Chronique Louis Delétraz - "J'ai perdu le titre, mais ce n'est que le début"

Sacré vice-champion de Formule V8 3.5 à Barcelone, Louis Delétraz revient pour Motorsport.com sur une première saison réussie dans la discipline et sur la déception d'un titre perdu sur le fil le week-end dernier, face à Tom Dillmann.

Louis Deletraz, Fortec Motorsports

Louis Deletraz, Fortec Motorsports

Daniel James Smith

Je dois reconnaître qu'après la dernière course de cette saison, je n'ai pas ressenti la meilleure des sensations. En tant que pilote, ce n'est jamais sympa de perdre. Toute la saison, nous avons été solides, surtout sur les trois derniers meetings. Nous avons fait la dernière pole position de l'année et avions de bonnes chances de remporter le titre. Mais ce qui s'est passé s'est passé. Quoi qu'il arrive, cela reste une bonne saison. Qui aurait cru en début de saison que je pouvais aller chercher Tom Dillmann en fin d'année ?

Tout le week-end a été solide. Samedi, en qualifications, c'était plus stratégique entre les pneus slicks et les pneus pluie. J'ai fait le meilleur temps des concurrents en pneus pluie, les trois pilotes devant moi étaient en slicks. Dimanche matin, dans des conditions difficiles à nouveau, nous avons claqué la pole, c'était beau. L'équipe et moi étions très contents de cette pole. C'était la meilleure option pour gagner le titre, nous ne pouvions pas faire mieux.

Une passe d'armes avec respect

Lors de la première course, nous étions beaucoup plus rapides que Tom. Bizarrement, d'ailleurs, cela s'est inversé le lendemain : c'est lui qui était beaucoup plus rapide que nous en course 2. Bref, revenons à la première course et à mon dépassement sur mon rival pour le titre.

Je revenais sur lui, j'ai porté deux ou trois petites attaques, mais j'étais un peu trop lent au début. Il a fait une petite faute dans le dernier secteur, je me suis rapproché. J'ai mis le DRS, lui aussi pour défendre. J'ai eu une bonne aspiration, il a défendu à l'intérieur ; je me suis mis à côté de lui à gauche, et je ne l'ai pas laissé revenir sur la trajectoire. C'était proche, nous sommes restés côte à côte. J'ai freiné très tard, il a voulu freiner plus tard, mais ça n'est pas passé. Il a bloqué une roue et est parti tout droit. Quand il est revenu sur la piste, il y avait juste la place pour moi ; je suis rentré dans le trou et je suis passé. C'était un beau dépassement : il y a eu du respect, nous ne nous sommes pas touchés. C'était sûrement moins drôle pour lui : je dois dire que je n'aurais pas aimé être dans sa position !

Louis Deletraz, Fortec Motorsports et Tom Dillmann, AVF

C'était le but, je ne voulais pas rester derrière et assurer pour être à égalité au championnat avant la dernière course, ce n'était pas dans mon objectif. Je voulais attaquer, montrer que j'étais là et que j'allais me battre jusqu'au bout.

Un départ coûteux

Le départ m'a coûté cher lors de la deuxième course. Sincèrement, sur toute ma saison, si je dois donner un point faible, il s'agit de mes départs. Nous avons eu beaucoup de peine avec ça, surtout en début de saison. Ces derniers mois, nous avons beaucoup travaillé à ce sujet ; mes départs sont devenus plus constants et plus performants mais demeuraient vraiment mon talon d'Achille.

Or, Egor Orudzhev a calé, provoquant un tour de formation supplémentaire. Je pense que l'embrayage a chauffé, comme pour tout le monde. Du coup, mon point de friction a été très agressif et j'ai eu beaucoup de patinage. Je ne pense pas que ça m'ait aidé d'avoir un deuxième tour de formation, mais je ne connais pas la cause exacte de mon envol médiocre. J'ai pris un mauvais départ, ça arrive !

