Analyse

Suspensions 2017 - Une lettre de Ferrari à la FIA sème le doute

Des écuries de pointe pourraient être contraintes à réviser leurs suspensions à l'aube de la saison 2017, suite à une clarification demandée par Ferrari au sujet d'une astuce technologique élaborée par Mercedes.

La suspension avant des Mercedes W07

La suspension avant des Mercedes W07

Giorgio Piola

Bien que le système de suspensions FRIC (Front and Rear InterConnected, soit "Avant et Arrière Reliés" en français) ait été interdit en 2014, les équipes ont trouvé d'autres façons d'améliorer le comportement de leurs monoplaces.

Mercedes en particulier a été pionnier dans le développement de systèmes hydrauliques légaux qui améliorent la stabilité globale du châssis – ce qui est utile au freinage et dans les virages – pour aider les pilotes à prendre les vibreurs avec des trajectoires plus agressives, mais aussi à mieux gérer les pneus.

Pour ce faire, l'équipe a placé un ressort de tangage (troisième élément de suspension derrière le culbuteur) afin de contrôler le déplacement vertical de la suspension. On retrouve également cet arrangement sur le train arrière de la voiture.

Les bénéfices du système étaient clairs en 2016 : Mercedes gérait bien mieux les pneus. Il semble qu'un certain nombre d'équipes aient préparé des systèmes similaires qui ont poussé cette technologie encore plus loin.

Red Bull a également fait de grands progrès lors des douze derniers mois quant à sa compréhension de la dynamique de sa propre voiture, étant parvenu à exploiter une fois de plus l'angle d'attaque radical qui caractérise son concept aérodynamique.

La lettre de Ferrari

Mais le doute est jeté sur la technologie utilisée pour les suspensions après que Ferrari a demandé à la FIA une clarification sur l'usage de ces concepts, peu avant Noël.

Il est habituel que les écuries de Formule 1 écrivent à la FIA pour discuter de la légalité de certaines idées, et si la fédération estime que ces concepts ne sont pas valides, les équipes rivales en sont informées pour qu'elles ne poursuivent pas leur développement dans cette voie. Ce système est également utilisé par les teams pour clarifier la légalité de la technologie utilisée par les écuries concurrentes.

Dans une lettre envoyée au directeur de course Charlie Whiting, Simone Resta, designer en chef de Ferrari, déclare que la Scuderia voulait proposer un système qui imiterait le FRIC sans lien physique entre l'avant et l'arrière de la voiture.

Il s'agissait de savoir si ces systèmes enfreignaient l'article 3.15 de la réglementation technique, qui interdit les éléments aérodynamiques mobiles, car ils pourraient contribuer aux caractéristiques aérodynamiques de la voiture.

Dans sa lettre, dont une copie a été transmise à toutes les équipes, Simone Resta a écrit : "Nous étudions une famille d'éléments de suspension dont nous pensons qu'ils peuvent améliorer notre niveau de performance grâce à une réponse qui est une fonction plus complexe de la charge sur les roues que celle qui serait obtenue grâce à une simple combinaison de ressorts, d'amortisseurs et de compensateurs."

"Dans tous les cas, ils seraient installés au milieu d'une combinaison de la partie de la voiture qui repose sur les suspensions et des deux culbuteurs sur un essieu unique pour accomplir un effet similaire à celui du système FRIC (Front Rear InterConnected suspension) sans requérir le moindre lien entre l'avant et l'arrière de la voiture."

"Tous les mécanismes de suspensions en question reposent sur un siège de ressort mobile et utilisent l’énergie récupérée des charges aux roues et de leurs mouvements afin de modifier la position du ressort de tangage."

"Leurs effets sur le but principal d’une suspension interne, soit de rattacher la roue au châssis de façon à isoler la partie suspendue des inégalités de la piste, sont minimes tandis que leurs conséquences sur la hauteur de caisse et la performance aérodynamique sont plus importants, à tel point qu’ils justifient le poids élevé du système et la complexité de sa conception."

"Par conséquent, nous remettons en question la légalité de ces systèmes selon l'article 3.15 et son interprétation dans la directive technique 002-11, qui font la différence entre des détails 'entièrement liés à la nature du système de suspensions' et 'ceux qui ont pour but d'influencer directement la performance aérodynamique de la voiture'."

Clarification du règlement

Resta voulait que la FIA confirme si les systèmes de suspension à double caractéristique étaient légaux. Ces concepts montraient soit :

1) Un déplacement dans une direction opposée à celle de la charge appliquée sur toute son amplitude ou une partie de celle-ci, quelle que soit la source de l’énergie emmagasinée pour y parvenir.

Soit :

2) Un moyen par lequel une partie de l’énergie récupérée des charges et des mouvements des roues peut être emmagasinée pour être ensuite libérée afin de pousser un siège de ressort ou une autre pièce de la suspension dont les oscillations ne sont pas exclusivement restreintes au déplacement vertical des deux roues.

En réponse à Ferrari, Whiting a déclaré que, selon lui, cela allait à l'encontre de la réglementation : "À notre avis, tout système de suspension qui est capable d'altérer la réponse du système de suspension d'une voiture de la façon que vous décrivez dans les paragraphes 1) et 2) enfreindra probablement l'article 3.15 de la réglementation technique F1."

Discussions en cours

Bien que la réponse de Whiting semble proscrire l'utilisation de cette astuce technologique au niveau des suspensions, des équipes utilisant des systèmes similaires ont également demandé à clarifier la situation, ce qui signifie que les discussions sont en cours quant à ce qui est autorisé ou non pour 2017.

Toute équipe utilisant un système qui pourrait être interprété comme enfreignant le règlement fera face à un dilemme : s'y tenir pour la nouvelle voiture et prendre le risque de se retrouver hors-la-loi, ou opter pour un système alternatif qui ne sera pas forcément aussi compétitif ?

Les premiers essais de Formule 1 en 2017 débuteront à Barcelone le 27 février.

Avec Franco Nugnes

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