"À mon avis, le championnat, c'est mort." On pardonnerait volontiers à Sébastien Buemi d'avoir prononcé ces mots à l'issue de l'E-Prix de Paris, où il était en tête lorsqu'un contact avec Robin Frijns a provoqué une crevaison sur sa Nissan e.dams et l'a privé d'une possible victoire. Après tout, il languissait alors en 13e position du championnat avec seulement 30 points au compteur. En cause également, un accident alors qu'il menait l'E-Prix de Santiago et un mauvais calcul d'énergie de la part de son équipe quand il était quatrième à Mexico.

La monoplace du team franco-japonais avait néanmoins un potentiel indéniable, et la Formule E a failli nous réserver un de ces scénarios époustouflants dont elle a le secret : encore huitième du classement général au moment d'aborder l'E-Prix de New York, Buemi avait besoin d'un miracle pour être sacré, mais a remporté la première course du week-end avec la pole position à la clé pour se maintenir en lice. Un superbe effort lors de la séance qualificative suivante lui a permis de se hisser en Super Pole, mais le meilleur temps lui a ensuite échappé, le privant définitivement du titre. Un nouveau podium lui a néanmoins permis de s'emparer de la deuxième place du championnat, à 17 longueurs du titre. Trente points sur les huit premières courses, 89 sur les cinq dernières : Buemi a pris son envol, mais il était trop tard.

"Je suis stupéfait d'avoir fini deuxième", déclare le Suisse pour InsideEVs. "C'est la troisième fois que je finis deuxième, avec une première et une quatrième place, je pense que c'est une bonne moyenne au final. Un peu déçu de tous mes abandons ; si l'on regarde mon résultat moyen en qualifications, c'est le meilleur de loin."

"J'ai le sentiment que j'aurais dû jouer le titre ; clairement, avec tous les problèmes que nous avons eus, un de moins aurait suffi à le gagner. C'est comme ça, c'est le sport auto, il faut l'accepter."

Buemi n'a pas tort d'évoquer ses performances qualificatives, puisqu'il est de loin en tête quant aux apparitions en Super Pole, à savoir 11 sur 12 possibles. Une performance certes facilitée par le fait par le fait qu'il n'a été placé dans le Groupe 1 qu'une fois, lors de la dernière course (ce qui ne l'a pas empêché de se hisser dans le top 6 de la phase de poules) !

Apparitions en Super Pole en 2018-19

Pilotes Nombre
S. Buemi 11
P. Wehrlein 6
A. Sims, O. Rowland, S. Bird, S. Vandoorne 5
J.-É. Vergne, M. Evans, D. Abt, L. di Grassi 4
A. Félix da Costa, F. Massa 3
A. Lotterer, G. Paffett, M. Günther*, R. Frijns, A. Lynn* 2
E. Mortara, J. d'Ambrosio, J.M. López 1
O. Turvey, T. Dillmann, F. Nasr*, N. Piquet Jr* 0

* Saison partielle

Buemi aura en tout cas la satisfaction d'avoir conclu sa campagne par quatre podiums consécutifs, dont cette troisième place à New York, où il regrette toutefois de ne pas avoir défendu plus agressivement lorsque le futur vainqueur Robin Frijns l'a dépossédé de la deuxième position.

"Il a fait du bon travail, c'est ma faute, j'aurais dû fermer la porte davantage", reconnaît-il. "J'avais un peu peur d'aller dans la poussière [hors trajectoire] à ce point, car c'est vraiment mauvais. J'ai pu le garder derrière pendant un moment, mais j'étais vraiment mauvais dans le dernier virage. Ma voiture est vraiment lourde à l'arrière, je n'arrivais pas à réaccélérer à la sortie du dernier virage, cela lui donnait à chaque fois une opportunité de me doubler. Cette fois-là, ça ne s'est pas si bien passé."

"Je suis un peu déçu de cette manœuvre, j'avais un peu peur qu'il attaque fort [pour doubler] et qu'il me touche s'il restait derrière, ce qui n'aurait pas été bon pour moi au championnat. Mais je lui ai laissé la place, c'est ma faute."

Propos recueillis par Alex Kalinauckas