Rebellion sur le podium pour son chant du cygne
Pour son adieu aux 24 Heures du Mans, Rebellion Racing y a signé le meilleur résultat de son Histoire avec la deuxième place du prototype #1.
2020 marquait la treizième et ultime participation de Rebellion Racing aux 24 Heures du Mans, et l'écurie suisse n'a pas démérité. Certes, le plateau LMP1 était amaigri ; encore fallait-il répondre présent pour prendre une troisième place qui était presque acquise sauf abandon, et profiter d'éventuels ennuis pour Toyota le cas échéant.
C'est exactement ce qui s'est produit, avec un problème d'échappement pour la Toyota #7, qui a passé une demi-heure au garage à la mi-course. Les deux Rebellion sont passées devant, et la #1 pilotée par Gustavo Menezes, Norman Nato et Bruno Senna est parvenue à prendre la deuxième place malgré un long arrêt au stand pour un changement de museau.
"Nous sommes très fiers de cette deuxième place dans ce Le Mans spécial", déclare Calim Bouhadra, PDG de Rebellion, pour Motorsport.com. "Quand on voit les circonstances de cette année, sans essais ni opportunité de s'entraîner, encore plus avec notre seconde voiture [qui n'a pas fait la saison de WEC], nous sommes très fiers de ce résultat. Bien sûr, c'est d'autant plus satisfaisant car nous avons une voiture sur le podium. Malheureusement, nous avons fait une erreur [avec la #3], mais ça arrive, et nous sommes très contents d'avoir signé ce résultat historique."
La #3 de Nathanaël Berthon, Louis Delétraz et Romain Dumas, pour sa part, a perdu un tour en percutant un animal dans la nuit avant de subir des problèmes de freins et d'embrayage, lui faisant perdre un certain temps à chaque arrêt au stand en fin d'épreuve. Elle a finalement perdu la troisième place dans la dernière heure, quand Delétraz a légèrement touché le mur à Indianapolis, requérant un changement d'avant et d'aileron arrière, avant de devoir rentrer la voiture au garage pour pouvoir la redémarrer.
"J'étais sincèrement très déçu et énervé après ce qui s'est passé, contre moi-même mais aussi en général", déplore le Suisse pour Motorsport.com. "Je suis monté dans la voiture, et le premier truc qu'on m'a dit, c'est 'on n'est pas bien au niveau des freins, il faut les sauver beaucoup, autrement on n'arrivera pas au bout de la course'. Je n'étais pas là pour faire un chrono, je n'étais pas là pour prendre des risques. Je lâchais les gaz 300 mètres avant le virage, j'appuyais doucement sur les freins. La pédale devenait de plus en plus longue."
Est arrivé l'instant fatidique à Indianapolis. "Je n'ai pas d'explication exacte, mais ça n'a pas bien freiné. Je suis donc arrivé trop vite dans le virage, j'ai essayé de faire ce que je pouvais. J'ai légèrement touché le mur extérieur, ça a arraché le splitter avant. Sur le moment, ça arrive vite, mais c'était tellement lent, tellement frustrant ! Est-ce que je me sens coupable ? Oui et non. Je ne peux pas m'en vouloir, car je n'ai pas fait quelque chose de stupide. Beaucoup de gens m'ont dit que c'était Le Mans."
Il n'empêche que même la Rebellion #1 accusait cinq tours de retard sur la Toyota #8 à l'arrivée. Du côté du constructeur japonais, après des qualifications serrées, on est mystifié par la lenteur (bien relative) des R13.
"Nous avons été assez surpris par Rebellion à deux égards", analyse Pascal Vasselon, directeur technique Toyota. "D'abord, au départ, nous avons été assez surpris par le rythme de Bruno Senna, car en essais libres il n'avait pas l'air super rapide par rapport à ses équipiers. Quand nous avons vu qu'il était capable de faire le meilleur tour en course, nous étions clairement inquiets. Puis, pour une raison qui nous est inconnue, le rythme de la Rebellion a chuté de manière significative. Nous n'avons aucune explication à ça. Est-ce que c'était la dégradation ou le trafic, nous ne savons pas. Nous avons été très surpris qu'ils ne soient pas si rapides."
"C'est très simple", explique Calim Bouhadra. "Nous savons que nous sommes très rapides avec la voiture sur le sec, elle est très compétitive, mais après ce [premier relais] nous avons perdu notre rythme dans le trafic. La Toyota avec le système hybride dépasse et négocie le trafic plus facilement que nous. Pour nous, c'était un cauchemar, car nous savons pouvoir aller bien plus vite dans le trafic."
La course aura en tout cas été pimentée par les multiples injonctions de l'écurie à Gustavo Menezes qui, dans la matinée, était juste derrière la #3 pilotée par Romain Dumas et refusait d'obtempérer aux consignes lui intimant de laisser de la marge et de gérer la mécanique au lieu d'attaquer son coéquipier. "C'était très serré à certains moments, donc nous ne voulions pas être trop loin, afin de pouvoir saisir une opportunité", reconnaît un Vasselon facétieux.
Bouhadra, lui, regrette le comportement de Menezes mais n'est pas rancunier : "Ce n'était pas stressant, c'était juste agaçant que Gustavo n'ait pas écouté nos consignes. Nous savons qu'il est très enthousiaste, mais cette qualité peut parfois être une faiblesse. Il a mis du temps à comprendre la situation, il n'y avait aucune raison d'attaquer à ce moment-là… Nous voulions qu'il économise les freins, nous avions la stratégie pour assurer notre position et il n'y avait pas de raison d'attaquer pour essayer de battre son coéquipier dans la voiture #3, car nous prévoyions de changer les positions pour lui. Il fallait juste qu'il soit patient. Mais quand on est jeune, parfois, la passion n'est pas la meilleure qualité."
Avec Jamie Klein
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