, Giuseppe Farina remporta le titre aux commandes d’une Alfa Romeo 158. Puis, l’année suivante, Juan Manuel Fangio répéta l’exploit pour le constructeur automobile italien. À la fin de la saison 1951, en pleine gloire, Alfa Romeo quitta le monde de la F1.

Lire aussi :

Mais le virus de la compétition avait infecté les dirigeants de l’entreprise. La tentation de revenir en Grand Prix fut finalement trop forte et Alfa Romeo fabriqua un moteur V8 de trois litres, le T33, qu’elle fournit à McLaren en 1970 et à March en 1971. Alfa d’intéressa à l’Endurance et le patron du département de compétition, Carlo Chiti, produisit un moteur 12 cylindres à plat pour propulser les fameuses 33TT12 et 33SC12.

Un retour avec Brabham

Nous sommes fin 1975. Alfa Romeo, toujours tenté par la F1, devient le motoriste de l’écurie Brabham de Bernie Ecclestone. Le moteur 115-12, un 12 cylindres à plat dérivé du bloc d’Endurance et qui développe 520 chevaux à 12 000 tours/minute, va successivement propulser les BT45, BT46 et BT48, avec, à la clé, seulement deux victoires acquises par Niki Lauda.

Toutefois, courant 1977, le directeur général d’Alfa Romeo, Ettore Massacesi, donne le feu vert à Autodelta, la filiale sportive dirigée par Chiti, pour la production d’une F1 100% Alfa. Cette décision crée de vives tensions entre la haute direction d’Alfa Romeo et Ecclestone. Ce dernier juge que le contrat qui lie les deux parties oblige le constructeur automobile italien à concentrer ses efforts sur son écurie et empêche moralement Alfa d’inscrire une voiture rivale à ses Brabham.

Lire aussi :

Chiti et son équipe respectent la décision de leur patron, se mettent au travail et produisent l’Alfa T177, châssis 001, qui ne sera terminée qu’en mai 1978. Toutefois, c’est justement à ce moment que Lotus introduit en F1 sa fabuleuse 79 qui exploite l’effet de sol. Toutefois, une “wing car” efficace exige des pontons déporteurs très larges et un moteur étroit, ce qui n’est pas le cas du 12 cylindres à plat Alfa Romeo.

Bernie Ecclestone et son designer, Gordon Murray, désirent évidemment produire une Brabham à effet de sol. Ils brandissent le contrat de fourniture de moteurs à Chiti et lui commandent de concevoir un nouveau moteur en V. Chiti et son équipe se remettent au travail et parviennent à fabriquer un nombre suffisant de V12 à 60 degrés en un temps record. Le production de ce bloc étroit a néanmoins mis un sérieux coup de frein au développement de l’Alfa T177. Plusieurs amateurs sont convaincus qu’il s’agit d’un coup monté par Ecclestone pour retarder le retour officiel d’Alfa en F1.

Bruno Giacomelli, Alfa Romeo 177

Bruno Giacomelli, Alfa Romeo 177

Photo de: Sutton Motorsport Images

Premier Grand Prix de l'Alfa Romeo T177 en Belgique sur le circuit de Zolder.
Bruno Giacomelli, Alfa Romeo 177

Bruno Giacomelli, Alfa Romeo 177

Photo de: LAT Images

La T177 n'était pas une véritable voiture à effet de sol, mais elle était quand même munie de jupes latérales coulissantes.
L'ingénieur Carlo Chiti d'Alfa Romeo discute avec Henri Pescarolo.

L'ingénieur Carlo Chiti d'Alfa Romeo discute avec Henri Pescarolo.

Photo de: Rainer W. Schlegelmilch

À gauche, Carlo Chiti qui dirigeait Autodelta, le département de compétition d'Alfa Romeo.
Bruno Giacomelli, Alfa Romeo 177

Bruno Giacomelli, Alfa Romeo 177

Photo de: Sutton Motorsport Images

Vue latérale de la T177.
Elio de Angelis, Shadow DN9 s'accidente dans l'arrière de Bruno Giacomelli, Alfa Romeo 177

Elio de Angelis, Shadow DN9 s'accidente dans l'arrière de Bruno Giacomelli, Alfa Romeo 177

Photo de: Sutton Motorsport Images

Le Grand Prix de Belgique de Bruno Giacomelli s'achève brusquement quand Elio de Angelis le percute lors d'un freinage.
Bruno Giacomelli, Alfa Romeo 177

