Interview

Sato - "La F1 et l'IndyCar, Je les aime toutes les deux"

Takuma Sato, A.J. Foyt Enterprises

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IndyCar Series

Takuma Sato, A.J. Foyt Enterprises
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Takuma Sato, A.J. Foyt Enterprises
Takuma Sato, A.J. Foyt Enterprises Honda
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Takuma Sato, A.J. Foyt Enterprises Honda
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Takuma Sato, A.J. Foyt Enterprises Honda
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Takuma Sato, A.J. Foyt Enterprises Honda
Takuma Sato, A.J. Foyt Enterprises Honda

Les passionnés de Formule 1 connaissent bien Takuma Sato. Couvé par Honda depuis ses débuts en sport automobile, le Japonais ne pouvait que rejoindre un jour l’IndyCar, championnat dans lequel ce constructeur est très impliqué en tant que motoriste.

Voilà donc quelques saisons que Sato roule sa bosse outre-Atlantique. S’il ne compte aujourd’hui qu’un succès à son actif, à Long Beach en 2013 – déjà pour l’écurie d’A.J. Foyt, véritable légende américaine –, il ne rate aucune occasion de mettre son grain de sel dans un peloton déjà animé par nature...

Takuma Sato a bien voulu comparer les deux disciplines pour Motorsport.com, et faire le point sur la saison en cours d’IndyCar.

Vous avez couru en Grand Prix durant presque six ans. Comment comparez-vous la F1 et l’IndyCar?

Visuellement, les voitures se ressemblent. Mais elles sont considérablement différentes. À tel point qu’on ne peut pas vraiment les comparer.

Comme vous le savez, la F1 est une série très prestigieuse tandis que l’IndyCar représente une lutte à finir en piste. Je ne veux pas dire qu’il n’y a pas de batailles en F1, mais vos performances sont intimement liées à l’écurie pour laquelle vous conduisez. Mercedes domine en ce moment, et auparavant, c’était Ferrari avec Michael Schumacher.

En F1, pour réussir, il faut être dans la bonne écurie, au bon moment. Tout est une question de timing. Vous êtes largement dépendant de votre environnement. Et le niveau de performance des équipes varie énormément.

Alors qu’ici en IndyCar, certes, vous avez des écuries majeures comme Penske et Ganassi qui sont comme Ferrari et McLaren en F1, mais une petite écurie peut gagner des courses. Même une écurie à une seule voiture peut y parvenir. Cela est rendu possible par le fait que nous disposons tous du même équipement.

Les moteurs diffèrent cependant, de même que les kits aérodynamiques.

Oui, mais par rapport à la F1, vous avez beaucoup plus de chances de briller ici, et même de gagner des courses. De plus, l’aérodynamique des voitures IndyCar n’est pas aussi efficace qu’en F1. Nous pouvons donc nous suivre de très près sans subir de perturbations. C’est pour cette raison qu’il y a plus d’action en piste.

Quand je suis arrivé ici en Amérique, les gens m’ont prévenu que les voitures étaient lourdes, moins puissantes, disposaient de moins de grip et que les pistes étaient bosselées. Mais moi, pilote, j’étais comblé. Je pouvais me battre. Même une petite écurie peut se battre contre les grosses. C’est une énorme satisfaction.

Quand je suis arrivé ici en Amérique, les gens m'ont prévenu que les voitures étaient lourdes, moins puissantes, disposaient de moins de grip et que les pistes étaient bosselées. Moi, pilote, j'étais comblé.

Takuma Sato

Ici [en IndyCar], nous n’avons peut-être pas les matériaux sophistiqués de la F1, et nos voitures ont peut-être l’air d’avoir dix ans de retard, mais nous opérons au même niveau que la F1. Tout est une affaire de détails, de peaufinage de petites choses. Ici, nous faisons varier la hauteur de caisse de seulement un quart de millimètre, soit 0,25 mm. Je n’ai jamais vu cela en F1. Mais en IndyCar, il faut maîtriser ces détails.

De plus, nous courons sur une grande variété de pistes différentes: des tracés urbains, des circuits routiers, de petits ovales, des superspeedways. Cela rend la “série” fantastique. J’adore ma vie ici.

Quelle est votre opinion sur ces kits aérodynamiques qui ont été introduits cette année? Sont-ils finalement une bonne chose?

Hmm... En fait, oui. Il y a du positif et du négatif. Mais globalement, c’est une bonne chose. Au moins, la compétition fait rage à ce niveau. Oui, le kit Chevrolet est un peu meilleur.

Nous trouvons que Honda, et surtout HPD [Honda Performance Development], a effectué un excellent travail sur le moteur.

Le développement a été beaucoup plus agressif cette année. Mais en ce qui concerne les kits aérodynamiques, nous avons été désavantagés quand nous avons dû changer complètement notre aileron avant après la première course de la saison.

