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Ces super circuits qui ne seront revenus ni en 2020, ni en 2021

Les circuits capables d'accueillir régulièrement ou ponctuellement la F1 ne manquent pas et le retour opportuniste de certains noms emblématiques au calendrier 2020 amène à se souvenir d'autres endroits que les fans de F1 contemporains gagneraient à connaître.

Rubens Barrichello, Stewart SF2

Rubens Barrichello, Stewart SF2

motosport.com

La pandémie de COVID-19 a forcé les promoteurs du Championnat du monde de Formule 1 à s'ouvrir à de nouvelles possibilités de dates et de lieux pour mettre en place un calendrier compacté sur quelques mois permettant de livrer une solide saison 2020 et d'éviter autant que possible de devoir se rendre plusieurs week-ends de suite sur les mêmes circuits pour arriver au bon compte d'épreuves.

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Une situation qui a permis de se souvenir de la grande qualité de certains tracés traditionnels européens ayant produit des courses franchement enthousiasmantes même sans public dans les tribunes, et de rappeler au bon souvenirs des fans de F1 d'autres endroits fantastiques visités ces dernières années par d'autres disciplines comme le GT, l'Endurance et le MotoGP, et regardés de haut par le Formula One Circus. Dans son aspect classique, la saison 2020 aurait déjà dû apporter sa dose de nouveauté, mêlant tradition et développement exotique : il faudra néanmoins encore attendre un an avant d'admirer les F1 modernes sur le spectaculaire banking de Zandvoort. L'inauguration du Grand Prix du Vietnam, à Hanoï, se fera vraisemblablement de son côté la même année que celle du tracé urbain saoudien de Qiddiya.

Avec le Mugello, Portimão, Imola, le Nürburgring ou encore l'Istanbul Park au menu, cet exercice 2020 très spécial aurait pu donner des idées aux responsables de la discipline en vue de l'établissement du calendrier 2021. Pourtant, la proposition faite aux équipes par la FOM pour un calendrier provisoire de 23 courses revient aux implacables contrats établis avec les localités habituelles et une foultitude d'endroits moins aimés des fans et partageant souvent comme caractéristique le fait d'avoir été conçus par l'architecte Hermann Tilke à grands renforts de fonds publics. Beaucoup de doute subsiste tout de même sur la réelle possibilité de donner corps à une telle proposition de calendrier pour l'an prochain, et nul doute que nombre de circuits fréquentés exceptionnellement cette saison (et d'autres) se maintiennent candidats à la tenue d'une manche.

Énumérons quelques tracés qui mériteraient bien une place au calendrier F1, quel que soit le contexte du moment !

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Espagne : MotorLand Aragón, Circuit de Navarre, Valence

 

Logé au nord de l'Espagne, à Los Arcos, le "Circuito de Navarra" est un complexe aussi peu connu qu'il est finalement intéressant en personne. Hi-tech et disposant d'infrastructures garages et paddock de premier plan, le circuit pensé pour accueillir des compétitions majeures et des tests n'a malheureusement pas autant contribué à créer un essor touristique aussi important que ne l'aurait souhaité la région, du fait de ne jamais être parvenu à cocher les cases permettant d'y envisager un grand rendez-vous à cause de son environnement. On y voit régulièrement des compétitions moto et GT, mais même les séries junior de monoplace n'y ont que très rarement posé les roues. L'isolement du circuit, à 1h45 de Bilbao via des routes aussi bucoliques que fatigantes, et le manque de capacité hôtelière dans un rayon de 100 km n'y sont pas pour rien. Le fait que Barcelone (également au nord du pays mais tout de même à 500 km à l'est) garde une place centrale dans les habitudes du monde des sports mécaniques en est une autre. Réalistiquement, ce projet, bien poussé, aurait pu avoir ses chances il y a dix ans, mais la fenêtre est passée.

Si la F1 devait un jour poser les roues sur un autre tracé espagnol, sans doute irait-elle tout de même au nord du pays en dépit de la présence en Andalousie de l'étroit tracé de Jerez de la Frontera, qui a écrit de grandes pages de l'Histoire de la discipline et continue à faire le bonheur des fans de MotoGP. Outre Valence (la piste permanente utilisée en MotoGP, pas le tracé portuaire urbain fréquenté par la F1) qui pourrait s'autoriser à rêver, c'est surtout à MotorLand Aragón que les amateurs de F1 gagneraient à découvrir une course, y trouvant sans doute là un sentiment de fraîcheur, de sophistication et d'organisation traditionnelle (mais moderne) aussi enthousiasmant qu'au Mugello ou à Portimão. Quant au tracé, il est tout simplement au top des standards mondiaux et apporte un réel challenge en suivant les éléments naturels de son environnement, à des années-lumière des "parkings" modernes créés dans les nouvelles destinations F1 et peu flattés par les objectifs TV et photo…

Afrique du Sud : Kyalami

 

Kyalami signifie "à la maison" en langue zoulou. Et c'était vraiment là que les sports mécaniques étaient en effet reçus comme chez eux entre 1967 et 1993 (en mettant entre parenthèses la période 1986-1991). Le Grand Prix d'Afrique du Sud se tenait traditionnellement tôt dans l'année (il a même eu lieu une fois le Jour de l'an !), apportant ainsi une saine bouffée d'air aux fans européens en plein hiver. L'emblématique tracé original de Kyalami est un enthousiasmant enchaînement comprenant une longue ligne droite en descente, des esses rapides et piégeurs et des courbes fluides que les F1 contemporaines avaleraient à fond.

