Dossier ORECA - La face cachée du programme LMP1 de Toyota
La dernière participation d’ORECA aux 24 Heures du Mans avec son équipe de course à proprement parler remonte à l’année 2011, lorsque la structure fondée par Hugues de Chaunac exploitait une Peugeot 908, en lien avec le constructeur français.
Photo de: Jose Mario Dias
Moins d’un an plus tard, pendant que le Lion faisait couler quelques larmes en rangeant définitivement ses protos LMP1 au garage, ORECA saisissait l’opportunité de soutenir Toyota dans son retour au plus haut niveau de l’Endurance, en intervenant dans l’exploitation et l’aspect opérationnel. Près de quatre saisons plus tard, avec un titre mondial à la clé en 2014, l’entente fonctionne toujours et se prolongera en 2016.
"Ils font partie de l’équipe. En interne on ne parle même plus d’ORECA et de TMG, c’est l’équipe WEC Toyota", souligne notamment Pascal Vasselon, directeur technique de Toyota. Une philosophie que confirme Hugues de Chaunac quand vient l’heure de décrire plus précisément le fonctionnement de cette collaboration. Interview.
Hugues de Chaunac, comment prend forme le partenariat avec Toyota de manière assez concrète?
"Nous, sur le programme Toyota, nous intervenons sur le terrain. Les moteurs sont faits au Japon, la voiture est faite à Cologne par les gens de Toyota, et quand nous arrivons sur le terrain c'est là que l'équipe ORECA intervient : à la fois par la présence de mécaniciens - les mécaniciens ORECA et Toyota Motorsport sont mélangés - et celle des ingénieurs d’ORECA."
"Le responsable de la stratégie en course, c'est mon Directeur Technique, David Floury. Sous le parapluie de Pascal Vasselon, c'est lui le commandant de bord de la stratégie en course. C'est une participation qui se passe très bien, il y a une bonne intégration, et quand on est chez Toyota on n'est plus ORECA mais tous Toyota, car l'objectif est de faire gagner Toyota. Mais on a un homme clé sous la responsabilité de Pascal, qui est à la manœuvre."
Comment se passent la communication et la coordination entre les coulisses et le terrain?
"Tout se coordonne parfaitement et, évidemment, les gens impliqués dans ce programme passent énormément de temps à Cologne et pas seulement sur le terrain."
Est-ce que cette manière de procéder peut représenter un avantage par rapport à des constructeurs qui utilisent à 100% leurs propres ressources?
"Oui, car je pense que c'est un petit peu ce qu'avait fait Audi avec Joest, et nous sommes un peu sur ce modèle-là. Je pense que - Toyota le confirmera - ça leur a fait gagner énormément de temps au début car nous sommes tout de suite rentrés avec l'expérience que nous avions. Cela a permis à Toyota d'être tout de suite dans le coup. Maintenant, toute l'expérience y est mais comme tout le monde s'entend très bien, nous ne changeons pas une équipe qui fonctionne."
Ces personnes impliquées dans le programme Toyota sont-elles directement issues de ce qu'ORECA faisait au Mans auparavant?
"Tout à fait. C'est complètement l'équipe ORECA telle qu'elle était avant, quand nous avons fait courir l'ORECA 01 ou la Peugeot 908. C'est cette équipe qui a gagné Sebring [en 2011] et c'est cette équipe-là que Toyota voulait, évidemment."
Qu'y a-t-il comme comparatif possible entre ce qui s'est fait en 1991 avec Mazda et ce qui se fait aujourd'hui avec Toyota?
"C’est une question qui m'est posée de temps en temps. Nous sommes dans deux époques totalement différentes ; l'approche est totalement différente. C'était beaucoup plus artisanal à l'époque, nous étions moins nombreux. C'était beaucoup moins rigoureux et structuré, alors qu'aujourd'hui c'est très professionnel, chacun connaît bien son rôle, la technologie est énorme. Ce sont deux époques que nous ne pouvons pas comparer ; chacune a été ou est formidable, mais je me projette toujours vers l’avant."
Quel regard portez-vous sur ces LMP1 de 2015, qui sont devenues des machines impressionnantes?
"Il y a deux façons de regarder. Sur la partie technologie, c'est extraordinaire car nous nous apercevons qu'il y a un potentiel énorme, et à côté de ce potentiel il y a une évolution énorme : nous ne sommes pas au bout, mais au début des recherches. C'est l'aspect très positif. L'aspect qui l'est un peu moins, c'est que malgré tout cela entraine une course à l'armement et il faut développer, développer, développer… Il faut plus d'ingénieurs, plus d'essais, plus de, plus de, plus de… C'est le côté un peu plus négatif car il faut faire absolument attention à ce qu'il n'y ait pas de dérapage et que ça ne devienne pas des bureaux de Recherche et Développement en live."
Rejoignez la communauté Motorsport
Commentez cet articlePartager ou sauvegarder cet article
Abonnez-vous pour accéder aux articles de Motorsport.com avec votre bloqueur de publicité.
De la Formule 1 au MotoGP, nous couvrons les plus grands championnats depuis les circuits parce que nous aimons notre sport, tout comme vous. Afin de continuer à vous faire vivre les sports mécaniques de l'intérieur avec des experts du milieu, notre site Internet affiche de la publicité. Nous souhaitons néanmoins vous donner la possibilité de profiter du site sans publicité et sans tracking, avec votre logiciel adblocker.
Meilleurs commentaires