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Montezemolo/Ferrari : Succès politiques et remue-ménage sportif

Même si en apparence, la stabilité est la clé et que les mêmes têtes semblent œuvrer depuis toujours dans les hautes sphères de la Formule 1, les équipes ont fortement évolué, et de nombreuses grandes institutions comme McLaren, Williams et Ferrari ont été sérieusement secouées ces dernières années

Même si en apparence, la stabilité est la clé et que les mêmes têtes semblent œuvrer depuis toujours dans les hautes sphères de la Formule 1, les équipes ont fortement évolué, et de nombreuses grandes institutions comme McLaren, Williams et Ferrari ont été sérieusement secouées ces dernières années.

Que reste-t-il de la Scuderia telle qu'on la connaissait il y a encore une petite décennie; celle qui, sous l'impulsion du même homme que celui qui annonce son départ aujourd'hui, établissait record sur record et enfilait les titres comme des perles?

Un animal politique ayant appris d'Enzo Ferrari

Luca di Montezemolo était devenu la présence omnisciente du team. Présent dans les moments importants et toujours prêt à placer une pression ponctuelle intense sur ses hommes, il s'était fait une spécialité d'apparaitre au moment de réunir autour d'une table ronde les décisionnaires du sport pour parler finances et politique, ou dans les moments de resserrage des bretelles de ses troupes.

L'homme restait l'un de ceux tenus en estime par Bernie Ecclestone, qui n'a jamais caché son affection toute particulière pour le Commendatore Enzo Ferrari, décrit d'ailleurs comme une figure paternelle -possiblement le seul homme de caractère face auquel Mr E s'inclinait-.

Assistant du charismatique italien dans ses jeunes années, Montezemolo était monté peu à peu dans l'organigramme de la marque et avait appris du grand homme, prenant la tête des affaires à Maranello, et aimant imiter celui-ci en convoquant ses interlocuteurs dans son bureau de Maranello, plutôt que de monter dans un avion et se placer en position d'égalité pour de possibles discussions cruciales...

L'homme de l'assise politique de Ferrari en F1

A la tête de la gestion du groupe Ferrari, il gérait ainsi les grandes orientations du team, et indirectement, du sport : la place de choix de Ferrari au sein de la discipline fut maintes fois renforcée sous sa direction, et Montezemolo n'ignorait pas qu'un championnat du monde de F1 sans Ferrari n'était pas un championnat du monde de F1 aux yeux de Bernie Ecclestone.

Ainsi, à force de menaces de championnat parallèle ou par intérêts communs avec le Grand Argentier de la F1 face à d'autres teams, Montezemolo sut parfaitement contourner les Accords Concorde et immiscer Ferrari de façon particulière dans la redistribution des ressources du sport et au niveau politique; le tout, en faisant jouir les ventes de routières d'un amour inconditionnel des tifosi pour les autos rouges.

Le grand remue-ménage

Ces dernières années, Montezemolo vit partir successivement ses deux team managers : Jean Todt, désormais commandant du vaisseau amiral qu'est la FIA et au cœur d'une grande réforme du sport en F1, WEC, et désormais avec l'entrée en jeu de la Formule E. Stefano Domenicali, son remplaçant, était un homme de piste : il ne fut couronné qu'avec le succès 2007 de Räikkönen, a été remercié en début d'année, en cours de saison, et remplacé immédiatement par Marco Mattiacci, businessman de toujours chez Ferrari, et dont on attend désormais l'impulsion. Ironiquement, c'est Domenicali qui fit face à Montezemolo l'an dernier pour imposer le retour de Räikkönen chez Ferrari. Après avoir incarné l'espoir des Rouges, le Finlandais coule cette saison avec une F14-T qu'il ne parvient pas à prendre en main.

D'autres figures clé ont quitté le navire Ferrari à tous les échelons, imposant de grands challenges à l'équipe. Exit Paolo Martinelli et Gilles Simon, les hommes des moteurs victorieux des années 2000. Ciao, Aldo Costa, l'autre génie du domaine, limogé par Montezemolo début 2011, et qui fait aujourd'hui les jours heureux de Mercedes.

Rory Byrne, au design, et Ross Brawn, à l'organisation et la supervision globale, sont eux aussi partis vers d'autres aventures personnelles depuis plusieurs années. Brawn a collecté un titre avec les cendres de Honda en 2009, et a laissé une maison immaculée chez Mercedes en reproduisant ce qui fit son succès chez Benetton puis Ferrari, encore une fois avec Michael Schumacher comme artisan de la reconstruction. Byrne a été remplacé par le Grec Nikolas Tombazis; Pat Fry a tenté de chausser les bottes de Brawn.

Manque de vision globale

Depuis, les Ferrari manquent d'ingénuité, de prise de risques. Elles sont avant tout des copies de concepts fonctionnant ailleurs, et non des créations maison pures. Le staff parle plus souvent de jouer les podiums et de "rester mathématiquement dans la course jusqu'en fin de saison" plutôt que le rôle de favori. Les poles et les victoires se comptent sur les doigts de la main ces dernières saisons.

Plutôt que d'assumer l'embarras des défaites successives, Montezemolo n'aura ainsi jamais manqué de manœuvrer. De remercier certains; d'embaucher et promouvoir d'autres. Tout en bottant régulièrement en touche au moment de parler des tracas rencontrés par une marque qui vit pour la F1, mais dont les volumes de ventes de routières ont chuté de près de 50% en Europe en trois ans.

Toujours à l'aise avec la politique et flamboyant devant les caméras et les micros, Montezemolo s'était fait une habitude de redemander régulièrement des revues du format F1 (troisième voiture, position de la FOTA comme contre-pouvoir, etc), de son business model, et de tout ce qui ne concernait finalement pas directement les affaires propres à Maranello, en proie à de terribles problèmes de calibrage de soufflerie, au point de devoir concevoir ses monoplaces sur le site Toyota de Cologne.

Un constat d'autant plus dramatique qu'avec entre autres le groupe FIAT, Santander, Philip Morris et Shell pour soutenir les efforts de Fernando Alonso, Ferrari disposait ces dernières années d'un budget minimal garanti de 200 millions d'euro par saison...

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