Les grandes lignes de la GP2/17 dévoilées
Alex Lynn, DAMS
GP2 Series Media Service
Tous les trois ans depuis 2005, le GP2 Series dispose d'une nouvelle monoplace. 2014 a fait exception et la GP2/11 a été reconduite pour un nouveau cycle de trois ans dans une optique de réduction des coûts, mais on devrait bien retrouver une nouvelle GP2 en 2017, même si la possible fusion entre le GP2 et la Formule 2 pourrait avoir un impact sur son arrivée.
Quelles pourraient être les caractéristiques de la future GP2/17, et quelles seront ses différences majeures avec la GP2/11? Pour en savoir davantage, nous en avons discuté avec Didier Perrin, directeur technique du GP2 et du GP3.
"Le cahier des charges est très simple," confie Perrin dans une interview accordée à Motorsport.com. "Il faut qu’elle soit attractive pour les pilotes et pour les spectateurs. Concevoir une voiture monotype, c’est différent de concevoir une voiture qui doit rentrer en compétition avec d’autres. Les critères sont vraiment fondamentalement différents."
"Il faut absolument que la voiture ait une plage de réglages relativement large, de façon à ce qu’il n’y ait pas une seule solution pour aller vite, que les ingénieurs et les pilotes puissent explorer différentes gammes de réglages et que l’on puisse voir des choses différentes en piste. Parce que si l’on n’a pas une diversité de réglages ou d’adaptation de la voiture, cela va à l’encontre de l’intérêt des courses, parce que celui qui est devant ne peut pas être rattrapé."
S'assurer que les dépassements restent faciles
Un facteur crucial pour les ingénieurs et designers sera de concevoir une monoplace qui permette, à l'image de la GP2/11, aux pilotes de se suivre aisément pour faciliter les dépassements.
"Les études aérodynamiques d’une voiture monotype sont aussi très spécifiques," poursuit Perrin. "Nous ne cherchons pas la performance optimum, nous cherchons une voiture qui va pouvoir en suivre une autre sans être complètement déventée."
"Les critères de choix des solutions aérodynamiques sont tout à fait différents de ce qui peut se faire en F1 ou en F3 où il s’agit d’aller plus vite que le petit concurrent. Là, il s’agit de donner aux pilotes un outil qui leur permette de se bagarrer en piste. C’est dans l’ADN GP2 et GP3, et il faut bien comprendre cela pour définir une voiture monotype."
Un moteur qui se rapprochera de la F1
Alors que les GP2 sont dotées d'un moteur V8 atmosphérique construit par Mecachrome depuis la création du championnat en 2005, la GP2/17 devrait se rapprocher des unités de puissance utilisées en Formule 1 sans toutefois être hybride.
En effet, Perrin ne voit pas de bénéfice à l'utilisation de cette technologie, qui s'avérerait de plus relativement coûteuse dans une discipline qui est déjà assez onéreuse pour une formule de promotion.
"Je pense que nous allons avoir un moteur différent," reconnaît le Français. "Nous n’allons pas trop en dire, mais nous allons nous rapprocher de l’architecture d’un moteur de F1, sauf que nous n’irons pas dans l’hybride parce que c’est une complication qui est chère et qui n’apporte rien au niveau du pilotage, donc je ne pense pas que nous allons aller dans cette voie-là."
Le nouveau moteur est toutefois une nécessité pour préparer au mieux les pilotes GP2 au pilotage d'une Formule 1.
"Même si la voiture est moins sophistiquée technologiquement parlant, parce qu’il faut qu’elle soit plus abordable, il faut qu’elle ait le même type de comportement que la F1," souligne Perrin. "Par exemple, les F1, avec leur système hybride, développent une certaine puissance mais surtout un énorme couple."
"Il est donc important que la future GP2, ait aussi un groupe motopropulseur qui développe pas simplement un niveau de puissance, mais un très fort couple, de façon à ce que les problèmes se situent au mêmes endroits sur un circuit, de façon à ce que les pilotes soient familiers avec l’arrivée d’un couple très important sur la piste quand ils mettent le pied dedans."
Accommoder les pilotes les plus grands
Enfin, une inévitable évolution sera celle de la sécurité. Bien que la GP2/11 soit déjà relativement sûre, la GP2/17 comprendra des améliorations de façon à respecter les normes de sécurité les plus récentes.
"L’autre chose qu’il faut que nous fassions aussi, ce sont des adaptations au niveau de la sécurité parce que c’est très important pour nous," confie Perrin. "La nouvelle voiture va être aux derniers standards de sécurité."
"Et quelque chose de tout bête : la nouvelle coque, il va falloir qu’elle puisse s’adapter à de plus grands pilotes, parce que les pilotes sont de plus en plus grands et tous les trois ou six ans, il faut rajouter deux ou trois centimètres," souligne-t-il, alors qu'Alex Lynn et Alexander Rossi, qui sont tous deux aux avant-postes en cette saison GP2, mesurent 1m86.
Des pneus plus larges? Une "erreur fondamentale"
Alors que des discussions ont lieu pour des Formule 1 plus larges aux pneus également plus larges en 2017, Perrin estime que cette mesure aurait un impact très négatif sur le spectacle dans la catégorie reine du sport automobile, et espère pouvoir l'éviter au GP2.
"Je ne voudrais pas critiquer la F1, mais sincèrement, à mon sens, mettre des pneus plus larges va totalement à l’encontre de ce que l’on recherche en F1, c’est-à-dire d’avoir plus de spectacle, et je n’adhère absolument pas à cette philosophie," a fait savoir le Français.
"Pour moi, il faut au contraire que la taille des pneus et le grip mécanique soit limités de façon à ce que les distances de freinage soient les plus longues possibles parce que c’est au freinage que l’on fait la différence. Je n’adhère absolument pas à cet élargissement des pneus."
Pour améliorer le spectacle, il faut augmenter les distances de freinage, il n'y a pas de secret!
Didier Perrin
"Nous essaierons toujours de faire en sorte que la GP2 soit proche, en termes de comportement, de la F1, mais j’avoue que cette évolution-là m’ennuie beaucoup parce qu’elle ne me plaît pas. Si je peux éviter de suivre l’élargissement des pneus…"
"J’espère que cela ne se fera pas parce qu’à mon avis, c’est une erreur fondamentale. Mais là encore, je vais trop loin parce que je ne devrais pas porter mon jugement, je ne fais pas partie du groupe… mais en tout cas, cela ne va pas dans le sens d’améliorer le spectacle. Pour améliorer le spectacle, il faut augmenter les distances de freinage, il n’y a pas de secret," conclut Perrin.
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