Interview

Le nouveau départ qui pourrait couronner de succès Kevin Magnussen

Après avoir passé plus de sept ans sans victoire chez McLaren, Renault et Haas en Formule 1, Kevin Magnussen pourrait renouer en IMSA avec ce qu'il désire le plus : une chance de gagner.

#1 Chip Ganassi Racing Cadillac DPi: Renger van der Zande, Scott Dixon, Marcus Ericsson, Kevin Magnussen

#1 Chip Ganassi Racing Cadillac DPi: Renger van der Zande, Scott Dixon, Marcus Ericsson, Kevin Magnussen

Michael L. Levitt LAT Photo USA

Alors que Kevin Magnussen traversait le paddock du circuit de Yas Marina en décembre, probablement pour la dernière fois en tant que pilote de F1 titulaire, il n'a pas ressenti d'immense tristesse. Il est certain que ses mécaniciens chez Haas lui manqueront, ceux avec qui il a connu des hauts et des bas ces quatre dernières années, tout comme les amis qu'il s'est fait dans le paddock. Et ne plus piloter l'une des voitures les plus rapides au monde chaque week-end lui manquera également.

Mais tandis que le chapitre F1 se refermait, Magnussen était déjà tourné vers la suite : une arrivée en Endurance avec le Chip Ganassi Racing en IMSA. L'aventure a débuté le week-end dernier, et le Danois a surgi en tête de la course qualificative des 24 Heures de Daytona lors des premiers tours sur piste humide. "Je ne me sens pas triste", affirme-t-il. "Je ne peux pas m'empêcher d'être excité, impatient de voir la suite pour moi, plutôt que de me sentir triste du fait de ne pas être en F1."

Magnussen espérait rester en F1 pour 2021. Mais Haas était en quête de changement et d'argent, choisissant un tout nouveau duo composé de Mick Schumacher et Nikita Mazepin. Contraint de chercher une alternative, Magnussen a regardé vers les États-Unis, espérant dans un premier temps trouver une place en IndyCar. Devant un plateau déjà majoritairement constitué et des baquets libres suspendus à des accords de sponsoring, il a changé son fusil d'épaule.

Quand Ganassi a annoncé en novembre dernier son retour en IMSA après un an d'absence, avec la Cadillac Dpi-V.R, les discussions se sont nouées rapidement, jusqu'à trouver un accord. Contrairement à nombre de ses pairs qui ont tendance à estimer que c'est la F1 ou rien, Magnussen a une vision beaucoup plus large. Pour lui, la compétition automobile a toujours été faite de disciplines variées.

#01 Chip Ganassi Racing Cadillac DPi: Renger van der Zande, Scott Dixon, Marcus Ericsson, Kevin Magnussen

"Beaucoup de gens voient la Formule 1 comme la seule forme de sport automobile", dit-il. "C'est certainement la plus grande en matière d'attention et d'argent en jeu. C'est le sommet du sport automobile à bien des égards, ça ne fait aucun doute. Mais ce n'est pas la seule forme. J'ai toujours été super passionné par toutes sortes de sports mécaniques, pas uniquement la Formule 1. Mon plus grand héros, en dehors de mon propre père, c'est Stirling Moss, qui est assurément quelqu'un qui a réussi dans beaucoup de choses, pas seulement en Formule 1. Il y a tant d'histoires qui peuvent être oubliées. Bien sûr, les 24 Heures du Mans ne tombent pas dans l'oubli, mais il y a tellement de courses riches en histoire en dehors de la Formule 1. Je me sens vraiment chanceux de pouvoir participer à certaines de ces courses."

Magnussen avait affiché un intérêt similaire pour les projets hors F1 lorsque sa carrière en Grand Prix a connu un premier coup d'arrêt en 2014. Malgré sa deuxième place dès sa première course, après laquelle il avait imaginé "se battre pour le titre dès la première année", sa saison difficile de rookie chez McLaren l'avait mené à devenir réserviste de l'écurie pour 2015. Une opportunité avec Andretti Autosport en IndyCar s'était dérobée lorsqu'il avait remplacé Fernando Alonso, blessé, pour le Grand Prix d'Australie 2015. Puis, avant son retour avec Renault en 2016, il avait testé la Porsche 919 Hybrid LMP1.

Mon plus grand héros, en dehors de mon propre père, c'est Stirling Moss.

Kevin Magnussen

Magnussen a toujours eu un pied en Endurance, en grande partie grâce à son père, qui a été pilote d'usine Corvette pendant seize ans. Jan Magnussen a en effet gagné les 24 Heures du Mans dans sa catégorie à quatre reprises, une fois les 24 Heures de Daytona, et a décroché le titre GTLM en IMSA en 2017 puis 2018. Pour les Magnussen père et fils, le rêve de longue date était de pouvoir courir ensemble au Mans, mais il n'a pas pu se matérialiser.

"Quand il était pilote Corvette, il y avait des opportunités de le faire, car Corvette m'aurait placé dans la voiture pour Le Mans", explique Kevin. "C'est devenu impossible au niveau de la logistique et de l'emploi du temps, parce qu'il faut se préparer. Et c'est difficile pour Corvette de mettre dans la voiture au Mans un pilote qui n'est pas le même que pour les autres grandes courses de l'année."

