Le point F2 - Rocambolesque Monza !

Les essais

Si l'on compte sa pole position hongroise, dont il avait été disqualifié pour une broutille technique, Charles Leclerc avait signé le meilleur temps des neuf dernières séances d'essais (libres et qualificatifs) en date.

C'était donc une véritable surprise de voir les pilotes RUSSIAN TIME signer le doublé devant le Monégasque en essais libres, Artem Markelov devant Luca Ghiotto, lors d'une séance disputée sur piste sèche malgré quelques gouttes de pluie. Oliver Rowland s'est classé seulement sixième, alors que Sean Gelael a provoqué la seule neutralisation, via voiture de sécurité virtuelle, parti en tête-à-queue dans Ascari en fin de séance.

Les résultats des essais libres

En qualifications, résultat inédit : pour la première fois, Leclerc n'a pas été le plus rapide, et ne s'est classé que septième de la séance. C'est Nobuharu Matsushita qui a signé la pole position, cinq jours après son monumental accident dans le Raidillon. "Mon tour de qualification a été vraiment bon, pas d'erreur, très calme et sans attaquer : je pense que c'était le meilleur tour de ma vie !" s'exclamait le protégé de McLaren-Honda.

Suivaient Nyck de Vries et Louis Delétraz... à savoir les deux pilotes qui ont échangé leur équipe pour les quatre derniers meetings de la saison ! Artem Markelov, Roberto Merhi et Jordan King devançaient également Leclerc, alors qu'Oliver Rowland, notamment aperçu en train de décoller sur le vibreur du virage 2, n'était que 13e.

La séance a pris fin prématurément en raison de la casse de suspension de Santino Ferrucci à la sortie de la Variante della Roggia.

Les résultats des qualifications

Nobuharu Matsushita (ART Grand Prix)

Course Principale

C'est à 18h20 que le départ de la Course Principale a été donné, après une longue attente en raison des qualifications F1 retardées par la pluie. Avec un coucher de soleil à 20h et un ciel nuageux, la course a donc été disputée sur piste humide et avec une plus faible luminosité qu'à l'accoutumée. Elle a été passionnante !

À l'extinction des feux, Nobuharu Matsushita n'a pas effectué l'envol parfait, et s'est vu débordé par Nyck de Vries, qui s'est toutefois accroché avec Artem Markelov au premier virage, les deux hommes étant contraints de couper la chicane après que le Russe a quelque peu décollé sur le vibreur. Markelov a ensuite été impliqué dans un carambolage avec Roberto Merhi et Alexander Albon, qui a relégué le Russe à la 12e place et le Thaïlandais à la 18e.

Charles Leclerc a tiré les marrons du feu après un bon départ, puisqu'il a ensuite doublé Merhi, Delétraz (qui a rapidement rétrogradé au classement) et Matsushita dans le premier tour pour s'emparer de la deuxième position. Antonio Fuoco était seulement septième, derrière Oliver Rowland, qui a gagné sept places dans la boucle inaugurale.

Artem Markelov (RUSSIAN TIME), Nyck de Vries (Racing Engineering) et Nobuharu Matsushita (ART Grand Prix) coupent la chicane au départ

Pendant que De Vries et Leclerc prenaient la poudre d'escampette en tête de la course, le Néerlandais résistant tant bien que mal au Monégasque, Rowland poursuivait sa remontée. Roberto Merhi lui a opposé une défense acharnée, coupant plusieurs chicanes, avant de devoir s'incliner. Rowland a ensuite pris l'avantage sur Matsushita au septième tour, mais accusait déjà un retard de 11 secondes sur les deux leaders.

Ce déficit, le pilote DAMS s'est attelé à le réduire, avec succès puisqu'il n'était plus que de huit secondes après 16 tours, lorsque les principaux candidats à la victoire ont fait leur arrêt au stand. Avec un terrible coup de théâtre pour Oliver Rowland, victime d'une roue mal serrée et contraint à l'abandon ! Le Safety Car a fait son intervention.

