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Grosjean : "Peut-être que ma génération était la mauvaise…"

Romain Grosjean est-il arrivé en Formule 1 au mauvais moment ? C'est ce que suggérait le tricolore en se confiant sur la fin de sa carrière dans la discipline, avant que celle-ci ne soit précipitée par l'accident effroyable de Bahreïn.

Troisième place pour Romain Grosjean, Lotus F1 Team

Photo de: LAT Images

Rares sont les pilotes de Formule 1 qui ont l'opportunité de courir pour un top team, et bien qu'ayant fait partie d'une écurie Lotus qui jouait régulièrement le podium en 2012 et en 2013, Romain Grosjean estime ne pas avoir eu cette chance, lui qui s'apprête à conclure sa carrière avec dix podiums à son actif mais aucune victoire.

"Quand j'y pense, peut-être que la génération 1986/1987 était la mauvaise", déplore Grosjean, lui-même né en 1986, dans le podcast In The Pink. "Paul di Resta, Nico Hülkenberg, moi-même, même Sébastien Buemi [né en 1988] un peu. Nous sommes tous arrivés à un moment où les baquets des top teams étaient pris, les vieux pilotes n'allaient pas encore quitter la Formule 1, les jeunes sont arrivés juste après et on peut dire que nous n'avons jamais vraiment eu notre chance. C'est comme ça, on ne peut pas y faire grand-chose."

Bien entendu, un pilote comme Sebastian Vettel, né en 1987, a rapidement rejoint le top team qu'est Red Bull pour remporter quatre titres mondiaux, tandis que Lewis Hamilton et Nico Rosberg ont également eu beaucoup de succès, eux qui sont nés un an avant Grosjean. Interrogé par Motorsport.com, ce dernier précise qu'il faisait référence aux pilotes "arrivés en Formule 1 en même temps que [lui]".

"Certes, si on prend le chiffre pur, en 1987 il y a un mec qui est quatre fois Champion du monde, mais Vettel a commencé très, très jeune, il est arrivé en Formule 1 avant moi", souligne le Français, qui fait de nouveau référence à ses anciens rivaux de F3 Euro Series, à savoir Di Resta, Hülkenberg et Buemi. "Jules [Bianchi], on ne sait pas ce que ça aurait donné", ajoute-t-il. "Mais nous n'avons jamais eu notre chance."

Romain Grosjean célèbre la victoire sur le podium avec Vitaly Petrov et Sebastien Buemi

Romain Grosjean sur le podium avec Vitaly Petrov et Sébastien Buemi en GP2

"La génération 1985 et Vettel, qui est de 1987 mais qui était très, très jeune dans sa carrière, sont arrivés et ont pris les places jeunes. Et on avait des Michael [Schumacher], des [Rubens] Barrichello, des [Jenson] Button qui étaient en place et qui ne partaient pas. Mais si vous regardez tous les mecs contre qui j'ai fait de la course automobile jusqu'au plus haut niveau, il n'y en a pas un qui a eu la chance d'avoir un top team."

Comment a évolué le line-up des top teams ?

Il est intéressant de constater l'évolution du line-up des top teams de 2009, date des débuts de Grosjean en Formule 1, à 2016, sa première année chez Haas, en passant par sa première campagne complète dans la discipline en 2012 et ses saisons fructueuses chez Lotus cette année-là et la suivante.

Brawn GP avait aligné un duo très expérimenté composé de Jenson Button et de Rubens Barrichello pour sa campagne victorieuse en 2009, avant d'être racheté par Mercedes, qui a fait confiance à Michael Schumacher et à Nico Rosberg (né en 1985, débuts en 2006) pour 2010. Ce duo est resté inchangé jusqu'à la retraite du septuple Champion du monde fin 2012, lorsqu'il a été remplacé par un certain Lewis Hamilton (né en 1985, débuts en 2007). Quand Rosberg a créé la surprise en prenant sa retraite fin 2016, quasiment tous les pilotes étaient engagés ailleurs, dont Grosjean chez Haas, et c'est Valtteri Bottas (né en 1989, débuts en 2013) qui a pu se libérer de son contrat Williams.