Aucune proposition sportive se donnant le nom de "Championnat du monde" ne peut ignorer un continent dans son intégralité et l'Afrique est encore et toujours la grande absente du calendrier F1. L'Afrique du Sud a, à elle seule, suffisamment d'infrastructures et de culture F1 pour justifier une position au championnat. L'accueil d'une manche du calendrier requiert cependant une très puissante mise en place politique et économique, et proposer au promoteur de la discipline une certaine garantie d'établissement dans la durée. C'est la raison, malheureusement, pour laquelle un tel événement ne pourra probablement pas être organisé de sitôt.

Argentine : Buenos Aires

 

Le Grand Prix d'Argentine s'est tenu à Buenos Aires de 1953 à 1998 : certains de nos lecteurs nostalgiques s'en souviennent encore bien ! Toute discipline sportive parvenant à exister de manière régulière dans la presse argentine face au dieu football peut se targuer de compter. C'est le cas de la Formule 1, qui dispose encore d'une très importante communauté de fans passionnés en dépit du fait de ne plus avoir accueilli de Grand Prix sur son sol depuis 22 ans. Comme au Mexique, il suffirait de peu pour raviver la flamme à une échelle spectaculaire. Le pays vit bien entendu dans la nostalgie des succès de Juan Manuel Fangio, qui a longtemps été l'homme le plus titré de l'Histoire de la F1, avant que Michael Schumacher et Lewis Hamilton ne passent par là.

La raison pour laquelle l'Argentine a disparu du calendrier en 1999 en dépit de l'attachement de Bernie Ecclestone pour l'épreuve n'est autre que le fait que les financements devenaient difficiles à trouver pour les organisateurs, qui ne voyaient malheureusement pas de jeunes talents nationaux éclore et permettre un soutien inconditionnel de gros portefeuilles. Des soutiens qui se développaient alors sur d'autres territoires, tandis que le calendrier était encore bien loin de compter plus de la vingtaine d'événements qui semble maintenant vouloir devenir la norme (la saison 1998 se limitait à 16 précieuses épreuves). Comme partout, même si une intention semble exister dans la tête de certains politiciens argentins quant à la résurrection d'un événement local de premier ordre, l'argent demeure le nerf de la guerre et les projets et rumeurs de circuit urbain ayant circulé au fil des années n'ont jamais abouti à quoi que ce soit de concret.

Inde : Circuit International de Buddh

 

Il semble un peu difficile de défendre la tenue d'un Grand Prix d'Inde au premier abord lorsque l'on a pu constater à quel point les fameux circuits européens arrivés sur le fil lors de cette saison 2020 ont coché la majorité des cases définissant selon les fans un bel événement. Le Circuit International de Buddh, lui, n'a pas forcément marqué les esprits de la même manière au cours des trois éditions qui se sont déroulées en 2011, 2012 et 2013… Tout du moins, chez nous. Car l'Inde demeure bien le pays le plus peuplé de la planète et fait partie des fameux BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), ces pays au développement massif au sein desquels naissent plus qu'ailleurs des quantités gigantesques de nouveaux foyers appartenant aux classes moyenne ou aisée. L'Inde tente par ailleurs activement de développer une culture nationale des sports mécaniques. Un Grand Prix local est un élément crucial pour soutenir l'ensemble de l'initiative.

Les deux premières éditions du GP ont apporté leur dose de folklore et d'inconstance dans l'organisation, difficilement pardonnable alors que l'on voyait aussi la minutie appliquée par d'autres pays arrivés au calendrier récemment, comme la Russie et le Mexique, dont le niveau de professionnalisme est d'un autre niveau. Mais l'édition 2013 s'était néanmoins déroulée de manière assez fluide. Les tribunes étaient totalement pleines la première année, puis avaient attiré 60'000 spectateurs lors des deux éditions suivantes. Peu par rapport à certains circuits, mais tout de même bien plus que sur la plupart des nouveaux événements apparus au fil des ans, comme l'infâme GP de Corée du Sud. À l'inverse de la Turquie ou de la Chine, l'Inde disposait d'une solide fanbase F1 avant même que la discipline n'y pose ses roues en 2011. Des milliers de fans n'avaient guère d'autre choix que de se déplacer en Malaisie, à Singapour, ou même au Bahreïn pour assister à un GP avant de la voir enfin débarquer sur le territoire national. L'Inde semble vouée à revenir un jour ou l'autre au calendrier F1 en raison des opportunités monumentales qu'elle représente pour la FOM, les constructeurs et les sponsors, à défaut de proposer une course passionnante. Cela dépendra bien entendu des institutions locales : le sport auto n'est actuellement pas soutenu financièrement par le gouvernement et le Circuit de Buddh dépend de fonds privés. Le promoteur (Jaypee Group) attend à juste titre des efforts de la nation pour organiser un événement profitant aussi à l'économie et à l'aura du pays, autrement que par son seul investissement.

