Russell et Pérez alimentent les paradoxes de la F1 pour 2021

L'impressionnante performance de George Russell pour Mercedes lors du Grand Prix de Sakhir montre ce à côté de quoi passe la Formule 1 en raison des différences de performances élevées entre les équipes selon certains pilotes, mais pas seulement.

Sergio Perez, Racing Point RP20, George Russell, Mercedes F1 W11

Sergio Perez, Racing Point RP20, George Russell, Mercedes F1 W11

Andy Hone / Motorsport Images

George Russell a livré un week-end de course fort remarqué à Bahreïn après avoir été appelé à la dernière minute par Mercedes pour remplacer Lewis Hamilton. Le jeune Britannique a fait forte impression dès sa prise de contact avec la Mercedes, lors de la première séance d'essais libres du vendredi. Puis il a confirmé sur la durée, luttant pour la pole position puis pour la victoire, qui lui a échappé au terme d'un scénario très malchanceux. Si beaucoup de ses rivaux disent ne pas être surpris que le jeune pilote, par ailleurs fort bien reconnu par ses pairs, s'en soit si bien sorti dès le départ, Carlos Sainz estime que la situation prouve que l'écart de performance entre les voitures du plateau est trop important pour permettre au talent de pilotage individuel des pilotes de proprement s'exprimer.

La remarque de Sainz n'est pas nouvelle et va de pair avec le concept même de sports mécaniques, qui veut que le matériel mis à disposition des pilotes soit inégal. Mais Sainz estime anormal que Russell ne puisse montrer son niveau de performance autrement qu'en ayant l'opportunité de monter dans une machine comme la Mercedes, et rappelle que cette situation concerne finalement l'essentiel du plateau. "Cela démontre simplement ce que manque la Formule 1 en ayant des voitures qui sont à deux secondes d'intervalle alors que l'ensemble du plateau pourrait se tenir en trois dixièmes de seconde grâce au talent présent sur la grille", affirme-t-il.

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"C'est dommage qu'un type qui se bat pour la P15 tous les week-ends, soudain, lorsqu'il est mis dans voiture gagnante, se retrouve à 20 millièmes de la pole. Pour moi, cela ne montre qu'une chose : que la F1 passe à côté de quelque chose et pourrait créer un spectacle bien plus incroyable en nivelant les choses un peu plus et permettant aux pilotes de plus faire la différence. Pour le moment, lorsque qu'il est à une ou deux secondes du rythme, on ne peut pas vraiment voir les deux derniers dixièmes qu'un pilote a pour faire la différence."

Une affirmation qui n'est pas tout à fait vraie compte tenu du fait que Russell était, bien avant sa pige Mercedes, réputé pour être un pilote très solide, notamment sur la base de ses performances impeccables en qualifications. Les réalisations du Britannique dans le domaine, qui classe plus souvent qu'à son tour sa Williams à une position qu'elle ne mérite théoriquement pas, a déjà fait dresser un certain nombre de comparaisons flatteuses, comme avec Fernando Alonso à l'époque de Minardi ou de Sebastian Vettel avec Toro Rosso.

Lando Norris, actuel coéquipier de Sainz chez McLaren, pense que la qualité du talent de la grille F1 fait que nombreux seraient les pilotes en mesure de reproduire ce qu'a réalisé Russell chez Mercedes avec le bon matériel entre les mains. Néanmoins, le Britannique reconnaît que Lewis Hamilton demeure quoi qu'il en soit un pilote à part qui, lorsqu'il est là, fait une réelle différence et ce, même avec la meilleure auto entre les mains. Peu de pilotes seraient en mesure d'égaler son niveau de performance et sa régularité.

"Nous pouvons tous piloter des voitures extrêmement rapidement, et peut-être que c'est juste une voiture qui convient à George et qui convient probablement aussi à beaucoup d'autres pilotes", a-t-il déclaré. "Si vous voulez gagner un championnat, vous devez être dans une Mercedes. Je pense donc que beaucoup de pilotes pourraient faire quelque chose de similaire et, lors de certaines courses, être capables de combattre Valtteri ou Lewis. Mais il y a beaucoup [d'autres] traits qu'a Lewis, comme sa constance en pole sur la majorité des week-ends, ou la réalisation de courses sans fautes et sans erreurs. Je pense que ce sont ses qualités impressionnantes."

Sans mettre en doute le niveau de Russell, Norris s'autorise à penser que l'image vue sur le tracé ovale de Sakhir a pu être particulièrement flatteuse pour le Britannique compte tenu des caractéristiques du tracé.

"Je pense que si l'on va à Abu Dhabi, peut-être que ce sera une histoire légèrement différente", ose-t-il. "Je pense qu'il s'agit d'une piste avec quatre virages [à Sakhir] et que s'il y a une piste sur laquelle il est un peu plus facile pour un pilote de sauter dans une nouvelle auto et de réaliser quelque chose de spécial, c'est probablement ici. Il sera donc intéressant de voir si George est dans la Mercedes le week-end suivant à Abu Dhabi et si ce sera la même histoire, s'il sera même plus rapide, ou s'il aura simplement un peu plus de mal car il ne connaîtra pas la Mercedes du bout des doigts comme c'est le cas de Valtteri."

Pérez vainqueur en Grand Prix mais sur la touche ?

Le deuxième Esteban Ocon, Renault F1, et le vainqueur Sergio Perez, Racing Point, se félicitent sur le podium

Quoi qu'il en soit, la situation est telle que, même si Russell obtient une nouvelle chance de rouler pour Mercedes en fin de semaine, son avenir à court terme s'écrit chez Williams. L'an prochain, il retrouvera une monoplace de fond de grille, à peine capable de se battre pour les points si l'on se base sur les performances de la FW43 cette année. Sa situation fait beaucoup parler, mais il en est une autre qui met en avant le manque de places en F1, et elle concerne évidemment le vainqueur de Sakhir, Sergio Pérez. Le Mexicain a su tirer son épingle du jeu quand Mercedes s'est pris dans le tapis, pour décrocher la première victoire de sa carrière. Et voici qu'un vainqueur de Grand Prix – référence peu anodine – pourrait se retrouver sans volant l'an prochain si jamais Red Bull lui préfère Alexander Albon ou Nico Hülkenberg.

"J'ai déjà de bonnes options pour 2022 mais ma meilleure option est évidemment de rester l'année prochaine", a rappelé le pilote Racing Point après son succès. "Si je dois m'arrêter, ce n'est pas un désastre, je peux revenir en 2022. La réglementation va tellement changer que, dans un sens, je pense que ça ne m'affectera pas trop pour retrouver mon niveau. Je suis en paix avec moi-même. Esteban [Ocon] a rappelé que des pilotes comme lui avaient été privés de baquet, c'est comme ça en F1. Ça peut être vraiment dur et ce ne sont pas les meilleurs pilotes qui sont en Formule 1, malheureusement."

Si Pérez fait allusion à Esteban Ocon, c'est parce que les deux hommes ont été coéquipiers chez Force India, avant que le Français se retrouve lui-même sans volant fin 2018. Une situation qu'il ne souhaite évidemment pas à son ex-voisin de garage. "C'est l'un des meilleurs ici, il ne peut pas se retrouver sur la touche", regrette Ocon. "Ce ne serait pas normal. Mais parfois, la F1 est comme ça, malheureusement, et ça ne se termine pas avec la meilleure des situations possibles. Pour ma part, ce fut une année difficile mais je suis entre de bonnes mains. J'ai beaucoup de gens qui croient en moi et me soutiennent, ce qui m'a aidé à revenir après une année sans courir. Voilà où nous en sommes."

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