Vasseur : Reconstruire une écurie de F1 est extrêmement complexe
Durant le GP du Canada, Motorsport.com s'est entretenu avec Frédéric Vasseur. Le directeur général de Sauber évoque ouvertement son départ de Renault, l'annulation de la fourniture de moteurs Honda à Sauber et la restructuration du staff technique.
Photo de: Sutton Motorsport Images
Né en 1968, Vasseur a étudié l’aéronautique et le génie industriel avant de faire du sport automobile et de créer sa propre structure – ASM –, impliquée dans les catégories junior. En 2004, il s’est associé avec Nicolas Todt, le fils du président de la FIA Jean Todt, pour mettre sur pied l’équipe ART Grand Prix.
Vasseur a rejoint les rangs de Renault Sport en 2016 au poste de patron de l’écurie de F1, mais il a quitté le navire au bout d'un an tout juste, pour ensuite accepter de diriger l’écurie Sauber.
Quelle fut sa première tâche une fois installé à l’usine Sauber située à Hinwil ? "Depuis l’extérieur, il est difficile de cerner une écurie. On ne s’en rend vraiment compte que lorsqu’on est immergé dedans", explique Vasseur à Motorsport.com. "Les premières courses de l’an dernier m'ont aidé à connaître les gens et à apprendre cette équipe que, honnêtement, je ne connaissais pas trop. À la fin de l’année dernière, j’ai commencé à avoir une photo à peu près claire et précise de la situation."
Il poursuit : "J’ai accepté d’aller chez Sauber, car le challenge est intéressant. C’est une équipe historique avec des gens loyaux qui sont là depuis longtemps. Il y règne une vraie âme de la course. Le projet sur le papier est super, on a Alfa Romeo à bord, et je crois que tout est réuni pour que le projet soit sympa."
A-t-il les coudées plus franches ici qu'il ne les avait chez Renault ? "Sauber n’appartient pas à un constructeur, il n’y a donc pas l’inertie d’un manufacturier automobile qui possède un team et qui participe aux décisions, qui détient le pouvoir et la capacité d’investissement. Forcément, la situation est complètement différente et celle-ci correspond beaucoup mieux à mon personnage et à mon profil, car j’ai toujours été un entrepreneur dans l’âme."
Vasseur admet que diriger une écurie de Formule 1 a toujours été un objectif de carrière, mais pas à n’importe quel prix. "En tant que compétiteur, je voulais me battre contre les meilleurs", affirme-t-il. "Mais comme entrepreneur, c’était beaucoup plus compliqué, car le saut entre les disciplines peut être énorme. Pour une écurie, sauter de la Formule Renault à la Formule 3 ou la F2, je dirais que c’est gérable, car ce sont à peu près des entreprises de même taille. Toutefois, faire le saut de la F2 à la F1 est quasiment impossible."
"On avait songé à postuler en 2010 quand la FIA a voulu ouvrir un petit peu [l’accès à la F1]. On s’était vite rendu compte que c’était très compliqué. Financièrement aussi. En termes de structure, il fallait passer d’une soixantaine d’employés en septembre à plus de 200 en janvier. On avait monté un projet assez élaboré, mais à la fin, on a renoncé. Quand je vois ce qui est arrivé aux gens qui avaient accepté à l’époque, je pense que c’était la bonne décision !"
Vasseur sait bien que les résultats de ses efforts ne se verront pas tout de suite chez Sauber. "Reconstruire une écurie de F1 est très difficile et prend beaucoup de temps”, nous raconte-t-il. "Il y a une inertie énorme dans la reconstruction d'un team, car il faut recruter des gens qui, souvent, travaillent pour d’autres équipes et il y a des périodes d’inactivité qu'il faut respecter. Recruter des gens prend quelques mois et quand ils arrivent, ils travaillent surtout sur la voiture suivante. Même si on se dit que ça ne portera ses fruits que dans six mois ou un an, c’est le monde de la F1 qui est comme ça. Actuellement, on est en train de profiter du travail effectué en fin d’année dernière.”
C’est lui qui a annulé l’entente conclue par Sauber pour recevoir les moteurs Honda cette saison. "Sauber avait un pré-contrat avec Honda à cette époque, et pour différentes raisons, c’était très compliqué. Nous n’avions pas la capacité de faire notre propre boîte de vitesses et il aurait fallu qu’on s’appuie sur McLaren, mais qui partait de chez Honda. Le truc était assez mal embarqué. J’ai alors tout stoppé, et nous sommes revenus avec Ferrari avec qui nous avons des relations historiques. À peu près au même moment, M. Marchionne voulait qu’Alfa Romeo revienne dans le monde de la F1, et on a donc trouvé un terrain d’entente autour de ça”, précise-t-il.
Vasseur a aussi évoqué Charles Leclerc puisque le jeune Monégasque a piloté pour son équipe dans les formules de développement. "Je pense qu’il progresse avec la progression de l’équipe. Il a fait un pas en avant depuis ses premières courses où il avait besoin d’être calé, et là, je pense qu’il commence à mettre les choses dans l’ordre et il a récemment disputé trois ou quatre courses de très belle facture. Mais la route est encore longue [sourire]…"
"Les choses se mettent en place et nous progressons. Nous aurons encore des évolutions techniques au Grand Prix de France et nous mettons beaucoup de ressources sur la voiture 2019 parce que le changement de règlement représente une belle opportunité pour nous."
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