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Souvenir - Quand Ayrton Senna a essayé une IndyCar

En décembre 1992, le légendaire pilote de Formule 1 Ayrton Senna a effectué un essai aux commandes d’une monoplace de série IndyCar. À cette époque, son écurie de F1, McLaren, venait de perdre le moteur Honda, et Senna songeait à son avenir.

Ayrton Senna et Emerson Fittipaldi

Sutton Motorsport Images

Ayrton Senna, Emerson Fittipaldi, Rick Mears, Paul Tracy
Ayrton Senna
Ayrton Senna, Toleman Hart TG184
Ayrton Senna, Toleman Hart
Ayrton Senna
Fans d'Ayrton Senna

Ayrton Senna savait qu’il allait connaître une saison difficile au volant d’une McLaren à moteur Ford qui ne pourrait rivaliser avec la fabuleuse Williams-Renault de son grand rival, Alain Prost. Voulant évaluer ses options, Senna a demandé à son compatriote, Emerson Fittipaldi, d’essayer une de ces voitures destinées aux ovales américains. Senna voulait goûter à ce bolide moins avancé technologiquement que sa F1, car encore munie d’une boîte de vitesse manuelle, de suspensions passives et d’un embrayage au pédalier.

Cette fameuse journée du 10 décembre 92 nous est racontée par Nigel Beresford qui fut son ingénieur chez Penske Racing, et qui est aujourd’hui le directeur technique de l’écurie Dragon Racing de Formule E. L'agence de presse Sutton-Images.com a capté ce moment en photos.

"Nous avions prévu effectuer trois journées d’essais avec la nouvelle Penske PC22 de 1993 sur la piste de Firebird ouest, un petit circuit routier de seulement 1,77km. Nous disposions d'une Penske de 1992 pour effectuer des comparatifs", raconte Beresford.

Senna au milieu du désert

Contre toute attente, Ayrton Senna est arrivé à Firebird seul en compagnie John Hogan de Marlboro. Pour Beresford qui avait l’habitude de croiser Senna dans le paddock de F1 quand il oeuvrait chez Tyrrell, ce fut un contraste étonnant. “Le voir sur ce petit circuit perdu au milieu de nulle part dans le désert, dans cet environnement isolé, fut réellement surréaliste", précise Beresford.

Emerson Fittipaldi a commencé par effectuer quelques tours de piste aux commandes de la Penske 92 afin d’inscrire un chrono de référence. "Il faisait froid et la piste était sale. Emmo a effectué un tête-à-queue avec les pneus froids, mais a trouvé la voiture bien équilibrée. Elle manquait simplement d'adhérence. Il est rentré aux stands et on a changé les pneus et mis un peu plus de freinage à l’arrière. Emmo a effectué un run de 12 tours, puis un autre de 13 tours, établissant son meilleur chrono en 49,70 secondes", nous explique Beresford.

Au tour de Senna

Ce fut alors au tour de Senna de se glisser dans l’étroit cockpit de la Penske. "Habituellement, les pilotes de F1 se mettent très vite en action. Mais Ayrton a effectué quelques tours très lents au début, et ce fut une grosse surprise. Cette voiture Indy était équipée d'une boîte de vitesses manuelle séquentielle, et il a dû se réhabituer à changer de vitesses avec sa main droite. Et parfois, il ne savait plus quel rapport était enclenché. Il s’arrêtait en piste, retrouvait la première vitesse et repartait”, raconte Beresford.

Senna devait aussi se réhabituer à aux caractéristiques d’un moteur turbo. Après avoir effectué un run de 14 tours de piste, Senna s’est arrêté et a livré ses premières impressions au Britannique. Son meilleur tour fut réalisé en 49,50 secondes.

"Il m'a déclaré que le moteur était très souple, mais qu'à cause de son poids élevé, la Penske était moins maniable qu'une F1. Il a ajouté ne pas bien savoir le régime moteur utilisé, car la sonorité du moteur lui était inconnue. Le tracé de Firebird possédait un virage moyennement rapide, et Senna commençait à pousser la voiture dans cette courbe. Il m'a dit pouvoir bien sentir le poids de la monoplace à cet endroit. Mais il ne voulait pas franchir la limite. Ce n'était ni le moment, ni l'endroit pour le faire. Il voulait toutefois vérifier la sensibilité de la voiture aux changements de réglages. Nous avons donc installé des ressorts plus souples et déconnecté la barre antiroulis à l'arrière, et mis 20 gallons de méthanol dans le réservoir", nous confie Beresford.

Une performance étonnante

Ayrton Senna a ensuite effectué un autre run de dix tours avec les mêmes pneus et a stoppé le chrono à 49,09 secondes.

Il est revenu aux stands et il m'a dit ‘Merci beaucoup. J'ai appris ce que je voulais savoir’. Il a dégrafé son harnais et a sauté hors de la voiture. Il avait terminé”, déclare Beresford.

Ce dernier avoue avoir été stupéfié par la performance du champion brésilien. “Il ne m'a pas du tout déçu, aucunement! Il était tout simplement incroyablement rapide. Au volant de la Penske 92, Fittipaldi a réalisé un chrono de 49,70 en comparaison à 49,09 pour Senna. À la fin de la journée, Emmo a réalisé un temps de 48,5 avec la nouvelle Penske, ce qui n'était que 0,6 seconde plus vite que Senna. Ayrton a donc réalisé une performance étonnante, considérant qu'il pilotait une voiture d'un an chaussée de pneus usés. Pour moi, cela prouve que Senna était capable de s'adapter extraordinairement vite à un nouvel environnement”, termine Nigel Beresford.

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