L'histoire cachée de la Ferrari victorieuse au Mans en GTE Am

Une Ferrari qui a couru pour la première fois au Mans il y a six ans s’est imposée dans la catégorie LMGTE Am, avec une équipe qui n’avait participé qu’une seule fois à l'épreuve auparavant. Plongée dans les coulisses de ce conte de fées...

#62 Scuderia Corsa Ferrari 458 Italia: Bill Sweedler, Jeff Segal, Townsend Bell

#62 Scuderia Corsa Ferrari 458 Italia: Bill Sweedler, Jeff Segal, Townsend Bell

Eric Gilbert

#62 Scuderia Corsa Ferrari 458 GTE : Bill Sweedler, Townsend Bell, Jeff Segal
#62 Scuderia Corsa Ferrari 458 Italia: Bill Sweedler, Jeff Segal, Townsend Bell
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#62 Scuderia Corsa Ferrari 458 Italia: Bill Sweedler, Jeff Segal, Townsend Bell
#62 Scuderia Corsa Ferrari 458 Italia: Jeff Segal
#62 Scuderia Corsa Ferrari 458 Italia: Bill Sweedler, Townsend Bell, Jeff Segal
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Podium LMGT Am : les vainqueurs de la catégorie #62 Scuderia Corsa Ferrari 458 Italia: Bill Sweedler, Jeff Segal, Townsend Bell
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Podium LMGT Am : les vainqueurs de la catégorie #62 Scuderia Corsa Ferrari 458 Italia: Bill Sweedler, Jeff Segal, Townsend Bell
Podium LMGT Am : les vainqueurs de la catégorie #62 Scuderia Corsa Ferrari 458 Italia: Bill Sweedler, Jeff Segal, Townsend Bell
Podium LMGT Am : les vainqueurs de la catégorie #62 Scuderia Corsa Ferrari 458 Italia: Bill Sweedler, Jeff Segal, Townsend Bell #62 Scuderia Corsa Ferrari 458 Italia: Bill Sweedler, Jeff Segal, Townsend Bell, second place #83 AF Corse Ferrari 458 Italia: François Perrodo, Emmanuel Collard, Rui Aguas, third place #88 Abu Dhabi Proton Competition Porsche 911 RSR: Khaled Al Qubaisi, Patrick Long, David Heinemeier Hansson
#62 Scuderia Corsa Ferrari 458 Italia: Bill Sweedler, Jeff Segal, Townsend Bell
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L'acteur Brad Pitt
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Alors que Jeff Segal, Townsend Bell et Bill Sweedler savouraient le champagne dans l’ambiance du podium des 24 Heures du Mans, surplombant des milliers de fans, il y avait aussi un certain soulagement. 

Leur Ferrari 458 Italia de la Scuderia Corsa venait de s’imposer dans la catégorie LMGTE Am au Mans, avec trois minutes d'avance sur un équipage AF Corse. Mais personne ne connaît des 24 Heures du Mans "parfaites". La clé est de minimiser les erreurs, tout en conservant un rythme rapide sur la durée. 

L’équipe Ferrari basée aux États-Unis - sponsorisée par Amalgam et Motorstore.com, deux compagnies appartenant au réseau Motorsport Network - est arrivée sur cette course avec derrière elle un podium décroché l’an dernier pour ses débuts. Elle a conservé la même vénérable 458 et les mêmes pilotes, elle a accompli son travail sur la base de ce qu’elle avait appris, et elle est venue en pensant qu’il lui était possible d’aller encore plus vite. 

Il a plu au moment du départ. Jouer la sécurité était le mot d’ordre, avec un départ en pneus pluie. Mais comment pouvaient-ils savoir que la voiture de sécurité resterait en piste jusqu’à ce que le tarmac soit presque sec ? Soudainement, on se retrouve ainsi derrière la "mauvaise" voiture de sécurité, ce qui offre un gros avantage à la concurrence… 

"Nous avons creusé nous-mêmes ce gros écart", admet Segal. "Nous savions que nous avions le rythme, alors nous avons pris une option conservatrice au départ, en chaussant les pneus pluie et pas les intermédiaires. Nous sommes rentrés pour chausser les intermédiaires, et nous avons perdu un nombre incroyable de places et de temps en piste."

