BoP modifiée avant la course : Alpine prend acte mais s'étonne

Annoncé à la veille du départ des 24 Heures du Mans, le changement de BoP surprend Alpine, qui prend acte de la décision mais voit ses chances de menacer Toyota s'amenuiser considérablement.

#36 Alpine ELF Team Alpine A480 Gibson Hypercar d'André Negrão, Nicolas Lapierre, Matthieu Vaxiviere

Photo de: JEP / Motorsport Images

B.D., Le Mans - C'est une petite bombe qui est tombée vendredi dans le paddock des 24 Heures du Mans, aux alentours de 16 heures. Alors que les pilotes avaient déjà pris la direction du centre-ville pour la traditionnelle parade, la décision de l'ACO et de la FIA de modifier la BoP dans la catégorie Hypercar est tombée. Vingt-quatre heures venaient à peine de s'écouler depuis le précédent ajustement, mais dans ce laps de temps s'était décidée la pole position de la 90e édition, jeudi soir lors de la demi-heure d'Hyperpole.

Alors que jeudi la modification redonnait un peu de puissance à Alpine, le boomerang est revenu vendredi à haute vitesse. Non seulement le législateur a décidé de freiner l'A480, mais les nouvelles caractéristiques de BoP amènent désormais l'ex-prototype LMP1 dans une fenêtre de performance théoriquement inférieure à ce qu'elle était lors de la Journée Test. Une Journée Test où l'équipe française avait découvert une vitesse de pointe très en dessous de celle des Toyota et des Glickenhaus, la plaçant dans une grande zone d'inconfort sur le très spécifique circuit du Mans, notamment face aux LMP2.

Vendredi midi, Philippe Sinault se félicitait que la demande d'Alpine "de nous recadrer dans la fenêtre de la BoP" ait été entendue. Le chrono de Nicolas Lapierre en Hyperpole, à moins d'une demi-seconde de la pole position, a-t-il précipité la perte de l'équipe tricolore ? Difficile de ne pas le penser. Dans les faits, Alpine doit désormais composer avec une auto qui aura moins de puissance et donc à nouveau un gros manque de vitesse de pointe, mais également une allocation d'énergie par relais revue significativement à la baisse.

"Nous avons pris acte de cette décision et nous allons l’appliquer à notre Hypercar", réagit Philippe Sinault, contacté par Motorsport.com. "Nous sommes malgré tout surpris quant à la fréquence des ajustements demandés par le législateur. L'ACO a pris sa décision et nous l’appliquerons. À l'avenir, nous souhaitons collaborer plus étroitement avec l’ensemble des parties prenantes du Championnat du monde FIA d'Endurance afin de construire une réglementation plus stable et claire."

La BoP d'Alpine en 2022

Épreuve Puissance max. Énergie par relais
United States 1000 Miles de Sebring 585 ch 797 MJ
Belgium 6 Heures de Spa 557 ch 797 MJ
France Journée Test  571 ch 774 MJ
France Hyperpole  580 ch 785 MJ
France 24H du Mans 567 ch 753 MJ

Quelles conséquences possibles ?

Lorsque le départ des 24 Heures du Mans sera donné à 16 heures ce samedi, l'Alpine de Nicolas Lapierre, Matthieu Vaxiviere et André Negrão roulera dans une configuration encore jamais vue sur cette piste. On ne peut donc que spéculer sur la manière dont cela se traduira en piste, mais il est évident que les performances seront revues à la baisse et que le rapport de force par rapport à Toyota et Glickenhaus aura changé.

Se posera également très fortement la question des relais. Vendredi, avant que la BoP ne soit ajustée à nouveau, Philippe Sinault évoquait un tour d'écart avec Toyota et la possibilité, à la régulière, de parcourir 12 tours entre chaque arrêt au stand. "On estime qu'il y aura a minima un tour d'écart avec les Toyota sur un relais", avançait le directeur de l'équipe. "Les Slow Zone, Safety Car et Full Course Yellow peuvent faire que ça évolue."

Les chances d'Alpine en course paraissent désormais réduites.

Les chances d'Alpine en course paraissent désormais réduites.

Avec 32 MJ en moins par relais, on imagine difficilement comment l'Alpine pourrait parcourir 12 tours alors que cet objectif était déjà atteint en étant à la limite sur de nombreux paramètres. "Aujourd'hui, de par la conception des voitures, on a beaucoup travaillé ce sujet l'année dernière et on est arrivé au maximum de ce que l'on peut faire avec notre auto", rappelait vendredi Philippe Sinault. L'effet du dernier ajustement de la BoP pourrait ainsi conduire à un écart supérieur à un tour par relais.

Quant à la grande question qui est de savoir si Alpine a caché son jeu à un moment ou un autre, nous ne sommes pas dans le secret des dieux. On le sait, le profil technique fondamentalement différent entre un prototype LMP1 énormément chargé en appui et les nouvelles Hypercars rend extrêmement délicat l'équilibrage des performances. Cela s'est d'ailleurs parfaitement traduit dans le troisième secteur, où l'A480 faisait la différence par rapport à la Toyota et à la Glickenhaus dans les esses Porsche, mais y rencontrait régulièrement du trafic. Un trafic qui l'a épargnée lors de l'Hyperpole, élément auquel il faut ajouter "la belle aspiration" dont Nicolas Lapierre assure avoir bénéficié.

Le législateur a accès à l'entièreté des données, et un acteur du paddock nous rappelait hier que dissimuler de la performance de manière cohérente entre trois pilotes sur une même voiture n'avait rien d'un exercice évident. Et que dans l'hypothèse d'y parvenir, une équipe l'aurait probablement fait jusqu'au départ de la course, et non jusqu'à l'Hyperpole. Il ne nous appartient pas de répondre à cette question, tout juste pouvons-nous regretter que cette situation difficilement lisible complexifie inévitablement le récit de ces 24 Heures du Mans.

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