La Ferrari 499P ou le choix d'un ADN 100% issu du Cheval cabré

Cinquante ans après, Ferrari est de retour à la lutte pour le classement général aux 24 Heures du Mans avec sa toute nouvelle 499P. Une auto qui a crevé l'écran lors de sa présentation, incarnant la volonté forte de respecter la philosophie et l'histoire de la marque.

Ferrari 499P LMH

Photo de: Ferrari

Les planètes se sont alignées pour Ferrari. La marque fait son retour au sommet de l'Endurance après cinquante ans d'absence et sera de la partie pour le centenaire des 24 Heures du Mans en 2023. Autant de symboles qui n'ont pas échappé au constructeur italien lorsque l'élaboration de la nouvelle réglementation a débuté il y a quatre ans. Prenant conscience de l'avènement possible d'un nouvel âge d'or de la discipline, la marque a choisi de mettre fin à ce trop long hiatus. "Quand on a mené des discussions ces dernières années, notre vision était ouverte, mais lorsque l'on a compris que l'occasion était immense, on a pris la décision finale", confirme Antonello Coletta, directeur du département voitures de sport de Ferrari et architecte de ce retour en prototype. 

Le nom de la nouvelle Hypercar respecte une tradition qui remonte à la toute première Ferrari, la 125S de 1947. Ainsi le 499 fait référence à la capacité, en cm3, d'un seul cylindre du moteur ; quant au P qui y est associé, il précise qu'il s'agit d'un prototype. Sa livrée est aussi un rappel du passé : rouge, évidemment, mais avec des parements jaunes hérités du prototype Groupe 6 avec lequel Ferrari a participé au Championnat du monde en 1972 et 1973. Une auto qui avait notamment remporté les 12 Heures de Sebring avec à son volant Jacky Ickx et Mario Andretti. Enfin, le numéro 50 que portera l'une des deux machines permet de marquer le demi-siècle d'attente depuis la dernière apparition du constructeur italien au Mans avec un prototype d'usine.

La Ferrari 312PB de Jacky Ickx et Brian Redman aux 24H du Mans 1973.

La Ferrari 312PB de Jacky Ickx et Brian Redman aux 24H du Mans 1973.

Ces symboles sont séduisants mais dissimulent un choix naturellement rationnel. Que Ferrari s'engage l'an prochain en WEC avec deux voitures d'usine est principalement dû à un règlement dont le travail d'écriture s'est fait avec sa participation. Avec la génération Hypercar, les coûts ont été drastiquement réduits par rapport au LMP1. Ferrari, il faut le souligner, faisait partie du groupe de travail composé de constructeurs autour de la FIA et de l'Automobile Club de l'Ouest, promoteur des 24 Heures du Mans et du WEC. Un chantier relancé après une première publication du futur règlement, jugé encore trop onéreux en décembre 2018. "Maintenant, le budget est beaucoup moins important", convient Antonello Coletta. "C'est aujourd'hui plus simple de prendre la décision de revenir que par le passé avec le LMP1. Quand on a commencé à envisager de revenir, je me suis battu pour réduire les budgets."

L'autre élément majeur du règlement LMH tient dans les libertés stylistiques accordées afin de donner à chaque voiture une identité propre à sa marque. Une approche rendue possible par des objectifs aérodynamiques modestes, fixés dans une fenêtre de performance permettant de ne pas contraindre la conception de la voiture à être uniquement définie par son passage en soufflerie. Pour Antonello Coletta et son équipe du département Attivita Sportive GT, cette philosophie a permis de faire de la 499P une Ferrari à part entière. "La ligne est très importante pour nous", souligne-t-il. "On aimerait que, lorsque les gens voient notre voiture, ils puissent reconnaître une Ferrari. Je pense que l'on a atteint un bon résultat."

La Ferrari 499P lors de sa présentation officielle.

La Ferrari 499P lors de sa présentation officielle.

La nouvelle ère de l'Endurance, sur fond de convergence entre Europe et États-Unis, se fera en associant en piste des prototypes LMH et LMDh. Porsche a d'ailleurs choisi la deuxième voie, ce que s'est refusé à faire Ferrari car dans l'esprit du Cheval cabré, l'ADN n'aurait pas été 100% maison. En effet, le LMDh impose l'utilisation d'un châssis LMP2 nouvelle génération obligatoirement fourni par un constructeur tiers et homologué, ainsi que l'emploi d'un système standard hybride.

"On a choisi le LMH parce que, pour Ferrari, il est important de construire toute la voiture", avance Antonello Coletta. "Ferrari est un constructeur et ce n'est pas notre philosophie d'acheter une partie de la voiture. On peut dire que cette voiture est un hommage à notre passé et une manifestation de notre avenir. L'Endurance fait partie de notre histoire, de notre tradition d'utiliser ce type de compétition pour tester des technologies. Pour cela, on doit créer 100% des pièces. C'est une combinaison de très nombreux facteurs qui nous a donné l'opportunité d'écrire un nouveau chapitre. On avait l'envie de revenir, mais il n'y avait pas qu'un seul argument."

L'allusion au plafonnement budgétaire instauré en Formule 1, qui a libéré des ressources pour les allouer à d'autres programmes à Maranello, est à peine voilée.

Propos recueillis par Gary Watkins

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