Suite à des accrochages, plusieurs morceaux s’étaient mis à voler dans les airs. Nous avons dû réduire le nombre de volets de notre aileron avant et cela nous a fait perdre de l’appui. Honda a fait du bon boulot pour regagner de l’appui et je trouve ma voiture mieux équilibrée qu’auparavant.

La compétition est si intense qu’un petit dixième de seconde se traduit par plusieurs places sur la grille de départ. Mais pour les fans, ces kits rendent les voitures différentes les unes des autres, et plus faciles à identifier.

Ici, nous faisons varier la hauteur de caisse de seulement un quart de millimètre, soit 0,25 mm. Je n’ai jamais vu cela en F1. Mais en IndyCar, il faut maîtriser ces détails. 

Takuma Sato

 

Le niveau de performance varie aussi d’une course à l’autre. Il faut toutefois faire attention à ce qu’un manufacturier ne domine pas la compétition. C’est le rôle des responsables du championnat de s’assurer que cela n’arrive pas.

Par contre, les kits compliquent un peu l’évaluation du rendement du moteur. Au-delà de 160 km/h, c’est l’aérodynamique qui domine. L’efficacité de l’écoulement du flux d’air fait varier la vitesse maximale de la voiture. On peut estimer la puissance d’un moteur par la vitesse de passage dans les virages, mais cela reste très difficile à effectuer.

Par rapport à l’an dernier, le moteur Honda produit beaucoup plus de couple à moyen régime. Je ne crois pas que Honda soit en retard dans son développement. Nous devons juste disposer d’un kit un peu plus performant sur les circuits routiers. Pour le moment, nous devons rouler avec plus d’appui que le kit Chevrolet. Mais nous progressons, c’est certain.

Vous parliez de Penske et Ganassi. Comment vivez-vous le fait de devoir lutter contre ces grosses organisations qui inscrivent quatre voitures chacune?

Nous disposons de peu de séances d’essais avant d’attaquer les qualifications. Parfois, nous n’avons qu’une seule séance d’essais libres. Donc, les grosses écuries comme Ganassi et Penske peuvent faire rouler leurs quatre voitures avec des réglages différents. Puis, elles choisissent ce qui marche le mieux. C’est toujours un peu plus difficile pour nous.

Auparavant, nous n’avions qu’une seule voiture. Cette saison, nous en avons deux avec l’arrivée de Jack Hawksworth qui est très compétitif. Cela nous aide. Nous pouvons partager le programme d’essais et abattre plus de travail. Nous ne sommes pas au niveau de Penske ou Ganassi, mais nous travaillons bien. Je suis très content de notre équipe.

Que ressentez-vous à piloter pour une des grandes vedettes du sport automobile américain, A.J. Foyt?

C’est fantastique! A.J. est un personnage de légende et un homme formidable. C’est une énorme vedette ici aux États-Unis. Aucun autre pilote n’a eu autant de succès que lui durant sa carrière.

Ce qui m’étonne est que même s’il a aujourd’hui plus de 80 ans, il a encore un très bon œil. Quand il assiste à une course sur ovale, et c’est encore plus vrai à Indianapolis, il scrute le moniteur télé et il voit immédiatement comment la voiture se comporte.

Même à plus de 80 ans, A.J. Foyt a encore un très bon œil. Quand il assiste à une course sur ovale, il scrute le moniteur télé et il voit immédiatement comment la voiture se comporte.

Takuma Sato

Quand je reviens aux stands et que je tente de décrire ce que fait la voiture, A.J. a déjà la solution. Il sait parfaitement ce qu’il faut faire sur la voiture. C’est incroyable!

Évidemment, les voitures d’aujourd’hui sont très différentes de celles qu’il a pilotées, mais les lois fondamentales de la physique demeurent les mêmes. Il a parfois des opinions très arrêtées. Mais une fois qu’on lui a expliqué ce qu’on désire faire, il comprend et on peut discuter.

Parmi les fans, tout le monde connaît le numéro 14, celui qu’il a si longtemps porté sur ses voitures de course. C’est un soutien supplémentaire pour moi [Sato arbore aujourd’hui ce numéro].

Et les fans en IndyCar, comment sont-ils ?

L’IndyCar procure au public plusieurs occasions de voir ce qui se passe. Notre paddock est complètement ouvert. Les enfants peuvent y venir, et les fans ont accès aux pilotes et aux voitures.

En F1, l’accès au paddock est très restreint. Je ne dirais pas que c’est une mauvaise chose, car il y a souvent des stars, des acteurs, etc. Selon moi, ce n’est qu’une façon différente de voir les choses.

Si vous prenez l’Indy 500, c’est un événement gigantesque avec une foule de plus de 300'000 spectateurs. Jamais vous n’aurez une telle affluence pour un Grand Prix de F1. La F1 et l’IndyCar sont extrêmement différentes, mais je les aime toutes les deux.

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