Initialement accueilli avec scepticisme, le mode attaque est en train de faire ses preuves en Formule E. L'E-Prix de Rome aurait facilement pu être une procession, mais grâce à la possibilité pour les pilotes d'avoir 25 kW de puissance supplémentaire à deux reprises pendant quatre minutes, l'épreuve a revêtu un aspect éminemment stratégique.

C'est en effet le mode attaque qui a permis à Mitch Evans d'imposer une pression non négligeable au leader André Lotterer, avant de trouver l'ouverture dans les dernières secondes de son surplus de puissance. Evans a contraint Lotterer à freiner à l'intérieur au virage 10 avant de décroiser pour pointer son museau à l'intérieur dans la courbe suivante.

Le pilote DS Techeetah ne pouvait que s'avouer vaincu, mais n'avait perdu qu'une bataille et pas la guerre. Lotterer est reparti à l'assaut, utilisant le mode attaque à son tour ; cette fois, c'est Evans qui devait se défendre, et manquer la zone d'activation de l'attack mode (dont la double utilisation est obligatoire) n'a pas aidé le Néo-Zélandais ! Ce dernier est finalement parvenu à remporter sa première victoire en Formule E, la première de Jaguar également.

"Ça ne pouvait probablement pas être mieux !" s'exclame Mark Preston, directeur de DS Techeetah et beau joueur, pour InsideEVs. "Un pilote le prend et attaque, puis l'autre pilote le prend et attaque, c'est ce qu'ils veulent vraiment. Bien sûr, si nous activons l'attack mode en même temps, le rapport de force reste équitable. C'est dommage que ça n'ait pas marché pour nous, mais ça ne pouvait pas être mieux pour la course. Nous avons eu notre chance, mais Jaguar a fait du meilleur travail."

Forcément, le son de cloche est similaire du côté de James Barclay, qui est à la tête de l'écurie Jaguar, comme il l'explique à notre micro : "Ce qui était vraiment bien, c'est que même si l'attack mode nous a vraiment rendus très nerveux dans le garage, pour la Formule E et les spectateurs, c'était une course absolument passionnante, car c'était littéralement une partie d'échecs. Est-ce qu'on le prend en premier ? Est-ce qu'on le prend en second ?"

"Nous l'avons manqué [quand Evans a raté la zone d'activation], mais Mitch a gardé son sang-froid et l'équipe aussi. C'est le risque de l'attack mode, et je pense que ça s'est très bien passé pour la FE. Si l'on regarde la bataille sans concession qu'ils se sont livrée, c'était une belle course. L'attack mode n'est pas un dépassement gratuit, et il est possible de le prendre au mauvais moment. C'est ce qui est passionnant à ce sujet. Mark a absolument raison, ça s'est passé à la perfection. C'est peut-être stressant pour les écuries, mais c'est génial pour le spectacle."

Drapeau rouge : une nouvelle règle appréciée

Les deux dirigeants ont également salué le changement de règle concernant le drapeau rouge, puisque le chrono est désormais immédiatement stoppé au lieu de continuer à s'écouler avant que du temps ne soit ajouté. C'est une décision "très logique" pour Barclay, qui rendra les courses "plus faciles" selon Preston.

Jean-Éric Vergne, en revanche, apporte un bémol : "Il faut qu'ils fassent pareil pour les voitures de sécurité et les Full Course Yellow." Une interruption du chrono lors de ces phases imposerait en effet davantage de gestion d'énergie, ce que souhaitent plusieurs pilotes dont Vergne.

Propos recueillis par Alex Kalinauckas