#3 Corvette Racing Chevrolet Corvette C7.R, GTLM:  Jan Magnussen and Kevin Magnussen.

Maintenant que Jan a quitté Corvette pour devenir le pilote pro dans des équipages pro-am, son fils reconnaît que les chances de courir avec lui sont infimes. "Nous devons le faire dans une LMP2 ou une GTE Am, ce qui est difficile, car nous sommes deux pilotes platinum", précise-t-il. "Je ne sais pas si nous pouvons le faire. Maintenant, je vais courir et essayer de trouver de bons baquets, je l'espère dans des écuries d'usine à l'avenir. Ce pourrait être compliqué avec mon père, mais nous allons toujours garder un œil là-dessus."

Son arrivée en Endurance offre à Magnussen deux éléments qui lui ont énormément manqué en F1. D'abord, il retrouve ses racines et s'éloigne de l'attention des médias qui l'a parfois irrité ces sept dernières années. Il travaillera avec une équipe beaucoup plus petite – ce dont il se délectait déjà chez Haas par rapport à McLaren et Renault – et les distractions extérieures seront moindres. Il s'agira de course à l'état pur, ce qui lui convient parfaitement. Cela lui donne aussi une chance d'être compétitif et de gagner des courses à nouveau. Tout aussi impressionnant qu'il fut lors de son passage chez Haas, son meilleur résultat reste une cinquième place. Ces deux dernières années, il n'a jamais terminé mieux que sixième et n'a marqué qu'un seul point pour sa dernière saison.

"Au bout d'un moment, si l'on ne peut pas gagner des courses, même marquer des points n'est pas si enthousiasmant", soupire Magnussen. "Avec Haas, nous en avons marqué beaucoup. Récemment, pas tant que ça. Mais même entrer dans le top 10, on s'en lasse. Ce n'est pas un véritable objectif pour un vrai gagnant. Ça ne peut pas le satisfaire. En Formule 1, il faut avoir une super voiture capable de gagner des courses. Bien sûr, une fois sur mille, cela peut arriver que quelqu'un gagne sans avoir la meilleure voiture, mais c'est plus une question de chance, il faut des circonstances vraiment extrêmes pour que cela se produise. Le pilote ne peut pas faire la différence seul. C'est véritablement impossible. Je suis vraiment impatient de retrouver une situation de victoire, de pouvoir me réveiller le matin et me dire à quel point je suis impatient de jouer la victoire à Daytona, à Sebring ou à Laguna Seca, etc. Ce sont des circuits géniaux et des courses que je vais pouvoir attendre avec hâte."

Kevin Magnussen, McLaren, avec le Champagne sur le podium

Un sourire se dessine sur le visage de Magnussen quand il évoque la perspective de gagner à nouveau des courses. Il n'a pas connu cette joie depuis son dernier départ en Formule Renault 3.5, en octobre 2013, mais la possibilité redeviendra réelle avec Ganassi. Le programme de l'équipe américaine en IMSA a été annoncé en novembre et la voiture a été construite juste à temps pour un premier shakedown à Sebring au début du mois, où Magnussen a découvert la DPi.

Néanmoins, il peut s'appuyer sur des pilotes très expérimentés pour l'aider à assimiler la discipline. Magnussen partagera la Cadillac #01 avec le double vainqueur des 24 Heures de Daytona, Renger van der Zande, durant toute la saison. Le sextuple champion d'IndyCar, Scott Dixon, les rejoint pour les courses longues, tout comme l'ancien pilote de F1 Marcus Ericsson pour Daytona. Van der Zande a remporté les deux dernières éditions de Daytona avec la Cadillac du Wayne Raylor Racing, et il fait régulièrement partie des meilleurs pilotes d'Endurance. Même si le Néerlandais estime que Ganassi fait face à "une courbe d'apprentissage" avec ce nouveau programme, il est déjà heureux de travailler aux côtés de Magnussen.

"C'est très naturel de discuter avec lui", confie Van der Zande. "Les Danois et les Néerlandais se ressemblent un peu, donc l'entente est naturelle. J'ai hâte de travailler avec lui et de bâtir la confiance nécessaire pour gagner des courses ensemble. C'est quelqu'un qui comprend ça. Son père est en Endurance depuis 25 ans, alors il sait ce qu'il faut pour réussir dans cette discipline."

Magnussen est également enthousiasmé par les portes que cette nouvelle vie peut lui ouvrir ailleurs. Il garde un œil attentif sur la plateforme Hypercar, que d'autres constructeurs vont rejoindre, et il n'exclut pas un passage en IndyCar. "C'est l'un des avantages d'être pilote d'Endurance : on peut faire plus de choses", souligne-t-il. "Il y aura plus de temps et de meilleures opportunités pour essayer d'autres choses."

La carrière de Magnussen en F1 n'a peut-être pas été aussi fructueuse que ce que l'on imaginait lorsqu'il s'est retrouvé sur le podium de Melbourne en 2014, mais il n'a pas de regrets. Ce chapitre étant clos, il est désormais prêt à débuter une seconde carrière qui pourrait l'emmener vers diverses catégories, voitures et championnats. Et cela pourrait bien le conduire au succès qu'il n'a jamais atteint en F1.

#1 Chip Ganassi Racing Cadillac DPi: Kevin Magnussen

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