Interview

Théo Pourchaire : ses débuts en F2, ses espoirs de titre... et son permis !

Après un week-end bien chargé avec trois courses à Silverstone, quoi de mieux qu'une escale dans le studio londonien de Motorsport.tv ? Théo Pourchaire nous a fait le plaisir de nous rendre visite et s'est exprimé sans tabou sur un grand nombre de sujets, qu'il s'agisse de Formule 1, de Formule 2... ou de son permis de conduire !

Le vainqueur Theo Pourchaire - ART Grand Prix

Photo de: Formula Motorsport Ltd

Tout d'abord Théo, comment va ton bras, qui avait été blessé à Bakou il y a un mois et demi ?

Le bras va un peu mieux, mais je n'étais quand même pas prêt à 100% pour cette course. Pour moi, c'était déjà une victoire de rouler à Silverstone le week-end dernier. C'était vraiment important pour ne pas perdre trop de points au championnat. Je n'en ai marqué que dix, mais c'est déjà pas mal après un week-end compliqué, notamment en essais libres avec un petit accident. Les qualifications étaient pas mal, P5 avec peu de tours, mais ensuite trois mauvais départs qui étaient super importants ce week-end. Mais comme je l'ai dit, la victoire la plus importante pour moi, c'était de revenir. Même si j'ai galéré ce week-end avec la blessure qui me faisait mal, ce n'était quand même pas si mal.

Tu mentionnes cet accident en essais libres, est-ce que lorsque c'est arrivé, tu n'as pas eu une crainte en voyant le mur arriver et en pensant à ton bras, que ça puisse faire empirer la chose ?

Honnêtement, je n'ai pas du tout eu de crainte. J'essayais de ne pas penser à mon bras, mais on me l'a dit, mon père me l'a dit : "Tu as encore laissé tes mains sur le volant". C'est vrai que je n'ai pas du tout pensé à ça. J'étais juste un peu déçu de cette toute petite erreur avec de grosses conséquences. Mais ça va, ça n'a pas trop compromis le reste du week-end.

Pourtant, tu n'as pas eu beaucoup de roulage dans cette séance…

Exact, j'ai fait zéro tour, donc je suis arrivé en qualifications avec zéro tour avec les pneus mediums, et ça s'est très bien passé. Je suis monté progressivement en performance et j'ai fini par faire P5 en qualifications. C'est vraiment top, je suis très fier de ça. Zéro tour en EL, P5 en qualifications, devant mon coéquipier. Pour moi, c'était vraiment une très bonne séance.

Theo Pourchaire, ART Grand Prix

Revenons sur ton début de saison en F2 : tu as réalisé dix arrivées dans le top 10 et deux abandons en 12 courses, avec cette victoire de prestige à Monaco. Est-ce mieux, moins bien ou égal à ce à quoi tu t'attendais ?

C'est pas mal, c'est un très bon début de saison quand même, grâce aussi à la victoire et à la pole à Monaco. La performance générale est très bonne, je suis régulièrement dans le top 5. Je pense qu'en performance globale de la première partie de saison, je suis dans le top 5 très solidement. Après, il y a eu pas mal de problèmes mécaniques, pas mal d'accrochages. C'est vraiment dommage, parce que ça a terni un peu ce début de saison. Mais sinon je suis satisfait de ça. J'ai déjà pas mal de points de retard sur Piastri, mais ça peut le faire encore, ça peut le faire !

As-tu des pistes pour travailler tes départs, qui t'ont un peu fait défaut à Silverstone ?

Ça ne vient pas que de moi forcément, il faut qu'on trouve aussi les problèmes. J'ai essayé de bien faire tout ce qu'il fallait, la procédure, tout ça. Malheureusement, ça s'est très mal passé sur les trois départs. C'était en plus très important, il faut vraiment que l'on travaille sur ça avec l'équipe, mais je ne doute aucunement que l'on puisse s'améliorer de ce côté-là. Que ce soit les ingénieurs ou moi, on va travailler énormément pour s'améliorer. C'est hyper important et je veux arriver à Monza en faisant un week-end complet et en évitant ce genre d'erreur.

Peux-tu nous expliquer pourquoi c'est compliqué un départ en Formule 2 ?

C'est très compliqué parce que déjà il y a plus de 600 ch. Ensuite, c'est une procédure assez complexe, on a des alarmes sur le volant pour bien se mettre à la bonne position avec l'accélérateur. On a les deux palettes d'embrayages à gérer. La FIA nous oblige à rouler avec une cartographie d'accélérateur très puissante sur le départ pour qu'on ne cale pas. Il y a quelques années [en 2018, ndlr], il y avait eu un petit scandale avec ça, où ils faisaient des départs lancés parce qu'ils n'arrivaient pas à partir de la grille. Tout est fait pour que les voitures ne calent pas sur la grille. Donc oui, c'est très compliqué, mais on va s'améliorer sur ça, il n'y a aucun doute, il ne faut plus reproduire ça.

