Bourdais a parfois eu "envie d'en faire trop" pour gagner Le Mans
Sébastien Bourdais rêve toujours de remporter les 24 Heures du Mans au classement général mais n'en fait plus une idée fixe. Il reconnaît s'être parfois mis trop de pression pour y parvenir par le passé, notamment durant les années Peugeot.
B.D., Le Mans - Sébastien Bourdais sera en fin de semaine au départ de ses 15e 24 Heures du Mans, où il renoue pour la première fois depuis 2012 avec le pilotage d'un prototype. Le Français a intégré la nouvelle équipe Vector Sport en LMP2 aux côtés de Nico Müller et Ryan Cullen avec en tête un objectif bien précis : être de retour en 2023 sous les couleurs de Cadillac, qui prépare un projet LMDh. Le Manceau revient cette semaine "à la maison" avec les idées claires sur ses intentions : "Là, c'est de reprendre un peu les bases du proto après de nombreuses participations en GT, pour préparer l'an prochain, en espérant vraiment revenir avec Cadillac au Mans. C'est sûr que là, on a des représentants de chez Cadillac, de chez Ganassi, pour voir comment ils vont organiser les choses pour le futur."
Car même à 43 ans et avec une expérience de l'épreuve considérable, rien ne remplace la compétition pour répéter les gammes. "C'est plus au niveau procédures, se remettre un peu dans le mode Le Mans avec toutes ces spécificités, les interactions entre les catégories, reprendre un peu de rythme", énumère-t-il. "C'est vrai que c'est une chose de rouler en 3'50 et de gérer le trafic, c'en est une autre de rouler en 3'30 au milieu des protos avec des GT que tu dois doubler en permanence. En plus il y a toujours ces histoires de Slow Zone, de Safety Car, de triple Safety Car ; ce sont quand même des procédures qui sont très propres et particulières au Mans donc c'est important que ce soit frais dans la mémoire pour ne pas faire de bêtise quand ça devient important."
Sébastien Bourdais a terminé trois fois deuxième des 24H du Mans avec Peugeot.
C'est une course où, peut-être, j'avais trop envie de bien faire ou envie d'en faire trop, tout simplement.
Sébastien Bourdais
Entre Sébastien Bourdais et les 24 Heures du Mans, la relation est sentimentale, par la force des choses. Une histoire d'amour faite de joies et de peines. S'il y a eu la victoire en GTE Pro avec Ford en 2016, il y aussi eu entre 2007 et 2011 trois deuxièmes places en quatre ans, teintées d'une vraie déception. Comme si l'épreuve ne voulait pas consacrer son pilote local. L'intéressé le reconnaît, il a à une certaine époque sans doute mis trop de pression sur ses propres épaules, mais il est désormais plus détaché vis-à-vis de cet objectif qui lui reste néanmoins chevillé au corps.
"Les années Peugeot, quand l'objectif affiché est de gagner, étant le local, avec la sentimentalité par rapport à l'épreuve, c'est une course où, peut-être, j'avais trop envie de bien faire ou envie d'en faire trop, tout simplement", confesse-t-il. "C'est sûr que maintenant, arrivé à 43 ans, tu relativises un petit peu plus les choses, tu te rends compte qu'il y a un moment où tu peux être davantage ton propre ennemi que ton meilleur ami. Il faut relativiser un petit peu les choses, rester serein, être un petit peu plus calme par rapport à tout ça. Et au bout du compte aussi réaliser que cette course a quand même souvent tendance à choisir son vainqueur. Il faut se donner les moyens de gagner, mais au bout du compte tu peux juste donner ton maximum et espérer que tout se passe bien et que ça suffise, parce que ce n'est pas en essayant d'en faire plus ou trop que ça va passer."
Concentré sur sa tâche en WEC avec Vector Sport, Sébastien Bourdais attend donc l'opportunité Cadillac, qu'il ne perçoit pas comme "une dernière chance" mais comme un nouveau projet ambitieux. "Tous ceux qui sont en Hypercar ou LMDh, il faut espérer que l'on sera tous dans cette fenêtre où l'on devrait être capables de se battre", avance-t-il. "Je ne sais pas exactement comment ça va se goupiller et, en réalité, qui aura vraiment une opportunité de se battre, mais en tout cas c'est l'objectif affiché."
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