Interview

Jules Danilo veut être rapide ou "passer à autre chose"

Le Français admet son ras-le-bol de devoir apporter un budget conséquent pour s'engager dans des projets qui ne lui permettent pas de briller. Sans guidon en Grand Prix pour la saison prochaine, il évalue avec attention toutes les options d'avenir.

Jules Danilo, SAG Racing Team

Jules Danilo, SAG Racing Team

Gold and Goose / Motorsport Images

Jules Danilo a bouclé sa première saison en Moto2 dans une ambiance lourde, sachant que l'aventure prendrait fin avant l'heure du fait d'une campagne avare en satisfactions. "Toute la saison a été compliquée. C'est vrai que c'était peut-être encore plus dur à la fin, parce que je m'attendais à progresser, mais avec l'équipe ça se passait de plus en plus mal", explique-t-il à Motorsport.com.

Si le pilote français concède avoir "une grande part de responsabilité" dans l'échec de sa saison, le relationnel avec la direction de l'équipe et l'ambiance générale ont fortement pesé. Après des débuts d'emblée assez complexes, la situation s'est dégradée au fil des mois et Danilo a regretté de ne pas évoluer dans des conditions optimales pour sa saison de rookie.

"C'était ma première année en Moto2, je voulais en faire une deuxième", rappelle-t-il, expliquant avoir été miné par toute une série de problèmes en interne, ainsi que des pannes sur sa moto, un ensemble de choses qui a impacté sa performance. "Il y a quatre Grands Prix où soit la moto s'est arrêtée sur la grille, soit des pièces très bêtes ont cassé. Ça n'était pas du tout professionnel, et ça a affecté mes performances et aussi mon avenir dans la catégorie, parce que je me retrouve sans rien, je n'ai rien montré."

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"Plus le temps passait, plus la situation avec l'équipe devenait compliquée", concède-t-il. "Une saison c'est long, on passe beaucoup de temps en dehors de la maison, avec des gens avec qui on ne passe pas beaucoup de temps habituellement, et quand il y a une mauvaise ambiance, c'est compliqué. Là, 19 courses comme ça, c'était très difficile pour moi."

"Les budgets deviennent très importants", poursuit le Français, "et si je voulais continuer [en Moto2 ou Moto3], il fallait aligner énormément d'argent. Or, je n'ai plus envie de faire ça maintenant, en tout cas avec les possibilités que j'avais. Ma mentalité est donc plutôt, si je continue en moto, de chercher un projet dans lequel je crois, avec des gens motivés pour jouer devant."

Sans guidon en Moto2 ou en Moto3, Jules Danilo a également mis de côté l'option MotoE, dont la philosophie même ne le convainc pas, indépendamment du fait qu'un budget conséquent était là aussi requis.

"Le MotoE ça aurait pu m'intéresser, mais encore une fois il fallait apporter des budgets. Quel est l'intérêt ? Cinq courses… C'est peut-être le futur, mais je ne suis pas très convaincu", admet-il. "J'ai l'impression que c'est un peu hypocrite en un sens, parce qu'il faut charger les batteries [avec] le générateur qu'on pose à l'arrière du box… La pollution est toujours là, donc de ce côté-là je ne sais pas si c'est vraiment l'avenir. C'est vrai que [l'électrique] peut rapprocher les courses des villes, comme la Formule E dans Paris ou dans New York – oui, ça je peux comprendre –, mais il fallait apporter des budgets et est-ce que je voulais prendre ce risque-là ?"

"En fait, j'en ai un peu ras-le-bol de payer, de sans arrêt devoir trouver des partenaires pour financer les saisons sans avoir les garanties que ça fonctionne. Et je sais que quand j'ai eu ces garanties, j'ai performé", rappelle le pilote de 23 ans.

Jules Danilo, SAG Racing Team

Être performant ou passer à autre chose

Dès lors qu'il est acté qu'il ne courra pas en Grand Prix la saison prochaine, Jules Danilo se tourne vers l'avenir à la recherche d'un programme qui lui apporte à la fois le plaisir de se battre aux avant-postes et un environnement serein et agréable dans lequel évoluer.

"J'évalue toutes les pistes. Mon téléphone n'a jamais autant sonné que ces derniers jours. C'est positif, ça veut dire que les gens regardent ce que je fais et ce que je veux faire", se félicite-t-il, malgré tout inflexible quant à ses requêtes. "Je ne m'engagerai vraiment dans un projet que si je suis sûr à 100% de ce que je peux y faire et des personnes autour pour performer. C'est mon objectif numéro 1, performer, jouer devant, parce que je sais que j'en suis capable. Je l'ai fait en Moto3. En Moto2, j'ai été rapide sur quelques séances, mais je n'ai pas réussi à montrer ça en course."

"Ça fait depuis 2016 que je ne me bats pas devant. L'an dernier, j'ai fait quelques coups d'éclat, mais ça n'était pas parfait et c'est ce qu'il faut que j'arrive à retrouver. Si je veux continuer en moto, c'est juste pour ça. Ça me fait plaisir de rouler, mais si c'est sans intérêt, je préfère passer à autre chose."

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S'il évoque la possibilité de changer de vie, Jules Danilo le fait en toute connaissance de cause, prêt à mettre de côté ses ambitions en compétition pour suivre un chemin qui pourrait lui apporter plus de satisfactions.

"Les championnats commencent en février-mars, donc à moi d'évaluer le plus rapidement possible les meilleures pistes et de prendre une décision. Mais ma mentalité en ce moment c'est plutôt de trouver quelque chose qui me permette de performer et sinon de passer à autre chose. Ça ne me fait absolument pas peur. Ça, j'en suis vraiment convaincu. Soit je reste pour être rapide, soit je passe à autre chose."

"À moi de choisir ce que j'ai envie de faire. Il ne faut pas que je me précipite. Ça fait cinq ans que je suis en Grand Prix, donc toute ma vie a été consacrée à ça, je me suis entraîné dur. Si je passe vraiment à autre chose, il faut que je prenne un peu de temps pour réfléchir, pour savoir vraiment ce que j'ai envie de faire et partir sur un autre projet", conclut Jules Danilo.

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