Keke Rosberg, le champion que l'on n'attendait pas
Il y a 70 ans naissait Keke Rosberg. Retour sur le titre acquis, un peu par surprise, par le Finlandais avec Williams il y a 36 ans, à l'issue d'une saison dramatique dans tous les sens du terme.
Photo de: Williams F1
Rétro : Dans l'Histoire des sports méca
Sur deux ou quatre roues, replongez-vous dans l'Histoire des sports mécaniques, celle qui a écrit la légende des hommes et des machines durant des décennies.
Keijo Erik Rosberg, dit "Keke", a déjà presque 30 ans lorsqu'il débarque pour la première fois en Formule 1, début 1978. Avant cela, le natif de Solna (en Suède) avait écumé les formules monoplaces, notamment en Formule 2, où il n'était d'ailleurs jamais vraiment sorti du lot.
Une première année en Formule 1 quelque peu chaotique, puisque le Finlandais y a connu pas moins de quatre changements d'équipe, faisant l'aller-retour entre les écuries Theodore Racing et ATS, avec pour meilleur résultat une dixième place à Hockenheim. Ce fut pire encore l'année suivante, en 1979, quand Rosberg ne rejoignait le championnat qu'à la mi-saison au sein de l'écurie Wolf, où il connut un véritable calvaire avec, sur huit courses, une neuvième place, six abandons, et une non-qualification.
L'année 1980 s'annonçait sous de meilleurs auspices, avec une nouvelle collaboration, cette fois avec l'équipe Fittipaldi, avec laquelle il signait son premier podium (troisième) lors de la manche d'ouverture à Buenos Aires. Mais les performances des voitures de l'écurie brésilienne chutèrent par la suite, et le Finlandais ne put répéter son exploit brésilien. Alors que l'équipe Fittipaldi continuait sa chute, Rosberg s'employait surtout à tenter de se qualifier lors de la saison 1981, ce qu'il ne fit qu'à… trois reprises.
Nouvelle vie avec Williams
L'annonce de la retraite d'Alan Jones - champion du monde 1980 - à l'issue de cette même année, et son départ de chez Williams, constituèrent le tournant de la carrière de Keke Rosberg. Séduit par le caractère bien trempé du Finlandais, qui lui rappelait sans nul doute le côté bourru de Jones, Frank Williams accueillait le bouillant finlandais dans son équipe pour la saison 1982 aux côtés de son leader, l'Argentin Carlos Reutemann.
Mais, avec des FW07C vieillissantes (avant leur remplacement par les nouvelles FW08 à partir de la cinquième manche en Belgique) et un moteur Cosworth atmosphérique des plus conventionnels, l'écurie Williams ne partait pas favorite face aux équipes Renault, avec sa paire d'as tricolores Alain Prost-René Arnoux, Brabham, avec le champion sortant Nelson Piquet, et surtout le clan Ferrari qui, avec des 126C2 (à moteur turbo comme les Renault et bientôt la Brabham de Piquet) au-dessus du lot et surtout son duo magique Gilles Villeneuve-Didier Pironi, avait la faveur des pronostics.
1982, l'année terrible...
La saison démarrait sur fond de polémique, avec le conflit opposant la FISA, l'autorité gouvernante, et la FOCA, l'association des constructeurs de la F1 dirigée par Bernie Ecclestone, au sujet des conditions d'attribution de la nouvelle super licence. Une grève des pilotes menaçait même la tenue du premier Grand Prix de l'année, en Afrique du Sud, une course finalement disputée et remportée par Alain Prost, ce dernier enchaînant sur un second succès d'affilée (sur tapis vert) au Brésil.
Après une troisième manche remportée à Long Beach par la McLaren du revenant Niki Lauda, la crise entre la FISA et la FOCA atteignait son paroxysme avant Imola, où l'ensemble des écuries (principalement britanniques) ralliées à la FOCA décidaient de boycotter l'épreuve, au contraire des équipes Renault, Ferrari ou Alfa Romeo notamment, fidèles à la FISA. Alors que 14 voitures seulement avaient pris le départ, la lutte se résumait finalement à un duel interne entre les pilotes Ferrari, Pironi s'imposant en violant le pacte de non-agression passé avec son équipier Villeneuve.
