Immersion - Comment Audi s'est incliné face à Porsche au Mans (1/2)

C'est face à la petite sœur Porsche qu'Audi a plié lors des dernières 24 Heures du Mans. Retour sur une course fascinante avec un vrai regard d'insider, alors que Motorsport.com a passé un moment avec Leena Gade, la meneuse de troupes de l'équipe Audi.

C'est un mix de facteurs qui a empêché Audi de s'emparer d'une nouvelle emblématique dans la Sarthe cette année. Leena Gade passe en revue les défis auxquels a dû faire face la marque aux anneaux sur la grande aventure mancelle : en dépit de sa longueur, la manche a une nouvelle fois été hautement stratégique et rouler vite –et avec fiabilité- ne suffit plus.

Le rôle crucial des températures

Cette année, les températures ont joué un rôle favorable dans l'exploitation piste du proto Porche, estime en premier lieu Gade. Plus précisément, c'est pendant la nuit que Porsche a su tirer le meilleur parti des conditions, bâtissant là une bonne partie de ce qui allait amener l'équipe vers la victoire finale.

Comme tous les constructeurs, Audi reçoit des prévisions extrêmement détaillées des conditions de piste en temps réel. Les températures ambiantes, elles, sont fournies aux teams par Michelin, qui suit avec attention tout changement de conditions de piste avec des logiciels évolués. Ces informations sont ensuite traitées par chaque garage afin de déterminer non seulement quel composé est le plus adapté, mais surtout quelle sera sa durée de vie optimale et comment l'exploiter. Mais cette année, la course s'est avérée être plus chaude que d'après les prévisions initiales réalisées par Audi, affectant ainsi le comportement des pneus et engendrant des changements mineurs dans l'efficacité du système de récupération d'énergie.

PHOTOS : Retour sur les 24 Heures du Mans 2015

"Lorsque l'obscurité est tombée, il faisait plus chaud que les années précédentes et ce à quoi nous nous attendions", admet ainsi Leena Gade pour Motorsport.com. "Ce n'est jamais vraiment descendu sous les 17 ou 18°C. Cela nous a pris par surprise et nous nous attendions à ce qu'il fasse un peu plus frais. Nous avions une température de crossover [référence pour la transition entre deux types de pneus, ndlr] pour un autre pneu, mais il n'a simplement pas fait assez frais pour que nous puissions l'utiliser. Il était clair qu'il nous fallait rester sur le mélange avec lequel nous avions pris le départ de la course".

Dans l'idéal, nous souhaitions réaliser des quintuple relais avec les pneus mais ce n'était pas toujours une option

Leena Gade

Audi a ainsi commencé à perdre notablement du terrain sur Porsche à la nuit tombée. En dépit du fait de parvenir à réaliser confortablement des quadruple relais avec les Michelin, la firme allemande ne trouvait pas la réponse en termes de rythme face à la Porsche N°19 confiée à Nico Hülkenberg, Nick Tandy et Earl Bamber.

"Dans l'idéal, nous souhaitions réaliser des quintuple relais avec les pneus mais ce n'était pas toujours une option", relate Gade. "Il faut mesurer la dégradation sur les relais par rapport au temps nécessaire pour un changement de pneus".

La baisse de rythme des Audi a été nette à la nuit tombée. Le secteur 2, en particulier, faisait souffrir les multiples vainqueurs des 24 Heures du Mans : dans la ligne droite de Mulsanne, où la puissance fait tout, l'optimisation du package aux conditions de piste faisait défaut.

"Nous avons réalisé beaucoup d'analyses de performance depuis la fin de la course et il s'agit encore à ce jour d'une question ouverte", ne cache pas l'ingénieur. "Il nous faut encore trouver ce qui nous a affectés, car il était clair que les Porsche n'ont pas été aussi ralenties que nous. Tout le monde perd du temps pendant la nuit mais notre delta était plus important. Il s'agit de plus que d'un facteur unique; la température n'en est qu'une partie. Nous avons une idée de là où le reste peut se trouver mais il nous faut encore regarder les données pour trouver cela".