Theo Pourchaire, ART Grand Prix mène au départ

Tout à l'heure, tu mentionnais ton coéquipier, Christian Lundgaard chez ART. Il a fait un commentaire récemment à propos de ta saison : "Quand on est en pole à Monaco, il suffit de ramener la voiture à la maison. Il y est parvenu, il a marqué de gros points et c'est aussi pour ça qu'il est à ce niveau au championnat." Penses-tu que d'une certaine manière, il y a un peu de jalousie, et que cela veut également dire que tu fais le travail nécessaire et que tu as les performances attendues ?

Déjà, je ne savais pas qu'il avait dit ça, ça me surprend un peu. Honnêtement, je pense que ça résume aussi un peu la fin de cette première partie de saison avec l'écurie, où pour moi, on manque un peu de lucidité, on manque un peu d'envie de gagner, je pense. Moi, j'ai la motivation qui est à 200%, je suis là pour gagner même si je suis le plus jeune. En tout cas, je donne tout pour gagner, je sais les sacrifices que fait ma famille. Je trouve que l'on perd nos espoirs de titre, que ce soit les mécanos qui perdent un peu de motivation, le coéquipier qui dit ça. Je ne savais pas du tout, ça ne me touche pas, mais c'est un peu bizarre qu'il dise ça. À Monaco, j'ai fait le job aussi, il faut le dire. J'ai fait la pole, j'ai fait la victoire en course longue. C'est sûr que quand on part premier, c'est plus simple à Monaco. Mais les quatre dixièmes et demi au deuxième sur la pole, je l'ai fait. Bien sûr aussi que l'équipe a bien travaillé, j'avais une bonne voiture. Mais lui aussi, c'est mon coéquipier, on a la même voiture à chaque fois.

Tu es membre de la Sauber Academy depuis 2020, en parallèle de tes saisons en F3 et en F2. Comment ça se passe justement ?

Ça se passe très bien et je suis vraiment très fier de faire partie de la Sauber Academy. C'est pour moi une énorme chance de faire partie de ce junior team de Formule 1, qui est le meilleur, le plus important. Ils m'aident énormément et c'est aussi grâce à eux que je roule en Formule 2. C'est vraiment un soutien hyper important durant cette année, ça ne peut que m'aider à grandir. Je n'ai pas de pression avec eux, c'est le plus important.

As-tu reçu un feedback de Frédéric Vasseur sur tes performances récentes ?

Il me laisse plutôt tranquille, Fred. Il me laisse faire mon job, lui s'occupe du team de Formule 1. Bien sûr qu'il regarde les performances, je sais qu'il est fier aussi de ce que je fais. Il compte sur moi pour progresser, pour donner le meilleur de moi-même, gagner encore des courses, c'est le plus important. Lui est fier quoi qu'il arrive et me supportera quoi qu'il arrive.

Frédéric Vasseur a récemment annoncé que Ferrari n'allait plus choisir directement un pilote chez Alfa Romeo. Gardes-tu un œil sur la F1 pour 2022 ? Ou prends-tu vraiment les choses pas à pas ?

Je prends les choses pas à pas, pour être honnête. J'essaie de ne pas du tout penser à la F1. Je reste concentré à 200% sur la F2, c'est le plus important. La F2, pour moi, c'est ce qui peut me permettre d'aller en F1, tandis que penser à la F1, ça peut plutôt me permettre de ne jamais y arriver. Je ne pense qu'à la F2, mon rêve actuel est de gagner en F2, ce serait une incroyable saison. Après, [je veux] donner le meilleur de moi-même, faire de bons résultats.

Je pense que le fait que Sauber puisse choisir les baquets en Formule 1 est une très bonne chose. C'est mieux que le team manager de l'écurie, celui qui dirige l'équipe, puisse choisir [ses] pilotes. C'est quand même le principal, je pense que c'est quelque chose de bien.