L'instant où tout a basculé pour Oliver Rowland (DAMS)

Le drapeau vert a été agité pour un sprint final de deux tours, et quel sprint ! Deuxième, Leclerc a tiré tout droit dans la première chicane, permettant à Ghiotto de lancer une attaque sur De Vries pour la tête de la course alors que le Monégasque cédait cette position illégalement acquise.

De Vries ne s'est pas laissé démonter et c'est côte à côte que Ghiotto et lui ont entamé le dernier tour, mais au premier freinage, Ghiotto et Albon – qui était quatrième – ont coupé par l'herbe, tandis que De Vries et Leclerc s'efforçaient tant bien que mal de suivre le tracé.

"Après la voiture de sécurité, je me demandais si je pouvais jouer la victoire en étant troisième", commentait Luca Ghiotto, qui s'est alors emparé de la tête de la course. "J'ai manqué mon restart, mais c'est sûrement ce qui m'a sauvé, parce que je ne me battais pas avec les deux premiers pilotes ; sinon, je serais peut-être sorti de la piste, ou j'aurais eu des problèmes ! Ils ont tous deux mal négocié le premier virage et j'ai pu les dépasser."

Pendant ce temps, De Vries tassait Leclerc hors de la piste à l'approche de la Curva Grande et l'envoyait dans le mur ! Les deux hommes ont conclu la course au fond du peloton, la Racing Engineering ayant subi des dégâts avec une crevaison. De Vries a également été pénalisé de 20 secondes, mais c'était anecdotique.

Leclerc n'était clairement pas impressionné par la manœuvre de son rival : "Je pense que la vidéo parle d'elle-même. Cela n'était pas une manœuvre intelligente : je suis le premier à dire que c'est ma faute quand je fais une erreur, mais là, je suis absolument sûr que je n'ai rien fait de mal. J'étais sur ma trajectoire : Nyck m'a dit qu'il avait perdu le contrôle de sa voiture, mais c'est décevant, car ce n'est pas la première fois que quelque chose de ce genre se produit quand je suis dans les parages. Nous avons fini dans le mur une course que nous méritions de gagner, à mon avis."

"C'est dommage que la voiture de sécurité ait apporté beaucoup de chaos à la fin, mais ça fait partie du jeu", a renchéri De Vries au micro de Motorsport.com. "Je trouve juste que ça ne s'est pas passé de façon équitable, car tout le monde a coupé la chicane et je suis le seul à être resté en piste. Je suis vraiment déçu de la façon dont tout le monde pilotait, c'était complètement injuste. Ils essayaient de dépasser, mais il n'y avait aucune chance, donc ils coupaient la chicane. Ensuite, ils rendaient la position, mais on se retrouve sous pression quand on n'est pas censé l'être, et je ne trouve pas ça juste."

Nyck de Vries (Racing Engineering) face à Charles Leclerc (Prema Racing), un duel qui s'est mal terminé.

Moins anecdotique, les dix secondes infligées à Alexander Albon pour un contact avec Norman Nato dans l'avant-dernier tour, et surtout la sanction de cinq secondes dont a écopé Luca Ghiotto pour avoir coupé le premier virage avant de s'imposer ! Bien que le pilote Russian Time soit monté sur la plus haute marche du podium, c'est donc Antonio Fuoco qui a remporté la victoire devant Nobuharu Matsushita et Nicholas Latifi.

Luca Ghiotto s'est tout de même classé quatrième, alors que Sean Gelael, qui n'était que neuvième à deux tours du but, complétait le top 5 avec son meilleur résultat de la saison. Sérgio Sette Câmara, Louis Delétraz, Gustav Malja, Artem Markelov et Jordan King ont également profité des incidents de la fin de course pour marquer des points – King était tout simplement 17e à deux tours de l'arrivée !

