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Steve McQueen, la passion de la course assouvie sur grand écran

Après avoir été près de quitter les plateaux de tournage, c'est par le biais du grand écran que la star assouvit sa passion de la course. Une expérience douloureuse.

Steve McQueen

En 1961, Steve McQueen avait renoncé à une possible carrière de pilote professionnel pour rester dans le monde du cinéma. Une décision qui avait dû être un crève-cœur pour lui, qui déclarait quelques années plus tôt en interview, alors qu'il prenait part à des compétitions de dirt track :

Dans les studios, tout le monde attend après moi. Ils me poudrent le nez et me disent ce qu'ils croient être ce que j'ai envie d'entendre. Et au bout d'un moment, vous êtes convaincu d'être un super humain.”

Mais quand vous courez à moto, le gars sur la moto d'à côté ne prend pas soin de vous. Et s'il vous bat, et bien ça veut dire qu'il est meilleur que vous. Et il n'a pas peur de vous dire que vous êtes un pouilleux.”

Tout en continuant à courir dès qu'il en avait l'occasion, c'est donc par le biais du cinéma que McQueen, devenu star internationale et acteur le mieux payé d'Hollywood, allait tout faire pour exprimer sa passion de la vitesse et de la course. Son projet de film tourné dans le monde de la Formule 1, Day of a Champion, tomba à l'eau quand le réalisateur John Frankenheimer et l'acteur Frank Gardner, son ami auquel il en voulut beaucoup, le prirent de vitesse avec Grand Prix.

Ce n'est pas lui qui réalisa les scènes de cascade ou de poursuites pour lesquelles il est le plus connu aujourd'hui. Mais il participa activement à l'organisation du saut à moto par-dessus des barbelés dans La Grande Évasion. En revanche, il ne voulut, dans un premier temps, pas entendre parler du film Bullitt. Parce qu'il ne voulait pas jouer le rôle d'un “flic”, et parce qu'il était déjà immergé dans son nouveau projet de film sur la course automobile...

Steve était un bon pilote, mais il y a une différence entre être un bon pilote et un bon cascadeur.

Carrie Lofton, cascadeur

Une fois décidé, l'acteur s'impliqua énormément dans Bullitt – notamment dans la fameuse scène de poursuite qui fut tournée en dernier et dans laquelle il voulait cette fois être lui-même au volant. Hélas, ses quatre tentatives se soldèrent par autant d'échecs, puisqu'il se mettait en travers et venait emboutir d'autres voitures. “Sortez-le moi de là,” réagit le cascadeur engagé pour superviser les scènes d'action, Carrie Lofton, qui déclara pas la suite : “Steve était un bon pilote, mais il y a une différence entre être un bon pilote et un bon cascadeur.”

Il fallut quatre jours à l'équipe du film pour se “débarrasser” de l'acteur vedette dans la réalisation de cette scène, non sans avoir usé d'un drôle de stratagème : avec la complicité de sa femme, Neile, l'heure de réveil donnée à McQueen le jour fatidique – six heures du matin – était bien plus tardive que la vraie et quand la star arriva sur les lieux du tournage, la séquence était en boîte...

Direction... Le Mans

McQueen n'avait donc pas renoncé à son grand film sur la course qu'il voulait tellement inégalable que “personne n'en ferait jamais plus,” et jeta son dévolu sur les 24 Heures du Mans. Pensant prendre part lui-même à l'édition 1970 dans le cadre de laquelle serait tourné le film, il participa à des courses de clubs ainsi qu'aux 12 Heures de Sebring avec Peter Revson sur une Porsche 908 3.0-litres. Ils ne s'inclinèrent que de justesse mais lors de la cérémonie d'après-course, le public n'avait d'yeux que pour McQueen et non pour Mario Andretti, pourtant magistral vainqueur...

En raison d'un problème d'assurances notamment, McQueen dut se rendre à l'évidence et ne prit pas le volant dans la Sarthe, supervisant en revanche les prises de vue. La suite est connue et relatée dans le documentaire The Man & Le Mans. Le tournage tournant au cauchemar avec plusieurs accidents, dont un des suites duquel le pilote David Piper fut amputé d'une jambe. Et un autre pour McQueen lui-même au volant d'un onéreux proto, alors qu'il avait loué la piste – également à grands frais – pour tourner des raccords.

John Sturges, avec lequel il avait travaillé sur Les Sept Mercenaires et La Grande Évasion, finit par quitter le navire – lassé d'entendre la star refuser l'histoire d'amour que le réalisateur voulait imposer parallèlement à l'autre histoire, celle de McQueen : la course. Et rien que la course.

Le film fut terminé avec deux mois de retard et un milliard et demi de dollars de dépassement de budget. La critique fut sévère, le Time l'appelant “Petit Prix” en référence à Grand Prix. McQueen en sortit exsangue. Il y avait laissé son mariage, sa société de production et une partie de sa fortune.

Ce fut un vrai bain de sang, ce film,” déclara-t-il des années plus tard, “la chose la plus dangereuse que j'ai jamais faite. Manque de chance, nous n'avions pas de script. Je me suis trompé. On ne peut pas avoir raison tout le temps.”

Pour Steve, la course avait une dignité et il n'était pas sûr qu'être acteur puisse être mis sur le même plan.

Un écrivain ami de Steve McQueen

Pour les passionnés de sport automobile, Le Mans est pourtant considéré comme la référence du genre. Peut-être parce qu'il est à l'image de ce que Steve McQueen voulait qu'il soit. Il y a bien un scénario, mais c'est celui de la course. Et la seule scène un tant soit peu sentimentale est celle où Michael Delaney, le personnage qu'il incarne, explique à une jeune femme, avec laquelle on pourrait deviner le début du commencement d'une romance, qu'arrêter de courir est simplement impossible pour lui...

Pour Steve, la course avait une dignité et il n'était pas sûr qu'être acteur puisse être mis sur le même plan,” déclara après sa mort un écrivain proche de l'acteur qui avait lui-même affirmé, à l'époque des compétitions de dirt track : “La course me permet de garder mon équilibre. Quand je suis sur cette bécane, je me dis à moi-même : voilà où j'ai envie d'être. Voilà ce que je veux faire.”

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