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Bourdais, "l'un des plus grands pilotes de sa génération"

Chacun sait Sébastien Bourdais capable de propulser une équipe d'IndyCar vers la victoire et le Dale Coyne Racing l'a entouré d'ingénieurs de grand talent. Mais cela sera-t-il suffisant pour battre Ganassi, Penske et Andretti sur la durée d'un championnat ? David Malsher évalue la situation.

Sebastien Bourdais, Dale Coyne Racing with Vasser-Sullivan Honda

Sebastien Bourdais, Dale Coyne Racing with Vasser-Sullivan Honda

Phillip Abbott / Motorsport Images

Sébastien Bourdais était d'humeur détendue à Mexico, en 2006. Trois semaines auparavant, il avait décroché son troisième titre Champ Car consécutif avec le Newman/Haas Racing à Surfers Paradise, en Australie, et a quitté le circuit sans se faire arroser de canettes de bières de fans après avoir poussé hors course Will Power, le favori local et leader de la course. En arrivant sur l'Autodromo Hermanos Rodriguez, "Super Seb" visait une septième victoire de la saison.

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Alors que nous marchions de la pitlane au paddock après la séance d'essais, je lui demandai s'il estimait avoir encore des choses à prouver avec la meilleure équipe du paddock qu'était alors Newman/Haas, dont il était le roi. "Serais-tu tenté de faire ce que Michael Schumacher a fait il y a dix ans en passant chez Ferrari ? Si tu amenais une équipe de milieu de plateau comme PKV ou HVM devant, cela prouverait que tu es celui qui fait la différence."

Bourdais haussa les épaules et fit une mine légèrement grimaçante. "Je vois ce que tu veux dire, mais ce n'est pas aussi simple que ça", répondit-il. "Je pense que j'ai amené quelque chose sur la table chez Newman/Haas mais qu'il s'agit d'un effort d'équipe. Il s'agit de relations de travail avec des gens comme Craig [Hampson, ingénieur de course], les autres ingénieurs, etc. Il n'y a pas de garanties d'un aussi bon travail avec un groupe différent. Si une grande partie d'entre nous quittait cette équipe pour une autre, oui, probablement que nous pourrions avoir un succès similaire. Mais à quoi bon, quand nous sommes déjà tous ensemble [ici] ? Nous avons tout ce que nous souhaitons ici : une équipe solide, des sponsors corrects, etc."

Des paroles sensées, mais la roue a quelque peu tourné depuis une douzaine d'années et le moment où s'est tenue cette conversation. Pour Bourdais, un remarquable quatrième titre en 2007 avec NHR fut suivi par un bref épisode malheureux en F1 avec Toro Rosso, des succès en Endurance avec Peugeot, avant un retour en monoplace aux Etats-Unis en 2011, à temps partiel avec le Dale Coyne Racing.

C'est cependant au cours de ses deux saisons au sein du Dragon Racing, en 2012 et 2013, que Bourdais a montré une nouvelle fois l'étendue de sa classe, prouvant qu'il était bel et bien un faiseur de différence. Très peu sont les pilotes qui auraient pu faire mieux pour l'équipe de Jay Penske que Bourdais et la même chose peut être affirmée au sujet de ses trois ans avec KV(SH) Racing.

Chez cette dernière équipe, Seb a constitué un autre lien solide avec un autre excellent ingénieur en la personne d'Olivier Boisson : le duo a remporté quatre courses ensemble. Puis lorsque l'équipe détenue par le trio Kevin Kalkhoven/Jimmy Vasser/James Sullivan se retira au terme de l'année 2016, Dale Coyne se trouva en situation de pouvoir faire signer aussi bien Bourdais que Boisson et Hampson. Craig avait œuvré pour Andretti Autosport mais avait été fortement courtisé par son ami Bourdais au cours de la saison. Attiré par l'idée de travailler dans ce cercle de talent, Vasser et Sullivan ont à leur tour rejoint les forces vives de Coyne pour se concentrer sur la voiture #18 de Bourdais.

La première course du trio Bourdais/Hampson/Boisson, à St Petersburg en 2017, offrit la victoire à Dale. En dépit de tous les coups reçus par la petite structure de Plainfield (Illinois), dont le pire fut l'horrible accident de Bourdais sur l'Indianapolis Motor Speedway, ce succès annonça un rebond. Bourdais remit le couvert en 2018 à St Pete avec une autre victoire.

Reste qu'au terme de cette dernière saison, Bourdais n'était que septième au championnat, battu par l'un des pilotes du Chip Ganassi Racing, deux Andretti Autosport et les trois pilotes du Team Penske. Peut-être s'agissait-il, en étant réaliste, du meilleur résultat auquel pouvait prétendre un pilote Dale Coyne Racing, à la manière d'un Nico Hülkenberg se battant en F1 pour la position de "meilleur des autres" derrière les intouchables Mercedes, Ferrari et Red Bull.