 Monza - Course Principale

	Pilote	Équipe	Tours	Temps/Écart
1	Antonio Fuoco	Prema Racing	23	44'10.800
2	Nobuharu Matsushita	ART Grand Prix	23	0.351
3	Nicholas Latifi	DAMS	23	1.477
4	Luca Ghiotto	RUSSIAN TIME	23	3.085
5	Sean Gelael	Arden International	23	3.844
6	Sérgio Sette Câmara	MP Motorsport	23	5.268
7	Louis Délétraz	Rapax	23	6.031
8	Gustav Malja	Racing Engineering	23	6.930
9	Artem Markelov	RUSSIAN TIME	23	7.878
10	Jordan King	MP Motorsport	23	8.219

Voir le classement complet ici

Podium : 1er Antonio Fuoco (PREMA Racing), Luca Ghiotto (RUSSIAN TIME), déclassé, le troisième Nobuharu Matsushita, ART Grand Prix

Course Sprint

C'est donc une grille de départ assez inédite que l'on retrouvait pour la Course Sprint, disputée sur piste sèche, avec Gustav Malja et Louis Delétraz en première ligne devant Sergio Sette Câmara et Sean Gelael. Surtout, la remontée de Charles Leclerc et d'Oliver Rowland depuis le fond de grille s'annonçait alléchante.

Mais contre toute attente, à l'extinction des feux, c'est Gelael qui a pris un envol tonitruant, s'emparant de la tête de la course devant Delétraz ! L'Indonésien n'avait toutefois pas le rythme pour se maintenir à cette position – il a signé le 19e meilleur tour... sur 20 pilotes – et Delétraz a fini par trouver l'ouverture définitivement au quatrième tour, après avoir doublé en coupant à deux reprises.

Pendant que Gelael créait un léger bouchon derrière Delétraz avant de couler irrémédiablement au classement, Luca Ghiotto entamait sa remontée depuis la cinquième place de la grille.

Louis Delétraz (Rapax) en tête devant Sean Gelael (Pertamina Arden) et Sérgio Sette Câmara (MP Motorsport)

Après avoir dépassé Malja, Ghiotto s'est immiscé dans la bataille entre Gelael et Sette Câmara, dépassant les deux hommes successivement avant de prendre l'avantage sur le leader Delétraz au 11e tour, grâce à une meilleure sortie de la Variante della Roggia. Le Suisse a été dépassé par Sette Câmara un tour plus tard avec le DRS au premier virage, mais ce dernier n'a rien pu faire pour disputer la victoire à Ghiotto.

"C'était un peu dur", commentait le vainqueur. "Je crois que j'ai dormi trois heures la nuit dernière. Nous sommes restés chez les commissaires jusqu'à presque minuit. Puis j'ai eu du mal à rester calme et il m'a fallu un moment pour m'endormir... Ce matin, je n'étais pas prêt à 100%, parce que quand on ne dort pas assez, on ne se sent pas prêt pour la course."

"C'est sûrement la victoire qui procure la meilleure sensation de ma carrière. Quand on vous enlève une victoire et que vous gagnez de nouveau le lendemain, c'est la meilleure sensation au monde. Je pense que nous avons prouvé que nous étions vraiment rapides hier, et que nous n'avons pas gagné seulement par chance."

Luca Ghiotto (RUSSIAN TIME) dépasse Gustav Malja (Racing Engineering)

Désigné vainqueur la veille, Antonio Fuoco a réalisé une belle remontée depuis la huitième place, jusqu'à doubler Delétraz à deux tours du but, également au premier virage. Sorti du podium après avoir mené la course, le nouveau pilote Rapax signait néanmoins son meilleur résultat de la saison.

Roberto Merhi a pris une solitaire cinquième place devant Sean Gelael, alors que Nobuharu Matsushita a remporté une lutte de longue haleine face à son coéquipier Alexander Albon, les deux pilotes ART complétant le top 8.

Nobuharu Matsushita (ART Grand Prix) à la lutte avec Charles Leclerc (Prema Racing)

Remonté depuis le 17e emplacement sur la grille, Charles Leclerc a bien bataillé avec les ART avant de devoir se contenter d'une neuvième position ne rapportant pas le moindre point, ayant notamment connu une touchette avec Nicholas Latifi plus tôt dans la course.