Revenons rapidement sur tes débuts : ton père t'a mis dans un karting quand tu avais 3 ans…

Oui. C'est aussi grâce à mon père que je suis là, que je fais de la F2. C'est lui qui m'a transmis cette passion et c'est lui qui m'a aidé au début, notamment financièrement, qui n'a jamais lâché pour moi, qui a toujours cherché des sponsors. Il a fait énormément de sacrifices, même toute ma famille. Que ce soit ma mère, ma sœur, mon père, ils ont fait énormément de sacrifices. Il m'a transmis cette passion du sport automobile en général, pas que la F1, que ce soit le rallye, l'Endurance. Lui est énormément fan de rallye. J'ai de très bons souvenirs de Monaco en 2006, où je vois Alonso et Schumacher se battre, j'étais dans le premier virage à Monaco. C'est grâce à lui que j'ai cette passion et que je suis là aujourd'hui.

En 2006, tu étais plutôt Alonso ou Schumacher ?

Selon les photos et les vidéos que ma mère a prises, je suis plus Schumacher apparemment. J'étais habillé tout en Ferrari, c'était une très bonne époque, mais j'avais trois ans. C'était cool. J'arrive à avoir des petits souvenirs, mais vraiment, je m'en souviens aussi grâce aux photos, et c'est cool de voir ça.

Michael Schumacher, Ferrari

J'imagine que tu as regardé le Grand Prix [dimanche] comme nous, il y a forcément eu un incident qui a fait réagir tout le monde. En tant que pilote, as-tu un avis sur cet accrochage entre Lewis Hamilton et Max Verstappen, car les opinions semblent très partagées ?

Je trouve ça triste que les opinions soient énormément partagées comme ça, qu'il y ait vraiment deux camps. C'est incroyable quand on va sur les réseaux sociaux en plus, il y a beaucoup de méchanceté des deux côtés, il peut y avoir même du racisme, ça part hyper loin. Franchement, c'est horrible, parfois.

Pour moi, j'ai vraiment adoré, j'ai vraiment tremblé durant ce premier tour. C'est un truc de fou ! Il faut être honnête, Max Verstappen est un pilote hyper agressif, il est agressif depuis qu'il est arrivé en F1, personne n'a dit grand-chose, il a créé quand même beaucoup d'accrochages, les pilotes se sont pas mal énervés sur lui. Hier, je pense que c'était de la faute de Hamilton, même si selon moi, c'est vraiment très compliqué : on se rapproche vraiment plus d'un 50/50 que de la faute d'un seul pilote. Après, c'est à très haute vitesse ; les gens sur les réseaux sociaux peuvent parler très rapidement et dire beaucoup de fausses informations. On est à 300 km/h et eux se battent pour le championnat du monde de Formule 1, il n'y a personne qui veut lâcher. J'ai énormément apprécié ce premier tour, malheureusement il ne fallait pas que l'accident arrive. Max va bien, c'est le plus important. 51 g, c'est énorme. Le plus important c'est qu'il aille bien, et il ne faut pas qu'un gros accrochage comme ça se reproduise.

Sur un autre sujet, félicitations pour ton baccalauréat, que tu as obtenu le mois dernier. Est-ce compliqué de jongler avec les études lorsque l'on est pilote de Formule 2 ?

Oui, c'est très compliqué, même avant la Formule 2, et dans beaucoup de sports à mon avis. Le sport automobile est très compliqué à gérer avec l'école en même temps, c'est quasiment impossible. C'est grâce à la FFSA Academy [au Mans] que j'ai pu poursuivre mon cursus scolaire normal. C'était vraiment top de passer le bac, d'avoir la mention Bien. Maintenant, je suis un peu plus soulagé, un peu plus concentré sur la F2. Il n'y a plus que la blessure à guérir à 100 % jusqu'à Monza.

Avais-tu des matières préférées au lycée ?

Oui, j'aimais bien l'histoire-géographie, science politique, géopolitique. J'aimais bien l'anglais aussi, les langues étrangères : anglais, italien. C'étaient mes deux matières préférées.

Et le sport peut-être ?

Le sport, oui ! Mais ça, ça fait partie de ma vie depuis toujours, donc le sport pour moi, c'est une formalité.

Tu vas fêter tes 18 ans le mois prochain. Le permis de conduire, ça en est où ?

Le permis ça avance, mais un peu doucement. Là, dès que je vais rentrer, il va falloir que je passe le code, absolument, et une fois que j'aurai le code, je vais pouvoir commencer les heures de conduite. Normalement, j'aurai assez de temps pour le passer cet été, je suis assez confiant sur ça, même si ça n'est pas simple et qu'il va falloir travailler un peu sur ça aussi.

Est-ce que tu sais déjà quelle voiture tu vas conduire ?

Aucune idée, déjà si j'ai le permis je serai content. Ensuite, je prendrai n'importe quelle voiture pour me déplacer, pour moi il y a aucun souci.

Theo Pourchaire, ART Grand Prix

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