"Ensuite, nous nous sommes retrouvés derrière le troisième Safety Car et nous avons perdu deux tiers de tour, et nous allions bientôt rentrer pour chausser les slicks ! Essayer d’être conservateur au départ nous a coûté beaucoup de temps, tandis que les gars qui ont fait un pari payant ont obtenu un gros avantage."

"En fait, à un moment, nous avons même perdu un tour complet. C’était énorme, ça ne se rattrape pas facilement. Aux États-Unis, on attend juste le Safety Car suivant, et on récupère le tour. Ce n’est pas le cas au Mans, où même le meilleur scénario vous coûte un tiers de tour, et ça reste assez improbable. Le seul choix, c’est de rattraper ça avec le rythme."

"J’ai commencé mon premier relais à un tour, et je l’ai récupéré ; je crois que je menais dans le tour où je suis sorti de la voiture. C’était le relais où je me suis dit : 'Je suis prêt à le faire, si on ne récupère pas ce tour, ce n’est pas la peine'."

"C’était une super sensation de revenir d’un tour de retard à la première position ! C’était comme si on avait arrêté une hémorragie. Nous avons pu nous relâcher un peu, refroidir tout ça, prendre soin de la voiture. On gagne du temps au Mans en utilisant les vibreurs, mais cela comporte un risque."

"Notre voiture était impeccable en matière de fiabilité. Nous n’avons pas dû faire d’arrêt supplémentaire ni passer de temps dans le garage."

Vaincre une concurrence redoutable

Les adversaires étaient de taille pour la Scuderia Corsa : la Porsche 911 d’Abu Dhabi-Proton Competition, l’Aston Martin Racing Vantage et la Ferrari 458 d’AF Corse. Trois équipes disputant l’intégralité du championnat FIA WEC. 

La Scuderia Corsa est alignée toute l’année en IMSA aux États-Unis, mais les règles européennes lui sont étrangères. Elle a donc sollicité l’aide de Kessel Racing et Michelotto pour cette aventure unique en Europe. 

"Pour nous, c’est un 'one-off'. La probabilité d’être pris au dépourvu et l’aspect réglementaire sont bien plus importants. Les règles sont différentes par rapport à l’IMSA, et je dois remercier notre ingénieur, qui a fait Le Mans vingt fois et l’a gagné à quatre reprises."

"Nous nous sommes fait peur en essais, car lorsque l’on met le limiteur de vitesse dans les stands, nos phares auxiliaires se coupent pour que ça n'aveugle personne dans la pitlane. Quand ils s’éteignent, notre numéro lumineux sur le côté s’éteint aussi. Au Mans, on ne peut pas rouler si les numéros ne sont pas allumés sur les flancs… Et on ne peut pas déborder d’un millimètre du cadre réglementaire au Mans."

Et que dire de la voiture, cette bonne vieille mais fidèle 458 ?

"Je me risque à une hypothèse en disant que notre voiture était le plus vieux modèle en course, et d’assez loin !", s’exclame Segal. "Elle a été construite en 2011. Toutes les autres Ferrari [458] ont deux ans, peut-être trois. La nôtre a connu tellement de choses !"

Alors que le soleil se couchait sur Le Mans, le plan de l’équipage n°62 commençait en tout cas à payer…

"Tous les trois, nous étions entre une et trois secondes plus rapides que la Porsche Proton de tête, du coucher au lever du soleil", souligne Segal. "C’est là que nous avons récupéré du temps et pris de l’avance."

"Grâce à l'année dernière, nous avons analysé ce qu’il nous fallait pour gagner. C’était très clair : nous avions eu des pénalités car nous avions fait des erreurs de débutant du côté des pilotes, et nous avions eu quelques problèmes mécaniques pourtant simples."