Circonstances favorables pour Dillmann

Je me suis retrouvé quatrième alors que Tom était cinquième. Nous avions fait les calculs : si je finissais devant lui, j'étais champion. Même si je finissais quatrième et lui deuxième, j'étais champion. Nous avons donc décidé de rester calmes, de ne pas faire de bêtises et de faire tout ce que Tom faisait : c'était l'objectif pour le couvrir, pour ne prendre aucun risque.

Louis Deletraz, Fortec Motorsports; Tom Dillmann, AVF

Tom est rentré au stand, j'ai fait de même au tour suivant. Il me semble qu'AVF a fait un très bon arrêt au stand. Quand je suis rentré, cela ne s'est pas très bien passé : l'arrière gauche a pris un peu de temps. Du coup, j'ai repris la piste juste derrière Tom. Dans ce scénario, j'étais toujours champion. Mais Tom, sans personne devant, était plus rapide. J'ai pu le suivre un peu quelques tours, et ensuite, j'ai eu du trafic par son coéquipier Alfonso Celis Jr, qui m'a assez ralenti. Puis je me suis retrouvé derrière mon propre coéquipier, Pietro Fittipaldi. J'ai essayé de le passer, mais je n'ai pas pu, car nous n'avons pas eu de consignes d'équipe.

Avant la course, une chose était claire : si Tom gagnait, nous ne pouvions rien faire contre lui. Mais je partais en pole position, et lui septième… Gagner une course en partant septième, il faut le faire, quand même ! Nous avons analysé les choses : Tom et AVF ont fait la course parfaite, il n'y a rien à redire. La chance qu'ils ont eue, c'est que les six voitures devant, dont moi, ont toutes eu des ennuis – un pitstop raté, un mauvais départ ou du trafic. Roy Nissany a été bloqué par Giuseppe Cipriani, Matevos Isaakyan a perdu 12 secondes dans les stands… Si l'on analyse les six voitures de devant, il n'y en a aucune qui ait connu une course propre. En effet, Tom n'a doublé personne en piste, à part au départ.

De leur côté, ils ont fait tout juste, et les six voitures devant lui ont fait tout faux. C'est ce qui me coûte le championnat, car s'il faisait deuxième, j'étais champion. Ce n'est toutefois pas la peine d'en parler dix mille fois, car cela ne changera absolument pas le résultat.

Podium : le deuxième Louis Deletraz, Fortec Motorsports

Saison convaincante

Je peux être très content de ma saison, parce que si on m'avait dit en janvier qu'en étant rookie, je me battrais pour le championnat contre Tom, qui a une expérience incroyable en monoplace, j'aurais signé, sincèrement. Je crois que le plus dur était simplement le fait de le perdre comme ça. J'étais motivé, nous avons travaillé très dur et j'ai perdu le titre lors de la dernière course. Si je l'avais perdu plus tôt, cela aurait peut-être été moins dur. C'est comme ça !

J'ai entamé ma campagne par une victoire à Aragón en tant que rookie. Toute la saison, nous nous sommes battus aux avant-postes : des pole positions, des victoires, des podiums. Nous avons dominé le classement rookies : 13 victoires sur 18 ! Il y a énormément de choses positives, la vitesse a toujours été là. Certes, il y a eu de petites erreurs tout au long de la saison. J'en ai tiré des leçons, j'essaie de les répéter le moins possible.

À mon avis, quand on participe à la dernière course avec des chances de titre, qu'on le perde ou qu'on le gagne, c'est forcément une bonne saison. Je pense que Renault, dont je fais partie de l'académie de jeunes pilotes, est content de ce que j'ai fait. Ils m'ont incroyablement soutenu toute la saison. Je leur suis très reconnaissant, ainsi qu'envers Fortec, avec qui j'ai énormément appris cette année.

Bien entendu, l'après-course n'a pas été un moment de joie – personne n'aime perdre un titre – mais il y a énormément de positif. Tom est un pilote très expérimenté et très rapide ; or, nous sommes les seuls à lui avoir rendu la vie difficile, tout au long de la saison. Et ça, c'est très positif. Ce n'est pas la fin du monde : ce n'est que le début.

Louis Deletraz, Fortec Motorsports

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