Au Mans, la modestie du roi Alonso

À quelques heures de prendre la piste dans la Sarthe, Fernando Alonso braque tant d'attention sur lui qu'il se doit d'établir une certaine distance propre à son statut spécial.

Fernando Alonso, Toyota Gazoo Racing

Photo de: Nikolaz Godet / Motorsport.com

#7 Toyota Gazoo Racing Toyota TS050: Mike Conway, Kamui Kobayashi, Jose Maria Lopez, #8 Toyota Gazoo Racing Toyota TS050: Sébastien Buemi, Kazuki Nakajima, Fernando Alonso
Fernando Alonso, Toyota Gazoo Racing
Fernando Alonso, Toyota Gazoo Racing
Fernando Alonso, Toyota Gazoo Racing
Fernando Alonso, Toyota Gazoo Racing
Sébastien Buemi, Fernando Alonso, Toyota Gazoo Racing
Fernando Alonso, Toyota Gazoo Racing
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Fernando Alonso, Toyota Gazoo Racing
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#8 Toyota Gazoo Racing Toyota TS050
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Fernando Alonso, Toyota Gazoo Racing
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Fernando Alonso, Toyota Gazoo Racing
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#8 Toyota Gazoo Racing Toyota TS050: Sébastien Buemi, Kazuki Nakajima, Fernando Alonso
#7 Toyota Gazoo Racing Toyota TS050: Mike Conway, Kamui Kobayashi, Jose Maria Lopez, #8 Toyota Gazoo Racing Toyota TS050: Sébastien Buemi, Kazuki Nakajima, Fernando Alonso
#8 Toyota Gazoo Racing Toyota TS050: Sébastien Buemi, Kazuki Nakajima, Fernando Alonso

G.N., Le Mans - Il y a des choses que le statut de superstar des 24 Heures du Mans autorise. Comme arriver par un point d'entrée différent de tous les autres pilotes, accompagné d'un garde du corps, pour éviter les bains de foules inutiles lors des vérifications techniques dans le centre-ville du Mans. Comme faire sortir les journalistes de l'hospitalité par le responsable média à la seconde même où sonnent les 15 minutes de temps accordées pour une entrevue collective. Ou encore être le seul membre à ne pas être aligné avec les cinq autres équipiers Toyota au point média organisé par l'équipe ce mercredi, où se retrouvent pilotes et dirigeants pour discuter avec la presse.

Casquette personnalisée portant le logo de sa marque de vêtements sportifs vissée sur le crâne, Fernando Alonso vit ses propres 24 Heures du Mans, se concentrant uniquement sur ce qui compte. Bien entendu, il s'arrête tout de même pour signer des autographes, fait l'effort de parler français, dans un paddock moins intime que celui de la F1, qu'il apprécie plus pour sa distance assumée des fans. Mais dans le discours, l'Espagnol est ultra pro : il joue la carte de la fraternité, assurant que ce qui le rendrait heureux serait avant tout une victoire de Toyota ; pas nécessairement "sa" Toyota.

Et de mettre en avant la manière dont il s'est intégré à son équipe et aux valeurs de l'endurance.

"Ça n'a pas été difficile. Je savais qu'il y avait beaucoup de moments de partage ensemble", commente celui qui prend le départ dans l'équipage favori pour la victoire dès sa première participation aux 24 Heures du Mans. "Depuis le jour 1 et même les tests de Bahreïn de l'an dernier, j'ai vu une équipe très forte et unie, avec un lien fort entre tous les pilotes. Je crois que le secret de Toyota est qu'on s'amuse ensemble. Ils mettent toujours les pilotes ensemble dans un bon environnement. Là-haut [à l'étage de l'hospitality, ndlr], nous avons notre chambre, avec une PlayStation – il y a beaucoup de compétition entre nous ! –, un simulateur, des jeux de cartes… On partage la même voiture pour revenir à l'hôtel, on fait du sport ensemble… Ce sont plein de choses qui sont organisées par l'équipe pour nous tous, ensemble. Cela fait qu'il y a une union et qu'on se sent proche de tout le monde. Voiture 7, voiture 8 : ce n'est qu'une équipe."