"Nous savions que nous devions changer ça pour corriger les erreurs et, incroyablement, rien de nouveau n’a surgi. En ce sens, nous avons connu une course parfaite."

Le patron de l’équipe aux anges

Né à Modena, le patron de Scuderia Corsa, Giacomo Mattioli, qui mène des affaires avec Ferrari à Beverly Hills et dans la Silicon Valley, a savouré ce qui est le succès d’une vie dans la course d’Endurance la plus prestigieuse au monde. 

"C’est incroyable, vraiment incroyable. Nous sommes venus l’année dernière, et c’était la première fois pour nous, y compris pour les pilotes. C’était une grande expérience pour apprendre. Cette année, nous étions investis pour être sérieux et gagner."

"Gagner est toujours notre objectif, mais nous étions bien conscients de la difficulté. Mais nous savions que la voiture était bonne, et nous avions cette année d’expérience qui a fait une grosse différence."

"Nous avions placé la barre très haut, nous l'avions décidé, et les pilotes ont fait un travail fantastique. Nous étions vraiment rapides et très efficaces. L’équipe a été impeccable, tous les arrêts au stand étaient géniaux, et il n’y a pas eu de pénalité."

Des outils virtuels pour progresser

Segal possède son propre simulateur à Miami, GPX Lab. Après le podium décroché au Mans l’an dernier, il s'est rendu compte que ce pouvait être un outil capable de jouer un rôle déterminant dans les progrès à faire pour 2016. 

"L’année dernière, nous n’avons pas sous-estimé le défi, mais nous n’avions tout simplement pas le rythme", explique Segal. "Lors de nos meilleurs relais, nous maintenions notre rythme dans celui des leaders, mais nous ne pouvions jamais les rattraper."

"Nous avons beaucoup poussé pour cette année. Moi-même et Townsend avons progressé en rapidité, mais la plus grosse marge a été celle de Bill. Son meilleur tour était 6,5 secondes plus rapide que l’an dernier. Sa moyenne au tour en course était quelques secondes plus rapide que son meilleur tour 2015. Cela a fait une grande différence."

"J’ai forcé Bill à beaucoup aller dans mon simulateur, et Le Mans n’est pas un circuit facile. Les vitesses sont très élevées, alors les erreurs sont très risquées. Si l’on a un accident, il y a des conséquences, même lors de la Journée Test."

"On a très peu de roulage, car le tour est très long, alors si l’on peut travailler sur certaines zones où l’on a des faiblesses, c’est vital. Le simulateur joue un rôle important pour ça, et c’est pour cela que les équipes d’usine comptent dessus. Regardez les pilotes d’usine, comment ils parviennent à faire des super chronos dès leur premier tour. Ce sont des grands pilotes, mais ils arrivent avec les armes."

"Nous avons eu la chance de disposer des données de la Ferrari GTE Pro de l’an dernier, comme ça, nous avions des références pour améliorer la voiture."

Fort en émotions

Revenons-en finalement au sentiment que doit procurer le fait d’être au sommet du podium de la plus célèbre course d’Endurance. 

"C’était surréaliste", ne cache pas Segal. "Nous avons fait cette course seulement deux fois, et la première fois nous avons signé un podium qui était remarquable. J’ai fait beaucoup de courses d’Endurance, et chacune a sa propre histoire, des raisons pour lesquelles on ne les a pas gagnées."

"Je dirais que, sur le papier, nos rivaux avaient des voitures et des pilotes qui étaient plus rapides. Mais ils ont eu des problèmes, ils ont fait des erreurs. C’est une course de 24 heures, c’est Le Mans."

Et Mattioli de conclure : "Le podium au Mans est un endroit si particulier, il y a plein de monde en bas, à l’endroit où le départ de la course a été donné. C’était vraiment quelque chose. La passion, l’enthousiasme, c’était incroyable. Je ne suis pas un gars qui fait des selfies, c'est une règle pour moi, mais c’est le seul endroit où je l’ai fait !"

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