États-Unis : Miami, Las Vegas

 

Bien entendu, les USA demeurent l'un de grands objectifs avoués de Liberty Media. Il n'y aucune raison, pour le promoteur américain de la F1, de ne pas creuser la possibilité d'organiser plus d'une manche dans l'un ou l'autre des 50 États d'Amérique.

Bien entendu, on ne parle pas de retour potentiel à Watkins Glen, Détroit, Long Beach ou Dallas ! Ni même d'autres grands circuits accueillant régulièrement l'IndyCar, comme l'Indianapolis Motor Speedway. En revanche, Miami ou Las Vegas représentent des opportunités attractives si toutes les (passablement compliquées) dispositions nécessaires à la mise en marche d'un événement urbain peuvent se mettre en place. L'option la plus réaliste pour le moment, sur laquelle planche activement Liberty Media avec des promoteurs et partenaires floridiens très déterminés, concerne un événement futur à Miami. Cela tombe bien, le siège international de Motorsport.com s'y trouve !

Et la France dans tout ça ?

 

Le Grand Prix de France n'a pas pu avoir lieu cette année, les promoteurs de la manche du Castellet n'ayant eu d'autre choix que de tirer un trait sur l'édition estivale, sans possibilité de prendre le risque d'organiser un report plus tard dans la saison. En MotoGP, Claude Michy est parvenu à sauver "sa" manche sur le circuit Bugatti du Mans, décalée de mai à octobre, pour tout de même offrir un GP national en cette année où l'un des candidats au titre est le Français Fabio Quartararo. Le Mans a également reçu les 24 Heures Auto dans une version édulcorée mais a pu sacrer des vainqueurs envers et contre tout et tenir son rang de joyau de la couronne WEC. Avant le retour de la F1 au Castellet, la France avait perdu son GP depuis 2008. Auparavant, le Championnat du monde avait été reçu un total de 58 fois sur ce même Circuit Paul Ricard mais aussi à Magny-Cours, Reims, Dijon, Rouen, Clermont-Ferrand et au Mans. Le Castellet doit désormais se réinstaller progressivement dans le cœur des fans (et des pilotes) en tant qu'agréable événement de début d'été à vivre sur place, et comme spectacle enthousiasmant à la télévision. Il est vrai que l'on est encore loin de la ferveur rencontrée à Silverstone, Spa ou encore Monza au bord du circuit français, mais ne boudons pas notre plaisir : nous avons un GP en France. Un simple passage en tant que visiteur sur les infrastructures de Magny-Cours permet de se remémorer pourquoi la F1 y a cependant été accueillie si longtemps. Un magnifique tracé, une vie tournant autour de la course toute l'année, mais il ne peut y en avoir qu'un, comme le savent de nombreux promoteurs qui aimeraient aussi accueillir une seconde manche sur le même sol national, et il n'était finalement guère plus facile d'organiser sa logistique dans la Nièvre que dans la belle région PACA.

On aurait aussi pu parler de ces endroits…

 

Dubaï dispose d'un "autodrome" pouvant se plier en un clin d'œil aux certifications requises par la FIA pour organiser une course très intéressante sur l'une des nombreuses configurations de son circuit fréquenté par le monde de l'Endurance. Au moins aussi intéressant et presque aussi high-tech que Bahreïn, il demeure un cran en dessous du site d'Abu Dhabi, qui demeure une référence absolue. Le problème réside cependant justement dans les clauses contractuelles signées avec ces courses locales, les promoteurs des événements actuels ayant pris le soin de s'assurer avec la FOM que Dubaï ne puisse justement pas venir se mêler à la rivalité inter-émirats sur la scène F1… pour le moment.

Hockenheim dispose d'un tracé et d'infrastructures n'ayant rien à envier à n'importe quel circuit européen, sans parler de l'Histoire qui y règne, aussi forte qu'au Nürburgring. Mais organiser une course en Allemagne est diablement difficile de nos jours.

En Angleterre, Donington Park ou Brands Hatch seraient autant de circuits qui pourraient enchanter les fans avec des apparitions sporadiques en qualité de "remplaçants" ou de courses hors championnat si la F1 venait à choisir ce genre de direction et désirait créer ponctuellement l'événement. Du même sérail que Portimão, le Mugello ou Imola niveau authenticité. Brands Hatch nécessiterait toutefois d'extraordinaires remises à niveau en termes de sécurité et de capacité d'accueil.

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