Steiner : "Gene Haas n'a jamais perdu son intérêt"

Malgré les mauvais résultats des dernières années, Gene Haas est toujours resté passionné par son écurie de Formule 1, assure Günther Steiner.

Guenther Steiner, team principal, Haas F1, et Gene Haas, propriétaire et fondateur, Haas F1

Photo de: Mark Sutton / Motorsport Images

Haas F1 Team est de retour aux avant-postes en cette saison 2022 de Formule 1 : Kevin Magnussen a atteint le top 10 à trois reprises lors des cinq premiers Grands Prix de la saison, que ce soit en qualifications ou en course, notamment qualifié quatrième à Imola et cinquième à l'arrivée à Bahreïn.

Voilà des résultats inédits depuis un sacré temps pour Haas, qui a passé les saisons 2020 et 2021 en fond de grille, en l'absence quasi-totale de développements dans l'attente de la nouvelle réglementation technique : l'écurie n'avait pas atteint de tels sommets depuis sa campagne la plus réussie, en 2018, où elle avait pris la cinquième place du championnat avec 93 points (même si elle aurait été sixième si Force India/Racing Point n'avait pas perdu son total de la première moitié de saison).

Dans le contexte de cette période de vache maigre, il est logique de se demander si le propriétaire de l'écurie, Gene Haas, a douté de vouloir poursuivre l'aventure. Dans un entretien accordé à GP Racing, le directeur d'équipe, Günther Steiner, assure que ce n'est pas le cas.

"Non, il a toujours été intéressé", répond Steiner. "Il n'appréciait pas les résultats, mais je lui ai expliqué pourquoi ils étaient ainsi. Et il a dit : 'Tu ne m'as pas menti'. Désormais, nous sommes de retour. Il n'a jamais perdu son intérêt. Il est un simple membre de l'écurie, avec l'avantage d'en être le propriétaire – ou le désavantage, comme vous préférez – et il est évidemment enthousiasmé par nos bons résultats. Mais il a toujours été derrière l'équipe, sinon il aurait arrêté. Ou l'aurait vendue. Il y avait plein de gens qui voulaient racheter l'écurie."

Voilà qui a le mérite d'être clair, de la part d'un Steiner qui, ces dernières années, bien qu'exaspéré par les incessantes questions sur un éventuel rachat de l'écurie, maintenait un discours cohérent : non, l'équipe n'est pas à vendre… même si elle pourrait l'être dans vingt ans ou plus, mais qui sait si nous serons encore là pour en parler !

Les points presse n'étaient forcément pas toujours aussi agréables qu'à l'accoutumée pour Steiner dans cette période, et en son for intérieur, l'Italien n'a pas manqué de remettre en question son implication en Formule 1 quand Mick Schumacher et Nikita Mazepin passaient leur temps en fond de peloton lors de la saison 2021.

"C'est toujours difficile à digérer", commente-t-il au sujet du manque de résultats. "On sait que le dimanche soir on ne va pas rentrer à la maison heureux. Quand on est dans l'avion du retour, surtout si le vol est long, c'est assez fatigant, parce qu'on se dit 'Mais pourquoi je fais ça ?', vous voyez ?"

Guenther Steiner, team principal, Haas F1, fête avec des membres de son équipe à la fin de la course

L'euphorie était au rendez-vous pour la cinquième place de Kevin Magnussen à Bahreïn

"Si cette année avait été aussi mauvaise que la précédente, je crois que j'en serais arrivé là [à envisager de quitter Haas F1, ndlr]. Il y a, je ne dirais pas une manière plus facile de gagner ma vie, mais une manière de gagner ma vie en étant plus heureux, sans être exposé."

Surtout, Steiner a eu la tâche délicate d'entretenir le moral des troupes quand les résultats n'étaient pas au rendez-vous. "Je ne suis qu'un seul membre de l'équipe", souligne le transalpin. "Imaginez ceux qui doivent rester au circuit pour démonter les voitures afin de préparer la course suivante, en sachant qu'elle ne sera pas meilleure ? Je pense qu'ils ont plus de mérite que moi, car le dimanche soir, je pars. La seule raison pour laquelle ils le font – évidemment, c'est de gagner sa vie, mais sinon, c'est quoi ? C'est qu'on veut avoir un résultat, avoir du succès."

"Ces gens-là sont suffisamment talentueux pour obtenir un autre emploi où ils ont moins de travail et peuvent gagner autant d'argent sans devoir faire 23 courses par an loin de leur famille pour tous ces efforts. Ces gens-là ont la même passion que moi : si on fait ça juste pour l'argent, on ne le fait pas longtemps, car le travail est simplement trop intense. Je pense que nous pourrions tous mieux gagner notre vie en faisant autre chose. Le résultat et le succès ont donc une importance pour nous."

"Mon explication était : nous avons fini cinquièmes [en 2018], alors pourquoi ne pourrions-nous pas récidiver ? Vous savez, nous ne l'avons pas fait par chance. Je pense que nous avons fait de l'excellent travail en 2018, et même en 2017 et en 2016 nous avons fait du bon travail, en tant que nouvelle écurie. Nous savions exactement pourquoi nous avons reculé en 2019. Nous avions la voiture, qui n'était pas bonne. Puis en 2020, forcément, si l'on ne fait pas de développement, où s'attend-on à être ? C'est logique. Et 2021, encore pire. Nous n'avons rien fait et avions deux rookies. Il fallait que j'explique ça aux gens en espérant qu'ils y croient. Pas en moi, mais en eux."

Haas est désormais dans la lutte pour la cinquième place du championnat, avec 15 points au compteur contre 16 pour AlphaTauri, 26 pour Alpine et 31 pour Alfa Romeo, mais si l'écurie espère atteindre ce niveau, il lui faudra que Mick Schumacher élève son niveau de jeu et parvienne à intégrer le top 10 en course. Le jeune Allemand attend encore son premier point dans l'élite, lui qui a fini 11e à Bahreïn.

Propos recueillis par Oleg Karpov

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