Les simulations confortent le choix stratégique de Mercedes

L'exploitation des données disponibles après le Grand Prix de Turquie fait penser à Mercedes que la place de Lewis Hamilton dans le top 10 était menacée s'il ne s'était pas arrêté au stand.

Lewis Hamilton, Mercedes W12, dans les stands

Photo de: Glenn Dunbar / Motorsport Images

La stratégie de Mercedes au Grand Prix de Turquie le week-end dernier a beaucoup fait parler, mise en lumière par le désaccord qu'elle a provoqué, à chaud, entre Lewis Hamilton et son écurie. Ne s'étant pas arrêté au moment où ses adversaires directs l'ont fait pour chausser de nouveaux pneus intermédiaires, à une vingtaine de tours de l'arrivée, le septuple Champion du monde espérait aller au bout de la course sans passer par les stands. Il a finalement dû se résoudre à changer de pneus à huit boucles du but avant de terminer cinquième.

Ce choix, Mercedes l'a assumé alors que Pirelli a rapidement exprimé ses doutes quant à ce qui aurait pu arriver au pilote britannique. Certes, Esteban Ocon a réalisé le petit exploit de tenir tout le Grand Prix avec les mêmes gommes, mais le Français n'a sauvé sa place dans le top 10 que de justesse. D'ailleurs, dans les cinq derniers tours, il a perdu 18 secondes sur Lance Stroll, neuvième, et a devancé Antonio Giovinazzi de moins d'une seconde sur la ligne d'arrivée.

Des faits qui confirment les craintes qui se bousculaient dans les cerveaux des stratèges Mercedes sur le muret des stands. Ils l'assurent aujourd'hui, d'après les simulations et les données d'après-course dont ils disposent, tout porte à croire qu'il existait un sérieux risque de voir Hamilton terminer hors des points s'il avait gardé ses pneus usés jusqu'au bout, sauf s'ils ne s'étaient pas dégradés davantage. Un scénario peu probable.

"Si [les pneus] s'étaient stabilisés au moment où nous l'avons fait rentrer, et étaient restés complètement constants jusqu'à la fin, nous pensons que nous aurions perdu la position face à Sergio [Pérez], mais qu'il serait resté devant Charles [Leclerc] qui a terminé quatrième", suppose le directeur de l'ingénierie piste Andrew Shovlin, au micro de Motorsport.tv. "Mais ce scénario revient à dire qu'il n'y aurait plus eu de dégradation, et il est assez clair que les pneus chutaient."

"Le calcul que nous ne pouvions pas faire avant la fin de la course était de prendre en compte la dégradation que nous pouvions voir chez Esteban. C'est le seul qui a emmené un train d'intermédiaires jusqu'au bout. Si l'on superpose cette dégradation à Lewis, on peut voir qu'il perd de nombreuses places, et qu'il se retrouve presque hors des points. Sur la base de cette dégradation, il aurait même pu se retrouver à la lutte avec Sainz à la toute fin. C'est un calcul que l'on ne peut pas faire en direct, car on se base sur des informations d'après."

"Une prise de risque calculée"

Initialement, Mercedes voulait faire rentrer Hamilton juste après l'arrêt au stand de Pérez, mais le pilote a demandé à rester en piste. Compte tenu des conditions difficiles, l'équipe lui a fait confiance et l'a suivi dans cette prise de risque, jusqu'à un certain point.

"Le pilote est l'un des mieux placés pour savoir comment se comportent les pneus, pour savoir quelle est l'adhérence", explique Shovlin. "Ils ont le feeling, grâce à de nombreuses années d'expérience, pour savoir jusqu'où ils peuvent aller, et c'est pourquoi nous écoutons ce que dit Lewis dans de nombreux moments comme celui-ci. Mais lors de ces courses-là, c'est toujours très difficile de tout faire correctement. C'est juste qu'une partie de notre décision était de nous remettre en position de nous battre pour la victoire ou pour le podium. C'est ce qui a motivé une partie de la prise de risque, une prise de risque calculée, dans ce dernier tiers de la course."

Quand Mercedes a appelé Hamilton au stand à moins de dix tours de l'arrivée, le deuil d'un éventuel podium était déjà fait et il était question de limiter les dégâts, notamment en permettant au Britannique de reprendre la piste devant Pierre Gasly avant qu'il ne soit trop tard.

"Ça devient un peu un dilemme de parieur, où vous savez que vous n'avez pas fait la meilleure chose à ce moment-là, mais où vous vous demandez comment faire au mieux pour le reste de la course", admet Shovlin. "Il paraissait de plus en plus évident de devoir s'arrêter pour chausser un nouveau train, même si l'on avait passé la phase de graining, et c'était la chose la plus sûre à faire pour obtenir la meilleure position finale."

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