Parti 19e, Oliver Rowland n'a pas démérité non plus avec la 11e place, mais toujours est-il qu'il a quitté Monza les mains vides, comme son rival pour le titre. À noter qu'aucun abandon n'a été à déplorer lors de cette course.

 Monza - Course Sprint

	Pilote	Équipe	Tours	Temps/Écart
1	Luca Ghiotto	RUSSIAN TIME	21	33'15.078
2	Sérgio Sette Câmara	MP Motorsport	21	2.296
3	Antonio Fuoco	Prema Racing	21	4.505
4	Louis Delétraz	Rapax	21	6.246
5	Roberto Merhi	Rapax	21	11.803
6	Sean Gelael	Arden International	21	17.305
7	Nobuharu Matsushita	ART Grand Prix	21	20.010
8	Alexander Albon	ART Grand Prix	21	20.588
9	Charles Leclerc	Prema Racing	21	23.263
10	Norman Nato	Arden International	21	23.704

Voir le classement complet ici

Les italiens auront décidément brillé à domicile. Le vainqueur Luca Ghiotto (RUSSIAN TIME) et le troisième Antonio Fuoco (Prema Racing) saluent la foule.

Championnat

De façon assez incroyable, les deux candidats au titre n'ont marqué aucun point ce week-end. Charles Leclerc conserve une saine avance de 59 points et a de bonnes chances d'être sacré à Jerez, le week-end des 7 et 8 octobre prochains. En revanche, Oliver Rowland voit Artem Markelov et Luca Ghiotto revenir sur ses talons – les trois hommes se tiennent désormais en neuf points ! Nicholas Latifi n'est plus très loin derrière non plus, à 27 points de la deuxième place.

Très bonne opération d'Antonio Fuoco, qui a marqué 37 points ce week-end contre 40 lors des huit premiers meetings de la saison.

Championnat de Formule 2 après 18 courses sur 22

	Pilote	Équipe	Points	Courses	Victoires	Podiums
1	Charles Leclerc (R)	Prema Racing	218	18	5 (4)	7
2	Oliver Rowland	DAMS	159	18	2 (2)	8
3	Artem Markelov	RUSSIAN TIME	152	18	3 (2)	5
4	Luca Ghiotto	RUSSIAN TIME	150	18	1 (0)	6
5	Nicholas Latifi	DAMS	132	17	1 (0)	7
6	Nobuharu Matsushita	ART Grand Prix	115	18	2 (0)	4
7	Nyck de Vries (R)	Rapax/Racing Eng.	96	17	1 (0)	5
8	Norman Nato	Arden International	91	18	1 (0)	3
9	Antonio Fuoco (R)	Prema Racing	77	18	1 (1)	4
10	Alexander Albon (R)	ART Grand Prix	66	16		1
11	Jordan King	MP Motorsport	50	18
12	Gustav Malja	Racing Engineering	44	18		1
13	Sérgio Sette Câmara (R)	MP Motorsport	43	18	1 (0)	2
14	Sergio Canamasas	Trident/Rapax	21	14
15	Sean Gelael	Arden International	17	18
16	Johnny Cecotto Jr	Rapax	16	8		1
17	Roberto Merhi (R)	Campos Racing	16	6
18	Louis Delétraz (R)	Racing Eng./Rapax	15	18
19	Ralph Boschung (R)	Campos Racing	11	18
20	Sergey Sirotkin	ART Grand Prix	9	2
21	Santino Ferrucci (R)	Trident	4	6
22	Robert Vișoiu	Campos Racing	1	14
23	Nabil Jeffri	Trident	0	18
24	Callum Ilott (R)	Trident	0	2
25	Stefano Coletti	Campos Racing	0	2
26	Raffaele Marciello	Trident	0	2

^{Les victoires entre parenthèses sont les victoires en Course Principale, tandis que le total englobe également les Courses Sprint à grille inversée.}