McLaren avait Lewis Hamilton et Heikki Kovalainen (né en 1981, débuts en 2007) dans ses rangs en 2009, mais la saison médiocre du Finlandais et l'intérêt mutuel avec Jenson Button ne laissaient pas d'hésitation quant au transfert à réaliser pour 2010. Button et Hamilton ont fait équipe jusqu'au départ du Champion du monde 2008 trois ans plus tard, après quoi Sergio Pérez (né en 1990, débuts en 2011), a été recruté, fort de deux belles saisons avec Sauber. Depuis lors, McLaren n'est plus un top team.

Chez Red Bull, l'expérimenté Mark Webber et le jeune Sebastian Vettel (né en 1987, débuts en 2007) ont été associés de 2009 à 2013 avec un certain succès, et lorsqu'il a fallu remplacer le vieillissant Australien, la marque au taureau a logiquement pioché parmi ses protégés et offert le baquet à son compatriote Daniel Ricciardo (né en 1989, débuts en 2011). Vettel est parti un an plus tard, permettant la promotion précipitée de Daniil Kvyat (né en 1994, débuts en 2014) avant l'ascension éclair de Max Verstappen (né en 1997, débuts en 2015), qui a accédé à l'écurie mère dès le printemps 2016.

Enfin, chez Ferrari, Felipe Massa était associé à Kimi Räikkönen en 2009, mais le Finlandais est parti en rallye, laissant place à un autre Champion du monde en la personne de Fernando Alonso. Alonso et Massa ont fait équipe jusqu'à fin 2013, lorsque Räikkönen a fait son retour à Maranello, Vettel y remplaçant Alonso un an plus tard. Il a même fallu attendre le départ du Finlandais fin 2018 pour voir l'arrivée de la nouvelle génération, incarnée par Charles Leclerc (né en 1997, débuts en 2018). Aucun pilote ayant fait ses débuts entre 2008 et 2017 n'a jamais couru pour Ferrari. Or, c'est notamment le baquet de Massa qui était convoité par Grosjean.

Felipe Massa,  Ferrari F138 et Romain Grosjean,  Lotus E21

"Le seul regret que j'ai est peut-être que Lotus ait fait faillite en [2015]", déplore l'intéressé, à nouveau dans le podcast In The Pink. "Après une saison 2013 brillante, nous étions sur une belle lancée, et je n'ai pas reçu d'offre d'un top team à ce moment-là. Kimi est parti chez Ferrari, je suis resté chez Lotus et nous nous sommes juste effondrés. C'est très dur de remonter la pente quand on a été dans une équipe qui est si proche du fond de peloton. Puis j'ai relevé le défi Haas, qui était une excellente expérience également. Malheureusement, ces deux dernières années, nous n'avons pas vraiment pris le rythme ou passé la seconde après un super début. J'imagine que c'est le seul regret."

"Oui, j'ai fait des erreurs. J'ai parfois trop parlé, mais je dis toujours ce que je ressens. Je reconnais ensuite mes torts quand j'en ai. Mais je sais que j'aurais pu gagner des courses. Je ne regrette pas de en pas en avoir gagné car je sais que chaque fois que j'ai eu une opportunité, j'ai fait de mon mieux, j'ai fait tout ce que je pouvais. Je dirais que le seul regret est peut-être de ne pas avoir vraiment eu l'opportunité d'avoir une voiture compétitive et de continuer sur cette lancée après 2013."

Quant aux trois pilotes mentionnés par Grosjean, ils ont eux aussi évolué en milieu de grille, la plupart quittant la Formule 1 à un jeune âge en ayant eu moins d'opportunités que le Français. Sébastien Buemi a fait ses débuts chez Toro Rosso de 2009 à 2011, mais les places chez Red Bull étaient fermement prises par Sebastian Vettel et Mark Webber ; le Suisse a dû laisser place aux espoirs Jean-Éric Vergne et Daniel Ricciardo pour 2012. Nico Hülkenberg a eu la carrière la plus longue, mais les top teams lui ont toujours échappé, comme le podium, lui qui détient le record du nombre de Grands Prix (179) sans entrer dans le top 3. Quant à Paul Di Resta, ses trois saisons correctes chez Force India de 2011 à 2013 n'ont mené à rien, si ce n'est à une course en intérim chez Williams en 2017 et à un rôle de consultant Sky Sports F1. Génération perdue, ou génération moyenne ?

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