Le Mans en 2016 - l’incroyable défi de Frédéric Sausset

Frédéric Sausset
Frédéric Sausset
Frédéric Sausset
Christophe Tinseau
Frédéric Sausset
Conférence de presse annuelle ACO: ACO Sport Director Vincent Beaumesnil
Dr. Wolfgang Ullrich
Guy Ligier et Jacques Nicolet
Sébastien Loeb
Logo des 24 Heures du Mans
Camion et logo OAK Racing

Amputé des quatre membres il y a trois ans suite à une septicémie nécrosante, Frédéric Sausset s’est lancé un incroyable défi : disputer les 24 Heures du Mans sur un prototype LMP2 à l’horizon 2016. Un projet qui a su fédérer de nombreuses personnes, dont plusieurs acteurs phare du sport automobile, et auquel il manque cependant une partie du budget pour être finalisé, comme il l'a expliqué à Motorsport.com.

Il y a trois ans, la vie de Frédéric Sausset, jeune chef d’entreprise, a basculé de manière dramatique. Une bactérie contractée suite à une bête éraflure en juillet 2012 a engendré une septicémie nécrosante foudroyante, son pronostic vital étant engagé. Après 48 heures de coma, Frédéric Sausset bascule du bon côté de la barrière, mais il est amputé des deux bras et des deux jambes.

Quelques semaines après cette tragédie, à peine entamé le processus de rééducation, le Français n’a qu’une idée en tête. "En fait, l’idée de disputer les 24 Heures du Mans m’est venue rapidement lors de ma rééducation", a-t-il expliqué à Motorsport.com. "C’est une course qui m’a toujours beaucoup plu, avec une philosophie à part entière malgré le niveau de compétitivité, et qui se tient accessoirement à côté de chez moi. Assez vite, j’ai pu me servir d’une tablette, et j’ai commencé à structurer mon idée dessus. J’ai défini quels étaient les actions à mener, les personnes à contacter, et bien évidemment les partenaires financiers à fédérer".

Christophe Tinseau, le détonateur

Un challenge qui semble totalement fou pour un homme amputé des quatre membres, et qui n’a jamais pris part à aucune compétition automobile avant cela. "La première personne à qui j’en ai parlé était ma femme", continue Sausset. "Elle m’a rapidement encouragé, puis Christophe Tinseau, que je connaissais un peu, est arrivé dans l’aventure. Et c’est lui qui a commencé à m’ouvrir des portes, notamment en me faisant rencontrer Vincent Beaumesnil, le directeur du pôle sport de l’ACO, qui m'a tout de suite apporté un soutien extraordinaire. De manière générale, les gens étaient naturellement surpris mais ils se disaient surtout qu’il fallait me laisser me lancer là-dedans, et que j’y passe du temps pour oublier ce qui m'arrivait, ils voyaient surtout cela comme une bonne thérapie". 

Le projet "24 Heures du Mans" est annoncé lors d’une conférence de presse en mars 2014 : ce fut le véritable départ de cette aventure, qui allait rapidement gagner l’attention et la sympathie. "Lorsque nous avons organisé cette conférence de presse en mars 2014, j’ai eu la surprise d’avoir un appel de Sébastien Loeb la veille pour me dire qu’il serait présent le lendemain. Il était effectivement là pour me soutenir ce jour-là, cela nous a donné un crédit incroyable".

Le soutien d'Audi et OAK Racing

Après avoir reçu un premier aval de Pierre Fillon, le président de l’ACO, Frédéric Sausset commence à organiser activement sa préparation sportive et sa prise de marques au volant, avec l’aide d’un système de sa conception. "J’ai mis au point un système pas très compliqué à la base, que j’ai testé sur la voiture de ma femme sur le parking de notre entreprise", poursuit-il. "Il s’agit en fait d’un système de "rallonges" qui me permet d’appuyer sur les pédales à l’aide de mes cuisses, ajouté à un dispositif d'embout de prothèse de main qui vient s’emboîter sur le volant et qui me permet de conduire, d’une seule main".

Le système est testé sur une Audi RS3, et Frédéric Sausset se surprend à signer des temps relativement proches de ceux de Christophe Tinseau, désormais partie prenante dans l’aventure. "Cet essai m'a permis de valider mon projet auprès des organisateurs, qui avaient une exigence de performances pour me laisser aller plus loin. Puis j’ai fait la rencontre de deux hommes déterminants, en la personne de Jacques Nicolet et du Dr. Ullrich. Le premier m’a proposé de disputer les 24 Heures 2016 au volant d’un prototype LMP2 Morgan OAK, le second m’a proposé de fournir un moteur Audi. Je disposais également d’une Ligier JS53 Evo pour effectuer mes débuts en compétition en V de V aux côtés de Christophe, c’était incroyable pour moi".

J’espère être assez persuasif pour embarquer d’autres personnes et d’autres partenaires dans ce challenge, qui se veut avant tout une aventure humaine.

Frédéric Sausset

Lancé dans le grand bain du V de V dès le mois d'avril 2015, Fred Sausset prenait rapidement ses marques, en compagnie de l’incontournable Christophe Tinseau. A Barcelone, une pluie battante et des problèmes de boîte de vitesse n’ont pas empêché le premier cité de prendre confiance à bord de la voiture. 19e ensuite sur le circuit de Aragon, les deux hommes se fixent des objectifs plus élevés que les manches suivantes. "Nous perdons fatalement plus de temps que les autres lors du changement de pilote, mais nous avons imaginé avec l'équipe ONROAK un système qui nous permettra sans doute de gagner des secondes précieuses pour la suite. Nous l'expérimenterons dès notre prochaine course, fin août au Castellet".

Aujourd’hui âgé de 48 ans, Frédéric Sausset peut déjà se féliciter du chemin parcours depuis ce funeste été 2012. "C’est bien, mais ce qu’il faut surtout garder à l’esprit, c’est l’objectif final"., tempère-t-il. "Le seul obstacle à ma présence au Mans l’an prochain, mais il est de taille, est le budget. A l’heure actuelle, les deux tiers ont été réunis grâce à des partenaires solides comme AXA, Audi, Michelin et OAK Racing, mais il faut continuer. J’espère être assez persuasif pour embarquer d’autres personnes et d’autres partenaires dans ce challenge, qui se veut avant tout une aventure humaine. Et j’espère également que la sortie de mon livre* aidera à sensibiliser davantage les gens à mon projet".

"Je vais beaucoup m’entraîner au simulateur, et nous avons prévu de disputer la manche d’ELMS en LMP2 à Silverstone en début de saison prochaine", conclut Frédéric Sausset. "Les gens ont une attitude très enthousiaste sur ma démarche, mais il reste encore beaucoup de travail pour aller au bout".

* "Ma course à la vie", Frédéric Sausset.

 

 

 

 

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