Une équipe qui chouchoute son héros, courant comme elle après sa première victoire dans la Sarthe. Sans opposition, diront certains, à l'exception de la glorieuse incertitude réservée par la course d'Endurance la plus célèbre au monde. Toyota sait à quel point elle peut être cruelle, pour l'avoir perdue depuis le commandement dans l'ultime boucle en 2016 et avoir vu ses trois autos abandonner dès le début de la nuit l'an dernier.

 

Le travail de l'ombre... bien médiatisé

De ce qu'Alonso peut contrôler, tout est calibré au millimètre. Il a par exemple fallu potasser dur pour se mettre au niveau.

"Ça a été un processus lors duquel il a fallu continuer à progresser depuis le premier test de Bahreïn de l'an dernier, jusqu'à maintenant. En ce qui me concerne, les progrès ont été gigantesques, car je comprends mieux la voiture. J'ai passé plus de temps avec les ingénieurs, avec les gars du simulateur. Je comprends mieux la manière dont il faut piloter l'auto pour optimiser le système hybride. Je pense aussi au style, à la manière dont il faut conserver une bonne vitesse dans les virages. Il faut être bien plus tendre [qu'en F1] avec l'auto dans tous les aspects. Maximiser la récupération d'énergie des freins. C'est un défi et ça fait partie de la préparation. Il a fallu beaucoup de temps et d'implication."

Et même s'il peut ainsi donner l'apparence d'un invité VIP, ambassadeur de lui-même et de l'évènement, Alonso est piloté par une faim incontestable, et animé par une rigueur qui fut déjà saluée lors de son expérience sur l'Indy 500, l'an dernier.

"La partie publique est que oui, j'ai beaucoup voyagé. Mais le plus gros défi de cette saison avec deux championnats à disputer en parallèle est le niveau d'implication que je dois mettre derrière les rideaux ; tout le travail à la maison. Rien que pour apprendre ce volant, ils vous envoient un manuel de 16 pages : il faut les étudier, comme à l'école il y a 20 ans ! Je ne suis pas à regarder la télé quand je suis chez moi. Disputer deux championnats, j'aime ça. Mais c'est de l'implication."

Le défi d'adaptation de pilotage

Il a bien entendu aussi fallu adapter son style de pilotage aux caractéristiques d'une LMP1 hybride, qui n'a rien à voir avec la F1, et apprendre à jongler entre les deux en un temps record.

"C'est un défi. C'est difficile", assure Alonso, que l'on ne pourra contredire. "De l'extérieur, ça a l'air un peu plus simple", poursuit-il, avant de se lancer dans une tirade d'auto-promotion concernant ses performances en F1 pouvant tout de même faire sursauter. "Au Canada, je suis arrivé en EL1 et ai été au sommet de la feuille des temps pendant 20 minutes, puis quatrième jusqu'aux dernières minutes", annonce-t-il sans broncher, avant de décrire ce à quoi il fait face dans sa nouvelle auto.

"Les gens ne peuvent pas réaliser à quel point c'est difficile. Après, vous sautez dans une auto différente, avec une position différente, une vitesse différente et une autre manière d'aborder le pilotage. L'attaque des virages en F1 consiste à maximiser la performance au freinage ; freiner aussi tard que possible et remettre les gaz aussi vite que possible pour prendre une bonne sortie. Ici, c'est peut-être le contraire : vous freinez peu pour garder de la vitesse en courbe et vous devez maximiser le boost en sortie, mais aussi avec le trafic. Chaque tour est différent. Vous devez anticiper un tour avant : où vais-je passer cette GT, dans quel virage ? Il faut jouer un peu avec le boost, l'utiliser ou pas. C'est le même sport, mais c'est un style totalement différent."

Et c'est au final pour relever ce genre de défi, certes dans une auto capable de lui apporter la gloire de la première marche du podium, qu'Alonso est ici au Mans. Mais le pilote F1 n'est jamais loin.

"C'est plus comme la F1 dans les virages Porsche. On arrive à 250-260 km/h, compressé dans l'auto. On ressent le grip. C'est un défi quand le pilote est dans la voiture et ne fait qu'un avec elle ; quand il bouge avec elle. J'aime cette piste avec une LMP1."

Rendez-vous aux Essais Libres, de 16h00 à 20h00, pour savoir si la piste sarthoise le lui rend bien…

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