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Moteur Ferrari : Todt a "mis beaucoup de pression" pour comprendre

Jean Todt dit avoir mis "beaucoup de pression" sur les techniciens de la FIA pour comprendre précisément ce que Ferrari faisait avec son moteur l'année dernière, mais il a dû accepter qu'ils ne pourraient jamais prouver que l'équipe italienne avait enfreint les règles.

Le moteur de l'Alfa Romeo Racing C38

Le moteur de l'Alfa Romeo Racing C38

Giorgio Piola

En début d'année, la FIA a annoncé avoir conclu un accord privé avec Ferrari suite aux suspicions selon lesquelles la Scuderia avait trouvé une manière de contourner les restrictions de débit de carburant sur son unité de puissance. Cet accord secret a provoqué la colère des concurrents de Ferrari, qui ont eu le sentiment qu'une éventuelle infraction réglementaire avait été mise sous le tapis.

La FIA a toutefois expliqué qu'elle avait décidé de ne pas porter l'affaire devant une audience disciplinaire car elle ne pouvait pas être certaine que Ferrari avait enfreint le règlement et elle voulait éviter une action judiciaire dommageable. S'exprimant en longueur pour la première fois sur cette question, lors d'un entretien exclusif avec Motorsport.com, le président de la FIA, Jean Todt, a révélé avoir poussé les inspecteurs techniques de la F1 à tout faire pour comprendre ce qui se passait.

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"Certains concurrents ont laissé entendre que Ferrari pourrait être en dehors des règles", explique-t-il. "Donc pendant des mois, nos techniciens ont été sur le dos de Ferrari pour essayer de comprendre [si] ce qu'ils faisaient était normal : légal ou pas légal. Je dois dire que j'ai mis beaucoup de pression sur nos équipes pour faire autant de contrôles que nécessaire. Ceci étant dit, nous n'avions pas besoin de faire ça, car quelqu'un qui était en quelque sorte un lanceur d'alerte nous l'a dit. Mais nous devons nous assurer que chaque équipe fait preuve de légalité."

Todt précise que les vérifications chez Ferrari ont été effectuées tout au long de la saison dernière, y compris lors du dernier Grand Prix à Abu Dhabi, où la Scuderia a reçu une amende pour une déclaration de carburant imprécise avant la course.

"Nous voulions aller au bout du problème", ajoute-t-il. "Nous avons donc mené des vérifications très complexes pour essayer de comprendre le problème. Nous avons à nouveau contrôlé la voiture de Leclerc à Abu Dhabi et les commissaires ont conclu que c'était une erreur humaine, et ils ont donné une amende. Nous pourrions dire : 'OK, c'est bon'. Mais nous avons quand même beaucoup insisté pour avoir une compréhension complète de la situation."

Todt affirme que les suspicions de la FIA ont perduré jusqu'à la fin de la saison, mais elle ne pouvait pas faire grand-chose pour aller plus loin car Ferrari insistait sur le fait de respecter le règlement. En outre, l'instance dirigeante n'avait aucun élément prouvant que le règlement avait été enfreint.

"La plupart des équipes ont dit : 'Nous voulons comprendre'. Mais elles ont dit que le plus important était que, quoi que l'on comprenne, la situation devait être claire pour 2020", ajoute Todt. "Nous avons donc changé la réglementation pour 2020 afin d'être sûrs qu'il n'y aura aucune sorte d'ambiguïté. Ensuite, nous sommes arrivés à la conclusion que nous pensions que ce que Ferrari faisait n'était pas légal, ce qu'ils ont contesté. Ils ont dit : 'C'est légal'. J'aurais pu décider de transmettre cela à la cour d'appel [au Tribunal International]. Nous ne savons pas ce qu'aurait décidé la cour d'appel, ça aurait pu prendre des années, ce qui n'était pas dans l'intérêt de la Formule 1."

La crainte d'une affaire judiciaire préjudiciable a incité Todt à opter pour l'accord privé, menant à une sanction pour Ferrari qui n'a pas été spécifiée. Todt assure qu'il serait heureux de donner tous les détails de l'affaire et de la sanction, mais il est tenu de garder le silence sans l'accord de Ferrari. Il est entendu que la Scuderia n'a aucun intérêt à divulguer des détails techniques de son moteur qui pourraient s'avérer utiles aux équipes rivales concernant les secrets de conception.

L'Article 4.6 du Règlement Disciplinaire et Juridictionnel de la FIA dispose que : "L'autorité de poursuite et toutes les personnes participant à l'enquête sont tenues à une obligation de confidentialité vis‐à‐vis des personnes physiques ou morales non concernées par l'enquête. En tout état de cause, l’autorité de poursuite peut à tout moment communiquer publiquement quant à sa décision de faire procéder à une enquête et quant au résultat de l’enquête".

Un aspect a agacé Todt dans la manière dont les équipes concurrentes se sont manifestées, en l'occurrence le fait d'avoir laissé entendre qu'il avait tenté de les persuader de ne pas porter officiellement réclamation. Il assure que l'option qu'il aurait préférée était de voir une équipe s'engager dans cette voie lors d'un week-end de Grand Prix.

"C'est l'une des choses les plus frustrantes pour moi, dans la lettre [des équipes], qui dit que j'ai essayé de les dissuadé de porter réclamation", regrette-t-il. "Nous avons essayé le contraire. Et individuellement, quand j'ai parlé avec eux, [ils ont reconnu que] c'était vrai. J'ai dit : 'Pourquoi dites-vous que c'est vrai, pourquoi avez-vous écrit ça ?' Donc je crois qu'il est clair que je les ai encouragés, s'ils n'étaient pas satisfaits, à porter réclamation. Nous aurions pu nous détendre. Mais personne n'a porté réclamation."

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