Bruno Giacomelli, Alfa Romeo 177

Photo de: Sutton Motorsport Images

Premier Grand Prix de la T177 à Zolder en Belgique.
Bruno Giacomelli, Alfa Romeo 177

Bruno Giacomelli, Alfa Romeo 177

Photo de: Rainer W. Schlegelmilch

L'Alfa Romeo T177 au Grand Prix de France sur le tracé de Dijon-Prenois.
Vittorio Brambilla, Alfa Romeo 177

Vittorio Brambilla, Alfa Romeo 177

Photo de: LAT Images

Le vétéran Vittorio Brambilla au volant de la T177 à Monza en Italie. La voiture avait été peinte aux couleurs du drapeau national italien.
Bruno Giacomelli, Alfa Romeo 179

Bruno Giacomelli, Alfa Romeo 179

Photo de: Sutton Motorsport Images

Bruno Giacomelli et Vittorio Brambilla aux commandes des nouvelles Alfa Romeo T179 au Grand Prix du Canada à Montréal.
9

Cette T177 est donc déjà dépassée technologiquement avant même d’avoir bouclé un tour de piste. Avec ses formes bulbeuses et son apparence pataude, elle est munie de larges pontons qui ne logent que des profils d’ailes inversés très discrets. À noter que les pontons sont quand même équipés de jupes latérales coulissantes.

Le châssis monocoque a été réalisé en panneaux d’aluminium rivetés. Les suspensions disposent de triangles superposés qui activent des combinés ressorts/amortisseurs. Les disques de frein sont en fonte, et les étriers Lockheed à double pistons serrent des plaquettes Ferodo. Les freins avant sont logés dans les roues tandis que les freins arrière sont embarqués (inboard) et accolés à la boîte de vitesses. Avec ses deux réservoirs d’essence d’une capacité totale de 200 litres, la T177 accuse un poids correct de 600 kg.

Niki Lauda en renfort

Les essais en piste débutent (avec un certain retard) en mai 1978 sur la piste de Balocco, qui appartient à Alfa Romeo, avec le vétéran Vittorio Brambilla au volant. La voiture est chaussée de pneus Pirelli qui n’est pourtant pas impliqué en F1. On note, à l’arrière de la voiture, un volet intégré à la carrosserie et non pas un aileron traditionnel.

En août, la T177 est adaptée aux pneus Goodyear et Alfa Romeo procède à d’autres essais sur le circuit du Castellet dans le sud de la France avec Brambilla et Niki Lauda, prêté par Ecclestone. Simultanément, Chiti et son staff travaillent d’arrache-pied pour concevoir et fabriquer le lot de nouveaux moteurs V12 pour Brabham.

Une fois l’hiver 78/79 passé, les essais reprennent avec Giorgio Francia, pilote d’essais Alfa Romeo, et Bruno Giacomelli qui vient d’être couronné Champion de Formule 2.

Lire aussi :

La T177 est finalement inscrite au Grand Prix de Belgique le 13 mai 1979 à Zolder. Chiti sait que la voiture ne sera pas très compétitive, mais il désire roder son équipe avant l’arrivée de la nouvelle monture, la T179 à effet de sol qui sera munie du nouveau moteur V12.

Giacomelli se qualifie en 14e position, ce qui est fort raisonnable, mais abandonne en course au 21e tour après avoir été percuté par la Shadow d’Elio de Angelis lors d’un freinage. En France sur le circuit de Dijon-Prenois, Giacomelli se qualifie et se classe 17e. Brambilla effectue ensuite des essais sur le circuit de Hockenheim en Allemagne.

Lors du Grand Prix d’Italie à Monza, Alfa Romeo inscrit deux voitures : la T177 est laissée à Brambilla (qui se qualifie au 22e rang et termine 12e) tandis que la nouvelle T179 est confiée à Giacomelli qui effectue un tête-à-queue qui met fin à sa course au 28e tour après avoir démarré de la 18e place.

Autodelta délaisse sa T177, largement dépassée, et place tous ses efforts dans la production des autres exemplaires de la T179 destinés à la saison 1980. La T177 dispute néanmoins sa dernière course à l’occasion du Grand Prix Dino Ferrari, une épreuve hors-championnat, organisée le 16 septembre à Imola. Brambilla, au volant de la T177, se qualifie sixième et termine neuvième sur les 16 pilotes inscrits.

Après, c’en est terminé de la T177-001 qui prend le chemin du musée Alfa Romeo situé à Arese près de Milan.

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Hamilton juge les pneus 2019 un peu "trop durs"
Article suivant Le "travail incroyable" pour les dépassements emballe certains pilotes

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France