Alors que le plateau était à nouveau réuni deux semaines plus tard à Zolder, Gilles Villeneuve, surmotivé par la "trahison" de son équipier à Imola, était victime d'un accident fatal durant les qualifications. Le lendemain, John Watson imposait sa McLaren dans la tristesse.
Et Keke Rosberg alors ? Bombardé leader de l'écurie Williams après que Carlos Reutemann ait claqué la porte de l'équipe britannique au bout de deux Grands Prix (Mario Andretti avait assuré l'interim avant l'arrivée de Derek Daly), ce dernier avait connu un début de saison en dents de scie, avec deux deuxièmes places, une cinquième en Afrique du Sud, mais également une disqualification au Brésil (où il s'était classé deuxième derrière Nelson Piquet lui aussi exclu), sans parler de son absence à Imola.
Champion du monde avec une seule victoire
Rosberg allait continuer sur ce rythme lors des autres courses, alternant entre les top 4 et les abandons, dans l'ombre de Didier Pironi, leader du championnat et favori pour le titre. Mais le tricolore connaissait à son tour un effroyable accident, à Hockenheim, qui faillit lui coûter la vie et qui mit fin à sa saison - comme à sa carrière en F1.
Dès lors, Rosberg commençait à croire en ses chances. D'autant que l'accident de Pironi marquait également la montée en puissance de "Keke", avec une troisième place à Hockenheim, une deuxième place en Autriche puis une toute première victoire en Formule 1 lors du Grand Prix de Suisse… à Dijon.
À deux courses de la fin, ce succès permettait au Finlandais de s'emparer de la première place du championnat au détriment du malheureux Pironi, mais Alain Prost ainsi que les pilotes McLaren, John Watson et Niki Lauda, étaient eux aussi en mesure de rafler la mise.
Si Rosberg enregistrait une décevante huitième place à Monza, il conservait le commandement avant l'ultime manche de la saison à Las Vegas. Cinquième d'une course remportée par la Tyrrell de Michele Alboreto, Keke Rosberg s'assurait le titre de champion du monde. Il devenait le premier pilote finlandais sacré en F1, et également le premier pilote depuis Mike Hawthorn en 1958 à être titré après n'avoir remporté qu'une seule course.
Pas moins de 11 pilotes différents se sont imposés en 16 courses lors de cette saison tragique, également marquée par la mort de l'Italien Riccardo Paletti au volant de son Osella, au départ du Grand Prix du Canada.
Par la suite, Keke Rosberg allait demeurer fidèle à Williams pendant encore trois saisons, décrochant quatre autres victoires dont une dernière à Adélaïde, quelques mois après la naissance du petit Nico, avant de rejoindre McLaren pour la saison 1986. Après cette ultime saison passée aux côtés d'Alain Prost, qui s'en allait décrocher son deuxième titre mondial, Rosberg décidait de mettre un terme à sa carrière dans la discipline reine.
Et le Team Rosberg lança Nico...
Par la suite, Rosberg s'est orienté vers les sports prototypes, vivant le début de l'aventure des Peugeot 905 en 1990 et 1991, puis en DTM jusqu'à la fin des années 90. Il a également fondé le Team Rosberg pour courir dans le championnat de supertourisme allemand, où la structure est encore présente aujourd'hui. Le Team Rosberg a également brillé en formule monoplace, avec notamment le titre en F3 allemande en 2002 pour Gary Paffett.
Cette même année, Nico Rosberg débutait en Formule BMW, et décrochait le titre pour sa première saison dans la discipline dans le giron de l'équipe paternelle, avec laquelle il allait encore grimper en Formule 3 Euroseries pour deux saisons avant son titre en GP2 avec ASM en 2005, puis son accession en F1 en 2006, jusqu'au titre mondial en 2016.
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