Lors du lancement de la nouvelle spécification de la Dallara DW12, en 2012, l'IndyCar proclamait avec fierté qu'il y aurait "20 vainqueurs potentiels sur n'importe quel week-end". En regardant les feuilles de temps plus récentes de l'an dernier, l'écart entre la pole position et la septième place en F1 couvre l'intégralité de la grille IndyCar et nombre de fans de F1 seraient en effet jaloux de constater que 14 pilotes différents sont montés sur le podium IndyCar des 17 courses de la saison, contre sept en 21 manches F1. Cela étant associé à une énorme réduction des coûts grâce à des packages sur lesquels seuls les moteurs et les amortisseurs sont différents.

"Le problème n'est pas Bourdais, c'est nous"

Néanmoins, il y a toujours un fossé entre les mieux et les moins bien dotés en IndyCar. Est-ce que des règles techniques 2019 presque fixes permettront aux petites équipes de rattraper le Top 3, ou le reset aéro de l'an dernier était-il la meilleure chance de ceux-ci de remonter dans la hiérarchie ? En d'autres mots, le Dale Coyne Racing peut-il être un candidat au titre en 2019 ? Hampson, Boisson et Michael Cannon – ingénieur de la voiture #19 – évaluent cela.

"Il y a deux manières de voir votre saison [2018]", juge Hampson pour Motorsport.com. "La première est de se demander où nous aurions pu terminer aux points si nous avions fait un meilleur travail sur les courses urbaines. L'autre manière de voir cela est de dire : 'Hé, nous avons laissé beaucoup de points sur la table et avons quand même terminé septièmes'. Avons-nous donc surperformé ou sous-performé ? C'est à vous, les médias, de décider !"

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"Honnêtement, ma nature compétitrice est déçue, car il y a aussi eu des week-ends lors desquels nous avions une bonne auto et que nous n'avons pas optimisé le résultat et c'est toujours frustrant. Heureusement, tous les autres ont aussi connu des week-ends comme ça, à l'exception de Scott Dixon, en tout cas. Je suis certain que les gars de Ganassi vous diraient qu'ils n'ont pas toujours tiré profit de leurs meilleures journées, mais ils ont aussi été phénoménaux et meilleurs que quiconque au moment d'extraire de bons résultats dans leurs mauvais jours."

"Comme je l'ai dit, nous avons été nuls sur les circuits urbains. Bien entendu, nous avons gagné une course, mais c'était de la chance car les deux gars de devant [Alexander Rossi et Robert Wickens] s'étaient accrochés. Notre rythme en qualifications et en piste n'était simplement pas assez bon. Il s'agit donc du domaine sur lequel nous nous concentrons car nous savons tous que Sébastien ne devrait pas souffrir sur les tracés urbains. Le problème n'est pas lui, c'est nous."

"L'un des plus grands pilotes de sa génération"

Cela dit, Bourdais aime disposer d'une auto ayant un arrière stable et les bosses rencontrées traditionnellement sur les circuits urbains imposent à l'équipe d'élever la hauteur de caisse et de rendre le fond plat – source de la majorité de l'aéro sur cette spécification – bien différent. Peut-être Seb ne s'accommode-t-il simplement pas des caractéristiques inhérentes à un faible appui ?

"Avec les réglages urbains, vous avez des amortisseurs souples pour absorber les bosses, tandis que sur les circuits routiers, les amortisseurs sont plus rigides", décrit Hampson. "Nous sommes mauvais sur les uns et bons sur les autres. Je pense qu'il est probablement juste de dire que si nous raidissons légèrement la voiture, Sébastien n'est pas heureux de la manière dont la map aéro varie avec les changements de hauteur de caisse. Dans ce sens, ce que vous dites est correct."

"Mais il est tout aussi juste de faire remarquer que ces caractéristiques inhérentes au kit aéro universel a aussi rendu James Hinchcliffe malheureux par rapport à Robert Wickens, et Simon Pagenaud a été clairement plus ennuyé que [Will] Power et [Josef] Newgarden."

"Cela dit, je ne vais pas me cacher derrière tout ceci pour expliquer notre sous-performance sur les circuits routiers. Il est clair que des équipes comme Andretti Autosport ont fait un meilleur travail – même meilleur que celui de Penske, je pense. Et l'on ne peut pas demander à Sébastien de faire les choses différemment. Il est l'un des plus grands pilotes de sa génération et nous devons trouver comment faire progresser ce que nous mettons à sa disposition. Il sait quel doit être le ressenti d'une bonne voiture sur un tracé urbain et nous n'y sommes pas."

"Peut-être que revoir nos concepts d'amortisseurs peut aider, mais peut-être qu'il y a d'autres domaines dans lesquels nous passons à côté de quelque chose et que nous devrions regarder avec plus d'attention, comme une géométrie différente, une autre répartition des masses, un autre type de différentiel, ce genre de choses. Nous avons fait une liste de là où nous devrions chercher des réponses. Puis revient le vieux problème qui est que n'avons que trois jours de tests, pas de programme de simulation, et moins de monde : comment rattraper comme cela ? Même en connaissant nos plus grands défauts en termes de symptômes, nous devons être très, très fins lorsque l'on tente d'en corriger la cause."

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