Claire Williams refuse d'être celle qui "a tué l'écurie" de son père
Elle n'abandonnera pas : alors que son père lui a confié la direction de l'écurie légendaire qui porte son nom, Claire Williams est déterminée à lui redonner tôt ou tard un statut à la hauteur de son histoire, en dépit des critiques parfois rudes et d'un quotidien éprouvant.
Photo de: Simon Galloway / Motorsport Images
Pour la deuxième année consécutive, Williams va terminer à la dernière place du championnat constructeurs, avec un niveau de performance qui s'est détérioré entre 2018 et 2019. Sportivement, la situation est préoccupante pour l'écurie de Grove, qui a également connu des difficultés internes dès l'intersaison, avec une monoplace qui n'était pas prête à temps pour les premiers essais privés. Condamnée à la dernière ligne de la grille, elle n'a arraché qu'un petit point en 19 Grands Prix, lors d'une course mouvementée à Hockenheim et après laquelle les deux Alfa Romeo avaient été disqualifiées.
Aux commandes de la structure fondée par son père, Claire Williams vit un quotidien difficile mais s'accroche, résolument déterminée à inverser un jour la tendance, même si la route est longue. Durant l'été, elle avait confié que la possibilité de démissionner lui avait traversé l'esprit. Elle le confirme à nouveau aujourd'hui, mais insiste sur le soutien indéfectible que lui apporte Frank Williams, et sur les raisons qui la poussent à ne pas abandonner sa mission.
"Quiconque ne prend pas ces moments de réflexion sur soi et d'introspection devrait être accusé d'être totalement arrogant", explique-t-elle dans une interview accordée à Yahoo Sport. "La situation a été terriblement éprouvante et très difficile, mais je suis toujours motivée par les gens que nous avons dans cette équipe, et ils n'ont jamais donné le moindre signe de laisser tomber, donc je ne vais pas le faire non plus. Et à quoi ça ressemblerait si j'abandonnais ? Je n'étais pas préparée à lâcher, car j'aurais seulement été accusée d'être la fille qui a fait chuter l'équipe emblématique de son père, et il est hors de question que j'aie ça sur le dos pour le reste de ma vie."
"Je n'ai jamais fait le choix de la facilité"
Officiellement, Frank Williams est toujours directeur de l'écurie qui porte son nom, mais dans les faits, c'est bien sa fille qui gère la quasi-totalité des affaires. À 77 ans, affaibli par son état de santé, l'emblématique patron ne se rend plus sur les Grands Prix, à l'exception du rendez-vous de Silverstone situé non loin de chez lui. Il n'empêche qu'il a toujours suivi de très près son entreprise, et apporte à sa fille une confiance qui est la clé pour qu'elle garde la main.
"Beaucoup de ma motivation vient de lui", reconnaît Claire Williams. "Il n'a jamais abandonné, et il a traversé des moments difficiles. Oui, c'était différent pour lui car il n'y avait pas les réseaux sociaux. Mais Frank a tout de même connu dix années de peine lorsque son équipe n'allait pas bien. Il m'a donné la responsabilité de m'occuper de l'équipe, et lors de chaque conversation avec lui, il me soutient pleinement. Il sait à quel point c'est dur, que c'est beaucoup plus difficile de nos jours, avec les réseaux sociaux et les gens qui vous traitent de trou du cul à droite à gauche. Ça m'incite juste à m'entêter davantage. Quand les gens disent que je devrais abandonner, je me bats encore plus fort, et j'ai toujours fermement pensé que si l'on travaille dur, avec acharnement, on est un jour justement récompensé."
Claire Williams vit tiraillée entre la crainte d'être celle que l'on désignerait comme la coupable de l'effondrement du joyau familial, et cette volonté farouche de le redresser. À moyen terme, la phase décisive sera le tournant pris par la Formule 1 en 2021, avec une réglementation visant à réduire les écarts de performance entre les écuries, mais également sur le plan financier.
"Nate [son fils] me manque terriblement lorsque je suis loin de lui", confie Claire Williams. "Je pourrais rester à la maison et être une épouse et une mère, ce serait beaucoup plus facile, mais je n'ai jamais fait le choix de la facilité. Je ne veux pas que Nate grandisse en disant que son grand-père était l'un des plus grands directeurs d'écurie de F1, mais que sa mère a tué l'équipe. Génial ! Quel bel héritage pour lui."
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